Dupond-Moretti Darmanin 2:36
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Louis de Raguenel, édité par Guilhem Dedoyard , modifié à
Face à la colère suscitée par la mort d'un policier à Avignon, quinze jour après l'attaque de Rambouillet, le gouvernement veut afficher sa fermeté en matière de sécurité. L'objectif du gouvernement est de ne pas trop prêter le flan aux critiques qui pourraient émaner de la droite, à un an de l'élection présidentielle.
ANALYSE

Alors que l'homme qui a abattu Eric M. à Avignon est toujours en fuite, la mort de ce brigadier, après celle d'une fonctionnaire de police à Rambouillet il y a deux semaines, a provoqué émoi et colère dans les rangs des forces de l'ordre. Les syndicats ont appelé à une marche citoyenne le 19 mai à Paris et ont suspendu leur participation au Beauvau de la sécurité. De son côté, le ministre de l'Intérieur a affiché un discours de fermeté, afin de ne pas laisser trop d'espace pour les critiques de l'opposition, notamment venues de la droite.

"Les résultats sont là" selon Darmanin

La priorité pour le gouvernement est d’abord d’essayer de montrer que sa politique apporte des réponses concrètes à l’insécurité et au malaise inégalé dans la police. "Le président de la République nous a demandé d'être extrêmement fermes. Les résultats sont là", a estimé Gérald Darmanin en déplacement dans les Alpes de Haute-Provence, vendredi.

Un message très compliqué à faire passer, alors que ces faits divers se multiplient. "L'hyper-présence des policiers et des gendarmes crée une instabilité chez les trafiquants, ils y répondent. Et je crois que le drame d'Avignon est une de ces réponses, que les trafiquants ne gagneront pas et que les policiers et les gendarmes qui sont en deuil auront les moyens de continuer à lutter contre ce trafic", a ajouté le ministre. "Le trafic de stupéfiants est vraiment la mère des batailles contre la délinquance. C'est celle qui provoque des cambriolages, des agressions sur la voie publique, des morts sur la route."

Darmanin, Dupond-Moretti et Castex en première ligne

Avant son déplacement, Gérald Darmanin a donné une interview dans le même ton au journal Le Figaro. Éric Dupond Moretti, le garde des Sceaux, multiplie lui aussi les déclarations martiales dans la presse. L’enjeu est tellement important que le Premier ministre Jean Castex, réagit désormais systématiquement dès que les forces de l’ordre sont attaquées.

L'objectif est d'éviter que la droite prenne trop de place dans le débat public, pour attaquer le gouvernement. Celui-ci a bien compris que la question de l’insécurité et de l’ultra-violence pourrait être perçue comme un talon d’Achille. À la suite du drame d'Avignon, l'opposition de droite demande en effet un durcissement des peines et la pression se fait plus lourde sur le gouvernement.

Xavier Bertrand a ainsi tiré à boulets rouges sur Emmanuel Macron, notamment sur l’insécurité et "l’immigration incontrôlée". "Une charge qui a laissé des traces", selon l’aveu d’un conseiller de l’exécutif, qui reconnait que la séquence est très mauvaise. Le Président avait déclaré au Figaro le 18 avril dernier : "Je me bats pour le droit à la vie paisible." Une phrase qui, aujourd’hui, pourrait lui faire très mal politiquement.