Loi Elan : "On est face à une véritable contradiction" entre la volonté de construire et la protection des paysages

Justine Orier 1280 2:45
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Romain David , modifié à
Pour Justine Orier, avocate, spécialiste de l’Environnement, le texte examiné à partir de mercredi à l'Assemblée nationale permet de remettre en cause certaines zones sanctuarisées du littoral français.
INTERVIEW

Le projet de loi Elan, pour l'évolution du logement et l'aménagement numérique, est examiné à partir de mercredi par les députés. Mais un point inquiète particulièrement les défenseurs de l'environnement, celui qui concerne la loi littoral. Les députés de la majorité ont introduit un amendement pour permettre, au cas par cas, le comblement de ce que l'on appelle les "dents creuses", ces parcelles vides qui maintiennent les communes côtières à l'abri des promoteurs immobiliers.

Construire et protéger. "On était dans une situation où on ne pouvait pas construire dans des zones creuses, puisque l'on est proche du littoral. Ces zones étaient sanctuarisées. Avec ce projet de texte, on va pouvoir construire dans ces zones, toutefois si les élus locaux le décident," décrypte au micro d'Europe 1 Justine Orier, avocate, spécialiste de l’environnement. "On est face à une véritable contradiction où l'on souhaite construire, et, en même temps, on doit protéger les paysages et la biodiversité", pointe-t-elle.

Relancer certains territoires. "La priorité du gouvernement, visiblement, c'est de permettre le développement du logement, et le développement du logement veut nécessairement dire de regagner une urbanisation qui, depuis des années, est affichée comme devant être maîtrisée", indique cette spécialiste. "Le fait de redescendre la décision de la loi vers les élus locaux va permettre d'adapter aux contraintes locales les impératifs de construction", nuance-t-elle, alors que le développement de certains territoires, notamment insulaires, est fortement bloqué par la législation actuelle.

Un risque de dérive. Toutefois, le nouveau dispositif ne prévoit rien contre une éventuelle pression des promoteurs immobiliers sur les élus locaux, au détriment de l'environnement et de la préservation du littoral. "Les dérives électoralistes ne pourront pas être entièrement maîtrisées, c'est ce qui est craint aujourd'hui", alerte Justine Orier.