Le poste de ministre de l'Écologie est-il maudit ?

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Virginie Riva, édité par Anaïs Huet , modifié à
En vingt ans, pas moins de treize hommes et femmes se sont succédé au poste de ministre de l'Écologie. Nicolas Hulot, le dernier en date, aura tenu un an, trois mois et onze jours avant de claquer la porte.
ON DÉCRYPTE

Y a-t-il une impossibilité à changer les choses lorsque l'on est ministre de l'Environnement ? C'est l'une des nombreuses questions qui se posent au lendemain de la démission fracassante de Nicolas Hulot.

Ce poste détient même le record du "turn-over", avec un roulement de treize ministres en vingt ans. Avant Nicolas Hulot, d'autres ministres ont claqué la porte, comme Nicole Bricq, en poste de mai à juin 2012 au sein du premier gouvernement de Jean-Marc Ayrault, ou de Delphine Batho, à l'Ecologie de juin 2012 à juillet 2013.  

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Les poids des lobbies. Ministre de l'Environnement de 1995 à 1997, Corinne Lepage raconte au micro d'Europe 1 avoir elle aussi mis sa démission en jeu auprès de son Premier ministre, Alain Juppé. Elle entendait ainsi s'opposer à la réouverture d'une centrale nucléaire. Selon elle, détenir ce portefeuille ministériel signifie se battre quotidiennement contre les lobbies. "Pour moi, les deux bras de fer qui ont été les plus lourds, c'est le nucléaire et le monde rural. Vous avez bien entendu le poids des intérêts économiques, le poids de l'industrie chimique, le poids de l'industrie agroalimentaire… Puis vous avez le poids de lobbies plus électoraux : la FNSEA et les chasseurs", égrène-t-elle, dépitée.

Pour justifier sa démission, mardi matin, Nicolas Hulot a lui-même évoqué ces lobbies, en visant nommément Thierry Coste, conseiller politique de la Fédération nationale de la chasse.

Les 5 couleuvres que Nicolas Hulot a dû avaler

"Faire de la politique, être le plus fort". Mais alors, existe-t-il un antidote pour conjurer le sort, et peser en tant que ministre de l'Environnement ? Brice Lalonde, qui fut ministre de l'Ecologie sous François Mitterrand, a une réponse qui, visiblement, ne le satisfait pas lui-même. "La règle du jeu de la politique, c'est de faire de la politique, et pas du tout d'avoir raison. C'est d'être le plus fort. Hélas ! Hulot a mille fois raison", déplore-t-il au micro d'Europe 1. Selon lui, un homme est parvenu à remplir ce cahier des charges : Jean-Louis Borloo, entre 2007 et 2010, ce ministre ultra puissant qui a réussi le Grenelle de l'Environnement.