Marine Le Pen s'est distingué pour la première fois d'Eric Zemmour sur Europe 1. 2:20
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Louis de Raguenel , modifié à
Invitée mardi de la matinale d'Europe 1, Marine Le Pen a, pour la première fois, pris des distances claires avec Eric Zemmour. Pour notre éditorialiste Louis de Raguenel, le polémiste, pas totalement déclaré dans la course à la présidentielle, reste "le caillou dans la chaussure" de la candidate soutenue par le Rassemblement national.
ANALYSE

La course à la présidentielle est pleinement lancée. Et le suspens est partout, y compris à la droite de la droite. Invitée mardi de la matinale d'Europe 1, Marine Le Pen a cherché à se poser en candidate de la sécurité, mais aussi de la liberté et du droit des femmes. Aussi, et surtout, elle a tenté de démontrer qu'elle était plus apte à gouverner que celui qui apparait de plus en plus comme son concurrent le plus direct : Eric Zemmour. Comme l'analyse notre éditorialiste Louis de Raguenel, chef du service politique d'Europe 1, c'est la première fois qu'elle prend aussi clairement ses distances avec lui. 

Quand Eric Zemmour choque Marine Le Pen

"Marine Le Pen a clairement voulu rassembler, rassurer et essayer de montrer qu'elle est crédible. Elle a beaucoup parlé de la faisabilité concrète, opérationnelle, de son programme. Elle a cherché à dire : 'Je ne suis pas une candidature de témoignage'. D'autant que plane l'ombre d'Eric Zemmour. On voit qu'elle essaye d'avoir un ton posé, assez clair, pour la forme. Pour ce qui est du fond, elle est revenue sur les thèmes un peu classiques, traditionnels, sur la sécurité, l'immigration. Elle tape encore très fort sur Emmanuel Macron, en expliquant qu'il est quasiment le défenseur des voyous alors qu'elle défend les policiers. Donc, elle veut vraiment installer le match avec Emmanuel Macron sur ce sujet là.

Mais Eric Zemmour reste le caillou dans la chaussure de Marine Le Pen. Ce dernier tient des propos extrêmement durs, dans lesquels, en substance, il dit d'elle qu'elle est 'nulle', qu'elle ne peut pas gagner l'an prochain. Que voter pour elle, c'est voter Macron. En réponse, Marine Le Pen l'invite à débattre. En tout cas elle dit qu'elle est prête à débattre dès lors qu'Eric Zemmour aura ses 500 parrainages, donc lorsqu'il sera en capacité de se présenter à l'élection.

Mais ce qui est intéressant, c'est que c'est la première fois, ici au micro d'Europe 1, qu'elle se distingue d'Éric Zemmour sur des questions de fond. Elle dit même qu'elle peut être "choquée" (ce sont ses mots) par certains propos d'Eric Zemmour, ou sur des concepts que développe beaucoup Eric Zemmour, notamment sur la crainte d'une guerre civile. Marine Le Pen dit clairement :'Je ne crois pas que la guerre civile soit inéluctable'. Donc vraiment, pour la première fois, elle crée des digues entre Eric Zemmour et elle. On verra, à la fin, à qui cela profite.

Avec cette idée de débat avec Eric Zemmour, Marine Le Pen a tout à perdre

Tout l’enjeu pour Marine Le Pen est de montrer qu’elle n’a pas peur du journaliste quasi-candidat, en essayant de prouver qu’il la dépasse sur sa droite pour également le priver des voix qu’il cherche à récupérer chez les Républicains.

Aussi, Marine Le Pen cherche absolument à éviter à tout prix un système de primaires (de la droite de la droite) qui ne dirait pas son nom. Pour plusieurs raisons. La première, c'est que pour elle, elle est partie il y a un an à l'élection présidentielle. Elle s'est déclarée très tôt et donc elle est la candidate, l'unique, la légitime du Rassemblement national, de sa formation politique. Et effectivement, de l'autre côté, Eric Zemmour, qui est assez sûr de lui, n'a qu'une envie, c'est d'un débat qui permettrait de les départager illico. Il en est convaincu.

Eric Zemmour est sûr de lui. Il a des mots très cruels. Il considère même qu'elle est nulle. C'est quand même des mots assez violents. Donc il veut installer le doute au sein des électeurs qui pourraient être tentés de voter pour Marine Le Pen. Il a pour objectif de montrer que lui, pour le coup, a beaucoup plus de capacités pour battre Emmanuel Macron. Avec cette idée de débat, Marine Le Pen a tout à perdre."