Malaise des forces de l'ordre : "le risque est celui d'une explosion sociale"

François Grosdidier, sénateur (LR) de la Moselle et rapporteur de la commission d'enquête sénatoriale sur "l'état de la sécurité intérieure".
François Grosdidier, sénateur (LR) de la Moselle et rapporteur de la commission d'enquête sénatoriale sur "l'état de la sécurité intérieure". © AFP
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Ophélie Gobinet , modifié à
François Grosdidier, sénateur (LR) et rapporteur de la commission d'enquête sénatoriale sur "l'état de la sécurité intérieure", décrit au micro d'Europe 1 un système au bord de l'asphyxie.
INTERVIEW

Voitures anciennes voire dangereuses, locaux parfois indignes et vétustes, malaise professionnel : les conclusions du rapport de la commission d'enquête sénatoriale sur "l'état de la sécurité intérieure" dressent un constat des forces de l'ordre alarmant. Rapporteur de la commission d'enquête, le sénateur (LR) de la Moselle François Grosdidier décrit au micro d'Europe 1 un système au bord de la rupture et des policiers et gendarmes proches de l'asphyxie. Il rappelle également que des solutions ont été identifiées.

"Le malaise est très général, il est profond et s'exprime au quotidien", pose le sénateur de Moselle et ancien maire de Woippy. Pendant six mois, le rapporteur de la commission d'enquête sénatoriale s'est immergé dans le malaise des forces de l'ordre. "Il s'exprime par un taux de suicide plus élevé que dans la moyenne de la population (de 36% supérieur à la moyenne nationale, ndlr), alors même que depuis plusieurs années police et gendarmerie ont mis en place des systèmes de prévention des risques psycho-sociaux et du suicide", rappelle-t-il.

François Grosdidier évoque aussi les manifestations, à la fin de l'année dernière, où les policiers avaient laissé éclaté leur colère. Il cite également les 2.000 officiers de police judiciaire qui ont rendu leur habilitation en 2017. "Alors que la police judiciaire était la noblesse de la police il y a encore quelques décennies", soupire-t-il.

"La République a besoin de ses forces de sécurité intérieure". Avec l'accumulation de ces facteurs, le sénateur pointe le risque d'une "véritable explosion sociale", ou d'une "véritable implosion où le policier ne sortira plus du véhicule pour poursuivre un délinquant". À terme, le risque pour la sécurité intérieure serait "énorme".

"La République a besoin de ses forces de sécurité intérieure", martèle François Grosdidier. "On a plus que jamais besoin de nos forces de sécurité intérieures et elles sont maltraitées parce-qu’elles n’ont pas les moyens de travailler, parce-qu’elles ne sont pas reconnues, parce-que, très souvent, elles ont l’impression de travailler pour rien".

"Aucun problème n'est insurmontable". Le rapport de la commission d'enquête sénatoriale, dont François Grosdidier évoque les grandes lignes, comporte 32 propositions. "On a identifié tous les problèmes, aucun n'est insurmontable". Selon lui, il faut avant tout mettre l'accent sur des solutions budgétaires, "qui sont à portée de budget de l'État". Il énumère les flottes de voitures anciennes : "certains véhicules ont huit ans de moyenne d'âge pour la gendarmerie, presque sept pour la police".

"Macron n'a rien fait pour l'instant", déplore le sénateur. "On devait acheter 3.000 véhicules, et 1.300 ont été annulés", poursuit-il. "On accélère la mise en place des tablettes et des iPhone c’est une bonne chose mais dans le même temps, on s’est complètement plantés sur l’équipement des caméras piétons individuelles qui sont indispensables", regrette François Grosdidier, qui appelle à remettre le policier sur le terrain en allégeant les contraintes de la procédure pénale.