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Nathalie Chevance, édité par Ugo Pascolo avec AFP
Deux rapports de la chambre régionale des comptes ont enflammé le conseil municipal marseillais ce lundi. Les magistrats étrillent la gestion de la ville du maire iconique de Marseille. De son côté, l'opposition en profite pour sonner la charge, à quatre mois des élections municipales.
REPORTAGE

Rapport sur une "ville à la dérive" contre "pamphlet injuste" : le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin a fustigé lundi le "mauvais travail" des magistrats financiers qui étrillent sa gestion, et fournissent des arguments à ceux qui espèrent faire basculer ce bastion Les Républicains (LR) aux municipales.

Un rapport difficile pour la majorité

Deux rapports de la chambre régionale des comptes (CRC) ont été présentés officiellement au conseil municipal lundi : ils accablent l'équipe sortante, de ses pratiques immobilières douteuses à la situation financière "préoccupante" de la ville, en passant par une gestion du personnel parfois illégale. "Je sais que je n'ai pas tout bien fait, je sais qu'il y a beaucoup de choses à faire, mais j'y ai mis tout mon cœur et tout mon temps", s'est défendu Jean-Claude Gaudin, 80 ans, pour qui ce "réquisitoire, voire (ce) pamphlet" est "le plus stigmatisant, imparfait, injuste et infondé" qu'il ait reçu depuis son arrivée dans le fauteuil de maire en 1995.

S'il "prend acte d'une partie constructive et utile" de ces rapports, Jean-Claude Gaudin en "conteste une part importante, marquée par des manquements à la déontologie, (un) manque d'équilibre et d'équité". Sur les points précis relevés par les magistrats, des immeubles revendus à perte aux écoles délabrées, les adjoints au maire se sont relayés pendant plusieurs heures lundi matin pour tenter de répondre aux observations.

"Où est passée l'argent monsieur le maire ?"

Le maire, lui, a également sonné la charge politique, dénonçant "un contrôle hors sol avec des œillères et des boules Quies pour (…) ne pas entendre les succès" de la municipalité. Il a promis de "saisir le premier président de la Cour des comptes", estimant que le gendarme des finances locales avait bafoué "la déontologie". Il s'agira de faire corriger "tout ce qui est inexact, déformé, oublié ou diffamant". Le maire estime notamment qu'en deux ans d'investigations, les magistrats n'ont pas pris en compte les réponses de la ville.

De son côté, l'opposition a été virulente lors du conseil municipal, ce lundi matin : "Où est passée l'argent monsieur le maire ?", a invectivé l'élu Rassemblement national (RN) du septième secteur de la ville. "L'avez-vous utilisé pour financer vos projets aussi coûteux qu'inutiles ? Où est passé l'argent des Marseillais ? Il n'a pas été investi non plus dans les écoles, ni dans les infrastructures routières, ni dans la qualité de l'air, alors où est passé l'argent ?", a-t-il encore demandé au maire sortant.  

" C'est un système qui préfère flatter les soutiens plutôt que de répondre aux besoins "

Ces rapports tombent à pic aussi pour la gauche, qui accuse la municipalité de piller la ville : "La maladie [de Marseille], c'est votre système politique qui fait de l'électoralisme l'alpha et l'oméga de toutes vos décisions", a taclé Benoît Payan (Parti socialiste). "C'est un système qui préfère flatter les soutiens plutôt que de répondre aux besoins, qui rénove les écoles que parce que les parents votent bien, pas parce que les petits ont froid." Ces rapports semblent donner le coup d'envoi d'une campagne municipale qui s'annonce brûlante.