Impôt à la source : "l'année blanche" en 2017 fait enrager la droite

De gauche à droite : François Fillon, Roger Karoutchi et Eric Woerth.
De gauche à droite : François Fillon, Roger Karoutchi et Eric Woerth. © JACQUES DEMARTHON / AFP
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Pour nombre de ténors de l'opposition, la retenue à la source de l'impôt sur le revenu en 2018 est une manœuvre politique du gouvernement.

Les ministres des Finances et du Budget ont présenté mercredi la feuille de route devant mener à la retenue à la source de l'impôt sur le revenu à partir de 2018. Mais beaucoup de questions pratiques restent en suspens, dont celle d'une "année blanche" fiscale. Christian Eckert, secrétaire d’Etat au Budget, a ainsi évoqué mercredi sur Europe 1 "un cadeau pour les revenus des salariés". Sauf que l'hypothèse de la non-imposition des revenus salariaux de 2017 est assimilée, par Les Républicains, à un coup politique à quelques encablures de l'élection présidentielle.

"Favorable" sur le principe, mais… Sur le principe, pourtant, peu de monde à droite ne contredit l'idée de base du gouvernement. "C'est une vieille idée giscardienne de 1974. Je suis favorable à cette idée", a ainsi déclaré Jean-Pierre Raffarin sur BFMTV. Dans une interview accordée aux Échos le 26 mai, Nathalie Kosciusko-Morizet s'était également déclarée "favorable" à cette réforme. C'est surtout le calendrier qui fait tiquer les responsables de l'opposition. La proximité de l'élection présidentielle n'a échappé à personne. Ainsi Jean-Pierre Raffarin précise-t-il ensuite que "la proposition de Sapin pour 2018, ça sent un peu la combine».

Roger Karoutchi, vice-président de la Commission nationale d'investiture des Républicains, est plus image, mais l'idée est la même :

"Hollande est plus politicien que fiscaliste". Eric Woerth – qui se disait "plutôt favorable" au prélèvement de l'impôt à la source sur Europe 1 le 8 juin dernier – connait la question fiscale sur le bout des doigts, lui l'ancien ministre du Budget. Et comme ses collègues, il dénonce une réforme à visée électoraliste : "il ne faut pas confondre les intérêts politiques pour 2017 et une réforme budgétaire", a-t-il dénoncé  sur LCP, ajoutant que François Hollande était "plus politicien que fiscaliste".

"Une blague" et une "une tromperie". Dans un entretien à paraître jeudi dans Valeurs actuelles, François Fillon est sur la même ligne qu'Eric Woerth, évoquant "un rideau de fumée" destiné à détourner l'attention. François Bayrou - qui, quoiqu'il en dise, garde un œil rivé sur la présidentielle de 2017 – est plus virulent encore, dénonçant  "une blague" et une "une tromperie" du gouvernement. Pour le leader du MoDem, "toute annonce qui tend à faire croire qu'on va faire des cadeaux est un leurre".