Emmanuel Macron 1:29
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Alexis Patri
Dans son livre "Président cambrioleur", la journaliste Corinne Lhaïk dresse un portrait d'Emmanuel Macron nourri de nombreux entretiens avec ses proches et lui-même. Dans "Ça fait du bien", elle raconte comment son annonce atypique du Plan hôpital depuis Mulhouse en mars 2020 démontre quelque chose qui l'a surprise chez lui : sa difficulté à faire changer les choses.

Dans son travail préparatoire à l'écriture de son livre Président cambrioleur, la journaliste Corinne Lhaïk a fait de nombreuses découvertes sur la personnalité du président Emmanuel Macron. Et l'une d'elles est cristallisée dans un évènement : la visite présidentielle à l'hôpital de Mulhouse en mars 2020, en pleine première vague du Covid-19. La journaliste explique dans l'émission Ça fait du bien en quoi cet épisode est, selon elle, caractéristique de "l'incapacité d'Emmanuel Macron à réformer l'administration".

Lors de cette visite, Emmanuel Macron rencontre une infirmière et une agente d'accueil du service des urgences de l'hôpital de Mulhouse. "Il est tellement ému par ce qu'elles lui disent qu'il se met à pleurer", dévoile la journaliste. Après cela, le président fait une allocution à 20 heures et annonce le plan hôpital. 

Blocage administratif

Mais il le fait de manière tellement précise que cela intrigue Corinne Lhaïk, qui le questionne sur le sujet lors d'une interview organisée pour la rédaction de son livre. "Il m'a dit qu'il avait été aussi détaillé parce qu'il redoutait que le système administratif derrière se mette en position de ne pas faire les choses ou de les atténuer", explique-t-elle.

La journaliste est la première surprise par cette explication. "C'est quand même extraordinaire que quelqu'un qui est président de la République éprouve le besoin de mettre le pied dans la porte face à l'administration", s'étonne-t-elle. 

Pour la journaliste, cette difficulté face au système administratif a été l'une des "vraies découvertes" de son enquête. "On pouvait penser qu'il allait y arriver parce qu'il partait d'un autre endroit que les autres présidents et qu'il avait réfléchi au sujet", observe-t-elle.

"Il croit que la parole est autoréalisatrice"

La journaliste a beau décrire Emmanuel Macron en des termes élogieux ("quelqu'un qui a une tête bien faite et bien pleine", "qui connaît parfaitement le fonctionnement de l'Etat", "qui n'est pas prisonnier de la technocratie", "intuitif", "avec une certaine audace"), le constat est là : "Une fois au pouvoir, il n'arrive pas à réformer l'administration" résume-t-elle.

La journaliste pointe aussi l'une des faiblesses du président, qui pourrait participer à expliquer cette difficulté à réformer. "Emmanuel Macron croit que la parole est autoréalisatrice", estime-t-elle. "Qu'il suffit de parler, de dire les choses pour qu'elles se fassent. Il découvre, chemin faisant, que ce n'est pas le cas."