La maire de Poitiers a défendu "une question de priorisation". 1:31
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Antoine Terrel avec Caroline Baudry et AFP
Pour défendre une baisse des subventions à des aéroclubs locaux, la maire écologiste de Poitiers avait évoqué l'idée que "l'aérien ne doit plus faire partie des rêves d'enfants". Des propos qui ont suscité de vives réaction dans le monde politique. Léonore Moncond'huy, elle, met en avant "une question de priorisation". 

La polémique a agité la sphère politique durant tout le week-end. Lors d'un conseil municipal du 29 mars, un "rééquilibrage" de subventions aux associations sportives a été voté par la ville de Poitiers, ainsi que la baisse des subventions accordées à deux aéroclubs locaux. Durant la séance, la maire écologiste, qui invoquait l'urgence climatique, avait notamment déclaré : "L'aérien, c'est triste, mais ne doit plus faire partie des rêves d'enfants aujourd'hui". Face à l'ampleur de la controverse, l'élue s'est justifiée samedi défendant une "question de priorisation "

Qu'a réellement décidé le conseil municipal ?

Le conseil municipal a voté un "rééquilibrage" de subventions aux associations sportives, au profit de certaines en grande difficulté en raison de la pandémie de coronavirus, et a donc notamment voté la baisse de subventions à deux aéroclubs de Poitiers.

Lors du débat, la majorité municipale a rappelé que la survie des associations en question n'est "pas menacée" par la baisse des subventions. Mais Léonore Moncond'huy a assuré "assumer" le fait que "l'argent public ne doit plus financer les sports fondés sur la consommation de ressources épuisables". 

"La question de l'urgence climatique implique de revoir l'ensemble de notre logiciel", a-t-elle déclaré. Tout en se défendant de "position dogmatique", elle a estimé que "l'aérien, c'est triste, mais ne doit plus faire partie des rêves d'enfants aujourd'hui". 

La maire défend une "priorisation" 

Alors que cette décision a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux, samedi, Léonore Moncond'huy a pris la parole dans une vidéo publiée sur Twitter pour répondre aux attaques. "Cette décision, nous avons dû la prendre pour les aéroclubs mais aussi pour d'autres associations parce que nous devions absolument dégager des fonds", explique-t-elle. "Cette décision est aussi en cohérence avec le projet écologique global que nous portons. C'est une question de priorisation, une question de sobriété", dit-elle encore. 

La colère du président d'un des aéroclubs

Pour Jean-Marie Arnault, président de l'Aéroclub du Poitou, dont l'enveloppe annuelle de 8.000 euros sera réduite de moitié en 2021, puis supprimée en 2022, la décision de la ville est injuste. "La France a toujours été le berceau de l'aviation", rappelle-t-il au micro d'Europe 1. "C'est un peu vouloir punir tous ces gamins qui ne rêvent que de voler, et il y en a beaucoup", regrette-t-il encore. 

Reste à savoir si les justifications de l'élue écologiste suffiront à calmer la polémique. Depuis vendredi, la décision de Léonore Moncond'huy a en tout cas été attaquée par une large partie du personnel politique. Vendredi, le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari, ancien pilote, a dénoncé des "élucubrations autoritaires et moribondes", tandis le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a qualifié dimanche de "totalement stupides" les propos de la maire. 

"En quelques mois, on pourrait faire un best of de toutes les décisions sectaires des maires Europe Ecologie Les Verts", a quant à elle raillé la ministre déléguée à la citoyenneté Marlène Schiappa, invitée du Grand rendez-vous Europe 1/Les Echos/CNews

Marine Le Pen, présidente du RN, a pointé "le vrai visage de ces 'verts' qui n’ont rien d’écologiste" mais selon elle veulent "interdire, punir, faire payer, freiner l’innovation, détruire les filières d’excellence industrielle comme le nucléaire et l’aéronautique, s’en prendre aux rêves des enfants".

La maire de Poitiers a toutefois pu compter sur le soutien d'autres élus comme celui du maire EELV de Grenoble Eric Piolle. "Léonore Moncond'huy dit vrai, a-t-il tweeté. Traverser la France ou la planète en #avion chaque week-end c'est le rêve de nos parents, moins de nos enfants. Face aux bouleversements du monde, accompagnons la transition de notre industrie aéronautique, comme la @Conv_Citoyenne le demande".