Réforme de la justice : "Dans une démocratie, c’est au juge de trancher un différend"

Jérôme Gavaudan critique l'esprit de la réforme de la justice. 1:02
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D.G.
Jérôme Gavaudan, avocat et président de la conférence des bâtonniers, est opposé à la réforme de la justice, présentée vendredi en conseil des ministre. Selon lui, elle va éloigner le "justiciable de son juge". 

"Beaucoup de choses ne vont pas dans cette réforme." Jérôme Gavaudan, président de la conférence des bâtonniers et avocat au barreau de Marseille, est très critique sur la réforme de la justice, présentée vendredi en conseil des ministres. S'il reconnait que le dialogue n’est pas rompu avec la Garde des Sceaux, Nicole Belloubet, il met en garde contre l’esprit de la réforme, qui va selon lui "éloigner le justiciable de son juge", confie-t-il vendredi matin au micro de Pierre de Vilno, dans Europe 1 Bonjour.

Mettre les moyens dans la justice. Pour Jérôme Gavaudan, l’urgence n’était pas à légiférer mais à mettre des moyens dans la justice. "Il n’y a pas péril dans l’institution judiciaire, mais il y a péril dans la mise des moyens", souligne-t-il. "Veut-on maintenir dans une démocratie comme la France l’accès au juge ou souhaite-t-on par des motifs d’économie, éloigner le justiciable du juge ?", s'interroge-t-il.

Modifier l'institution judiciaire. Principal motif d’inquiétude, la suppression des tribunaux d’instance. "Le juge d’instance est reconnu comme étant le juge de proximité, c’est le juge de celui qui n’a pas les moyens, ni intellectuel, ni numérique, ni financier de saisir une juridiction", avance Jérôme Gavaudan, qui met en garde une "volonté profonde de modifier ce qu’est l’institution judiciaire dans sa nature humaine". Jérôme Gavaudan pointe notamment la possibilité, avec la nouvelle réforme, pour un directeur de caisse d’allocations familiales, de trancher des contentieux de fixation de pensions alimentaires. "Dans une démocratie, c’est au juge de trancher un différend", pointe-t-il.

"Désert judiciaire". Avec la réforme, un médiateur pourra désormais être saisi en ligne, avec des sociétés de droit privé, donc payante. "Elles n’ont ni la déontologie ni la formation", souligne-t-il. Jérôme Gavaudan critique également la disparition prochaine des tribunaux dans les territoires et la création de "désert judiciaire".