Qui sont les candidats à la primaire de la gauche ?

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Ils sont sept, six hommes et une femme, à s’aligner à la primaire du Parti socialiste et de ses alliés. Avec, évidemment, pas tous les mêmes chances. 

La liste définitive est connue depuis 13 heures, samedi. Sept candidats, six hommes et une femme, vont pouvoir se lancer dans la course à la primaire à gauche. Le Comité national d'organisation a validé les candidatures de Jean-Luc Bennahmias, Benoît Hamon, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon, Sylvia Pinel, François de Rugy et Manuel Valls. Europe 1 fait le point sur les parcours, les personnalités et les programmes de tous les prétendants à l'investiture.

  • Jean-Luc Bennahmias, le "parti-trotter"
Bennahmias crédit : JOEL SAGET / AFP - 640

© JOEL SAGET / AFP

Il n’y a guère que par l’ordre alphabétique que Jean-Luc Bennahmias peut rêver de la première place à la primaire. Car pour le reste, l’ancien eurodéputé semble promis à l’une des dernières places, voire à un score à la Jean-François Copé (0,3%). D’abord parce qu’il est peu connu du grand public. Ensuite parce qu’il n’est pas vraiment un socialiste pur jus. Car sa carrière politique, Jean-Luc Bennahmias l’a débutée chez les Verts en 1984. En 2007, après la présidentielle, il claque la porte et va faire un tour du côté du MoDem. Mais fâché par la stratégie de son camp lors des municipales à Marseille en 2014, il reprend sa liberté. Il crée alors le très confidentiel Front démocrate, membre de la Belle alliance populaire. C’est en sa qualité de président de son parti qu’il peut se présenter.

Son pedigree : Agé de 62 ans, Jean-Luc Bennahmias a été conseiller régional en Paca entre 2004 et 2009, et eurodéputé entre 2004 et 2014. Il a été successivement membre d’Europe Ecologie-Les Verts, dont il fut le secrétaire national entre  1997 et 2001, puis du MoDem entre 2007 et 2014. A cette date, il crée et préside le Front démocrate, un parti de centre gauche à l’ambition écologique et sociale. C’est sous cette bannière qu’il est candidat.

Ses propositions : Jean-Luc Bennahmias veut mettre l’accent sur l’écologie et le social. Il propose ainsi un revenu universel et prône un nouveau modèle de société basé sur le développement durable. Il se prononce également pour la légalisation du cannabis.

Son slogan : Difficile d’en distinguer un seul. Citons "Moderniser, rajeunir la démocratie française" ou "Vivre ensemble donner du sens à la vie", que l’on trouve sur son site.

  • Benoît Hamon, l’ancien ministre devenu frondeur
Benoît Hamon

© CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Longtemps, Benoît Hamon a été un bon élève du Parti socialiste. Président du MJS, porte-parole du PS, eurodéputé, député puis ministre, sa trajectoire est rectiligne jusqu’en aout 2014. A cette date, alors qu’il est ministre de l’Education, il critique ouvertement la ligne économique du gouvernement, qu'il juge trop libérale, et est remercié, en compagnie d’Arnaud Montebourg. Depuis, il est devenu l’une des figures des frondeurs, qui ont empoisonné la vie du gouvernement depuis 4 ans. Partisan d’une gauche dure, il se veut candidat de la rupture avec le bilan du quinquennat.

Ses propositions : Benoît Hamon se démarque de ses concurrents avec des propositions précises et, parfois, radicales. Il estime ainsi nécessaire de revenir à la semaine de 32 heures sur quatre jours et de mettre en place un revenu universel d'existence équivalent au RSA socle (524 euros) qui serait progressivement relevé jusqu'à au moins 750 euros. L'ancien ministre de l'Éducation veut, comme Arnaud Montebourg, aller vers une VIe République avec un septennat unique, une dose de proportionnelle aux législatives et la prise en compte du vote blanc.

Son pedigree : Premier président du Mouvement des jeunes socialistes en 1993, puis membre de différents cabinets, il remporte son premier mandat électif en 2004 aux élections européennes. Puis pendant quatre ans, il est porte-parole du PS, entre 2008 et 2012. Cette année-là, il remporte l’élection législative dans les Yvelines, mais surtout, il entre au gouvernement, à l’Economie sociale et solidaire. Il est promu à l'Éducation en avril 2014 mais quittera son poste sans avoir fait une seule rentrée scolaire.

