Pourquoi les affaires glissent-elles sur Marine Le Pen ?

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Antonin André, chef du service politique d'Europe 1 , modifié à
Les affaires rattrapent certains candidats à la présidentielle. Après François Fillon, c’est Marine le Pen dont la cheffe de cabinet a été mise en examen. Ce qui n'empêche pas la présidente du FN continue de progresser dans les sondages.

Est-ce par indulgence, par habitude ou par nature ? Les Français n’attendent pas de leurs hommes politiques qu’ils soient honnêtes. Rappelez-vous les frais de bouche de la Mairie de Paris, les billets d’avions payés en liquide de Jacques Chirac guignolisé en Super Menteur en 2001 et réélu l’année suivante. Rien n’a changé.

L'argument du complot politique. François Fillon s’est-il effondré dans les sondages après trois semaines de feuilleton sur l’emploi présumé fictif de son épouse, et les missions surpayées de ses enfants ? Non. Il a perdu 3 ou 4 points et sa côte est déjà remontée. Les Français considèrent comme acquis que leurs dirigeants sont malhonnêtes et corrompus. Concernant Marine le Pen, elle bénéficie de la relative complexité de l’affaire qui la rattrape : la rémunération d’une collaboratrice jugée illégitime par le Parlement européen. La fille de Jean-Marie le Pen joue habilement de la victimisation, du complot politique : l’institution de Bruxelles s’en prendrait à l’une de ses plus virulentes opposantes.

L'immunité de Marine Le Pen. Le FN est également mis en examen pour recel d’abus de bien sociaux et complicité d’escroquerie, mais ça n’atteint pas sa présidente, quand François Fillon peine tout de même à relancer sa campagne. Il y a une spécificité Marine le Pen. Elle n’a jamais exercé le pouvoir. Cela vaut immunité, c’est ce qui la protège. Nicolas Sarkozy a déçu, François Hollande aussi, il faut essayer Marine le Pen, voilà ce que se dit une partie de plus en plus importante de l’électorat. Les dossiers judiciaires qui éclatent en pleine campagne sont interprétés comme des tentatives du système de l’entraver, de l’empêcher.

Un bouclier puissant. Marine Le Pen en fait un argument politique et cela fonctionne d’autant mieux qu’elle est la candidate qui bénéficie du plus fort taux d’adhésion. 80% des sondés qui lui sont favorables sont certains de voter pour elle, ils ne changeront pas de candidat. Quel que soient les dossiers et les mises en examen. C’est un bouclier puissant qui peut tenir et la protéger, même si le feuilleton judiciaire se prolonge.