Présidentielle : objectif 5% pour Anne Hidalgo ?

Anne Hidalgo
À quatre semaines du premier tour de la présidentielle 2022, la candidate PS Anne Hidalgo stagne à 2% dans les sondages. © FRANCOIS LO PRESTI / AFP
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avec AFP
À quatre semaines du premier tour de la présidentielle 2022, la candidate PS Anne Hidalgo stagne à 2% dans les sondages. Un score qui fait relativiser les 6,36% de Benoît Hamon en 2017 , jugés alors catastrophiques. Les troupes de la maire de Paris espèrent donc surtout atteindre les 5% d'intention de vote, seuil de remboursement des frais de campagne.

À un mois de la présidentielle, la candidate PS Anne Hidalgo reste, malgré une multitude de déplacements, dans les bas-fonds des sondages, ce qui démoralise une partie de ses troupes qui espère désormais surtout atteindre les 5% d'intention de vote, seuil de remboursement des frais de campagne.

2% dans les sondages

Alors qu'elle tient vendredi un nouveau meeting à Rennes, où sont attendues un millier de personnes, la candidate socialiste, partie autour de 9% en septembre, stagne désormais autour de 2%, dépassée même par le communiste Fabien Roussel voire Jean Lassalle. Celle qui répète à l'envi qu'elle ira jusqu'au bout, appelait la semaine dernière le PS à "lâcher toutes (ses) forces dans la bataille", assurant que "le moment du doute (était) terminé".

Mais, signe de l'étendue de la sinistrose, le seuil des 5% d'intention de vote est devenu le Graal à atteindre, en dessous des 6,36% de Benoît Hamon en 2017, jugés alors catastrophiques. "L'enjeu c'est d'imposer nos valeurs et d'aller chercher les 5%", avoue à l'AFP un cadre du PS, car "je ne vois pas comment on peut passer de 2-3% à 10%". "La guerre en Ukraine cristallise les choses. Les gens de gauche, qui sont déjà chez Macron, vont rester chez lui", analyse-t-il.

"5% c'est atteignable", assure un autre cadre. "C'est même souhaitable, on ne peut pas donner le signal de l'anéantissement de la gauche sociale". Pour Jean-François Debat, maire PS de Bourg-en-Bresse et membre de l'équipe de campagne de la candidate, "le vrai sondage, c'est le 10 avril. Il y a toujours une part d'électeurs de gauche très indécis. Il faut mobiliser ceux qui n'ont pas l'intention de voter Emmanuel Macron ni Jean-Luc Mélenchon", le candidat insoumis.

577 réunions publiques à travers le pays

Pour cela, le PS va organiser 577 réunions publiques à travers le pays, comme le nombre de circonscriptions. Et les maires socialistes vont adresser un courrier à leurs électeurs pour tenter de les convaincre. "C'est déprimant. C'est notre candidate et il faut se ranger derrière elle, mais j'aimerais qu'elle imprime un peu", avoue à l'AFP Christine, 65 ans, adhérente de Charente. Le sénateur PS Patrick Kanner le reconnaît : "les militants sont un peu déboussolés car ça n'accroche pas" alors qu'Anne Hidalgo déploie depuis des mois les thèmes au cœur des inquiétudes des Français : "pouvoir d'achat, santé, école".

"C'est une situation inédite pour notre camp, à n'avoir jamais été aussi en phase avec les préoccupations, sans avoir la capacité d'imprimer" dans l'électorat, souligne Sébastien Vincini, maire de Cintegabelle et porte-parole de la candidate.

"Elle n'incarne pas"

Inébranlable, Anne Hidalgo continue d'enchaîner les déplacements à un rythme soutenu. Mais certains au sein du PS, critiquent la maire de Paris : "On ne peut pas faire une campagne consensuelle quand on est à son niveau", estime un responsable. "A 18%, vous pouvez être calme, sérieux, vous êtes crédible. À 3% vous êtes chiant pour rien." Anne Hidalgo attaque pourtant, critiquant depuis plusieurs jours Jean-Luc Mélenchon, qu'elle accuse d'avoir "toujours eu des positions de soutien à Vladimir Poutine" et invitant les électeurs à "un vote de conviction" autour de sa candidature "de gauche républicaine et européenne".

D'autres mettent en cause le Parti socialiste qui la "plombe", selon François Rebsamen, maire PS de Dijon qui soutient Emmanuel Macron. "Ça la tire vers le bas, il n'y a pas d'idées, pas de programme, elle n'incarne pas". Pour Paul Dhaille, des Radicaux de gauche, le PS paye d'avoir "hésité entre deux lignes: rejeter ou soutenir le quinquennat Hollande. La ligne de crête 'ni l'un ni l'autre', n'est pas possible".

"Le parti aurait dû réaliser qu'il n'était plus en mesure de proposer une candidature à la présidentielle et trouver les moyens de s'unir avec les écologistes" ou d'autres, a jugé sur Franceinfo Gaspard Gantzer, ex-conseiller de François Hollande. Pour Sébastien Vincini, "ce n'est pas la première fois que le PS est confronté à une déflagration historique". "A l'évidence, il faudra faire différemment, se réinventer. C'est aussi enthousiasmant".