Son slogan : "Faire battre le cœur de la France", qui, selon ses propres mots "est bien robuste quand on regarde la France en face sur le terrain".

  • Arnaud Montebourg, le chantre du Made in France
Arnaud Montebourg crédit : GUILLAUME SOUVANT / AFP - 640

© GUILLAUME SOUVANT / AFP

La stratégie d'Arnaud Montebourg est claire : s'imposer, au sein des candidats à la primaire, comme le premier adversaire de Manuel Valls et, avec lui, de la politique menée pendant cinq ans par François Hollande. Certes, l'ancien député de Saône-et-Loire, qui avait aussi été porte-parole de Ségolène Royal en 2007, a fait partie de son gouvernement entre 2012 et 2014, d'abord au Redressement productif, puis à l'Économie. Mais il en est aussi parti avec fracas, lorsque ses désaccords avec la ligne, économique notamment, sont devenus intenables.

Ses propositions : C'est sur l'Europe qu'Arnaud Montebourg se montre le plus virulent, promettant d'aller "casser la vaisselle" à Berlin pour demander une réorientation de la politique d'austérité budgétaire. Le candidat reprend également l'une de ses anciennes propositions, celle d'une VIe République avec un retour au septennat non renouvelable, ainsi qu'une réduction des pouvoirs du président et du nombre de parlementaires. Enfin, pour lutter contre le terrorisme, Arnaud Montebourg mise sur la meilleure intégration des jeunes générations grâce un "service national", civil ou militaire, de six mois.

Son pedigree : C'est le "chevalier blanc" du Parti socialiste, celui qui s'est attaché, lorsqu'il était encore avocat, à dénoncer la corruption et le manque de transparence, l'opposant à l'immunité présidentielle et le chantre de la transparence. Le "Made in France" est son autre cheval de bataille, qu'il a réussi à médiatiser et imposer dans le débat public.

Son slogan : "Le projet France"

  • Vincent Peillon, le candidat surprise
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© ALAIN JOCARD / AFP

C’est l’invité surprise, celui que pas grand monde n’avait vu venir, quelques jours seulement avant qu’il se déclare. Ministre de l’Education entre 2012 et 2014, Vincent Peillon s’était mis en retrait de la politique nationale, assumant mollement son statut d’eurodéputé depuis 2014, préférant ses activités de professeur à l’Université de Neuchâtel et d’écrivain. Mais c’est pour gagner qu’il s’est engagé, jure-t-il. Et non pour torpiller la candidature de Manuel Valls, comme certains le supposent.

Ses propositions : A candidature tardive, programme bien flou. Vincent Peillon veut occuper l’espace entre Manuel Valls et Arnaud Montebourg. Impossible pour lui de se défaire des fondamentaux du PS sur le temps de travail ou sur les fonctionnaires. Il pourrait bien proposer de supprimer le Sénat et le 49.3. Il n’est enfin pas hostile à la dépénalisation, au moins, du cannabis.

Son pedigree : Vincent Peillon est un intellectuel, un vrai. Agrégé et docteur en philosophie, il est aussi un fin connaisseur des arcanes du PS, où il n’est pas réputé pour sa fiabilité. Il a ainsi lâché Arnaud Montebourg, avec qui il avait créé le Nouveau parti socialiste, en 2005, avant de tenter de subtiliser à Ségolène Royal son mouvement. Son manque de soutien pourrait être sa faiblesse.

Son slogan : Inconnu pour l’instant

  • Sylvia Pinel, la benjamine
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Au départ, Sylvia Pinel a annoncé sa candidature à la présidentielle sans passer par la primaire. Mais la candidate du Parti radical de gauche (PRG) est revenue à la raison, consciente du faible score qui lui était promis. D’ailleurs, même à la primaire, l’ancienne ministre du Logement ne devrait pas faire des étincelles. Il y a cinq ans, le président du PRG, Jean-Michel Baylet, avait recueilli 0,64% des voix. Pas sûr qu’elle fasse mieux. Mais cette candidature permettra au moins au plus fidèle allié du Parti socialiste d’exister. Sylvia Pinel a aussi le mérite de féminiser un tant soit peu cette primaire bien masculine.

Ses propositions : Sylvia Pinel a beau être candidate depuis le 26 novembre, elle n’a pas encore fait connaître au grand public ses propositions. Il y a cinq ans, Jean-Michel Baylet s’était fait connaître en proposant la légalisation du cannabis. Depuis, beaucoup se sont ralliés à cette idée.

Son pedigree : Couvée par Jean-Michel Baylet, Sylvia Pinel est parvenue à se faire élire députée en 2007 à seulement 30 ans. Cinq ans plus tard, elle intègre le gouvernement Ayrault à l’Artisanat, puis devient ministre du Logement sous Manuel Valls. Elle démissionne en février 2016 pour devenir première vice-présidente de la région Occitanie. Et pour se consacrer à ses ambitions présidentielles. A 39 ans, elle est la benjamine de la primaire.

Son slogan : Inconnu à ce jour

  • François de Rugy, le quadra écolo
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© MIGUEL MEDINA / AFP

Il est, à 43 ans, le deuxième candidat le plus jeune de la primaire de la gauche. Ce qui ne sera pas un gage de succès, puisque François de Rugy n’a, disons-le sans détours, aucune chance de l’emporter. Sa présence en tant qu’écologiste permet surtout d’ouvrir un tant soit peu la primaire de la Belle alliance populaire. S’il est candidat via cette primaire, c’est qu’il n’est plus membre d’Europe Ecologie-Les Verts, parti auquel il avait adhéré en 1997, mais dont il a claqué la porte en 2015, dénonçant "sa dérive gauchiste". Car François de Rugy a toujours été partisan de la présence des écologistes au sein du gouvernement. Du coup, il a fondé avec quelques camarades le Parti écologiste, dont il est le président. Et le candidat.

Ses propositions : Elles sont axées autour de l’écologie, forcément. Difficile d’en savoir plus, puisque pour l’heure, aucun programme n’est mis en ligne sur son site de campagne. Au Monde, en octobre, il indiquait vouloir viser 100% d’énergies renouvelables en 2050, rendre obligatoire le vote ou encore poursuivre la décentralisation. 

Son pedigree : En 2007, il est élu à 34 ans seulement député de Loire-Atlantique, un poste qu’il occupe toujours aujourd’hui. En mai 2016, il est récompensé de sa fidélité à la majorité en étant nommé vice-président de l’Assemblée nationale.

Son slogan : "L’écologie, c’est de Rugy", ce qui n'est pas sans rappeler le "le renouveau, c'est Bruno" de Bruno Le Maire, pendant la primaire de la droite.

  • Manuel Valls, l’homme à abattre
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© THOMAS SAMSON / AFP

Son statut d’ancien Premier ministre lui colle une étiquette de favori qu’il refuse. Mais surtout, Manuel Valls est celui qui incarne le virage social-libéral du quinquennat, notamment quand il a usé du 49.3 pour faire adopter une loi Travail rejetée jusque dans son camp. Et cela, il risque d’en entendre parler de la part de ses adversaires les plus radicaux. Forcément tributaire du bilan des cinq ans de présidence Hollande, il devra tenter de s’en éloigner. Il jure vouloir rassembler, mais sa personnalité, parfois autoritaire, reste la plus clivante de cette primaire. S’il échouait, il pourrait entamer une traversée du désert.

Ses propositions : Manuel Valls a opéré un franc virage à gauche pour sa campagne. Reprenant et modifiant l'idée du revenu universel garanti, Manuel Valls propose de fusionner toutes les aides sociales existantes pour créer un "revenu décent" d'environ 800 euros mensuels par personne. Il souhaite également augmenter le salaire des enseignants et investir massivement dans l'université. Celui qui a employé l'article 49.3 de la Constitution pour passer sans vote au Parlement deux textes législatifs d'importance, la loi Macron et la loi El Khomri, lorsqu'il était à Matignon, prône, maintenant qu'il n'y est plus, la suppression de cet outil constitutionnel.

Son pedigree : L’homme est un ambitieux, et toute sa carrière politique est tendue vers la fonction suprême. Manuel Valls a patiemment gravi les échelons du PS, en passant d'abord par l'Unef puis en s'implantant dans son fief d'Evry, dont il est devenu maire en 2001. Député de l'Essonne à partir de 2002, il a soutenu Ségolène Royal pour la campagne présidentielle de 2007. Candidat à la primaire en 2011, son ralliement rapide à François Hollande et la proximité de leurs positions lui ont permis de se tailler une place de choix dans le gouvernement de 2012. Nommé ministre de l'Intérieur, il est ensuite passé à Matignon à partir de 2014.  

Son slogan : "Faire gagner tout ce qui nous rassemble", slogan qui pourrait être amené à évoluer au fur et à mesure de sa campagne car il a été jugé souvent trop long.