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Romain David , modifié à
Alors que le "grand débat national" touche à sa fin, les invités de Wendy Bouchard, dans Le Tour de la question sur Europe 1, analysent les effets de cet exercice inédit sur la cote de popularité du chef de l'Etat.
LE TOUR DE LA QUESTION

Alors que le "grand débat national" entre dans sa dernière ligne droite, la cote de popularité d'Emmanuel Macron reste basse. Le président de La République n'enregistre que 31% d'opinions favorables auprès des Français dans le baromètre Elabe du mois de mars. Un chiffre qui marque toutefois une hausse de huit points en trois mois, pour retrouver son niveau d'avant la crise déclenchée par la grogne des "gilets jaunes". À titre de comparaison, la cote de popularité de François Hollande, à la même période de son quinquennat, ne dépassait pas les 25%.

Devant ces chiffres, Bernard Sananès, président de l’Institut Elabe, et invité lundi de Wendy Bouchard dans Le tour de la question sur Europe 1 estime que le chef de l'Etat a su "saisir l'opportunité du grand débat pour enregistrer une petite correction d'image dans l'opinion". Pour rappel, en décembre dernier, la cote de popularité d'Emmanuel Macron affichait son niveau le plus bas dans le baromètre Elabe : seuls 23% des sondés accordaient alors leur confiance au président de la République pour répondre aux problèmes du pays. "Le chiffre de ceux qui n'avaient pas du tout confiance a dépassé un sur deux en décembre. C'est énorme". Pour notre sondeur, "le débat a servi à décrisper", Emmanuel Macron se pliant à un exercice qui lui avait particulièrement bien réussi durant la campagne présidentielle.

 

>> De 9h à 11h, c'est le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l'émission ici

Reconstruire un lien de proximité

Durant ces deux mois d'échanges avec les Français, Emmanuel Macron a ainsi pu donner l'impression à un électorat déçu par la première année du quinquennat de revêtir le costume de challenger déjà endossé en 2017. "Il y a un plus fort soutien de son camp qui avait douté en janvier, qui se demandait si le chef était toujours là. Maintenant, on voit que ça remonte chez ceux qui avaient voté pour Emmanuel Macron au premier tour", constate Bernard Sananès.

Mi-janvier, les sept heures d'échanges d'Emmanuel Macron avec un parterre de 600 maires, à Grand Bourgtheroulde dans l'Eure, ont été largement commentées, avant qu'il ne renouvelle l'exercice quelques jours plus tard à Souillac, dans le Lot. Depuis, les réunions publiques se sont multipliées, à Valence, à Autun en Saône-et-Loire, ou encore à Pressac dans la Vienne. Les prestations affichées à ces différentes occasions, devant des élus locaux, des responsables associatifs ou encore de simples citoyens ont notamment permis au président de reprendre la première place sur la scène politique, au détriment des oppositions. "Le sentiment de soutien est plus fort chez les électeurs de la droite, dont un sur deux déclare refaire confiance à Emmanuel Macron", pointe Bernard Sananès. "On voit bien que cet électorat est un peu déboussolé par son opposition à certains pans de la politique d'Emmanuel Macron et en même temps le sentiment qu'il n'y a pas vraiment d'alternative aujourd'hui".

Surtout, "il y a le mot 'connaissance des dossiers' qui revient chez les sondés", observe encore le patron de l'institut Elabe. "Chez un président de la République c'est normal, mais en 2018 on lui a reproché sa politique perçue comme injuste et sa personnalité qui crispait, avec un sentiment d'arrogance, de déconnexion des réalités. En montrant sa connaissance des dossiers, il n'a pas refait tout le chemin mais, en tout cas, il donne déjà une forme de proximité".

Rassembler les opinions

Si les contributions de l'exécutif au "grand débat" ne seront dévoilées que lundi, à l'issue d'un Conseil des ministres, les propositions faites dimanche à Chartres par La République en marche pourraient aussi contribuer à élargir le socle des soutiens au chef de l'Etat. Meilleure prise en compte du vote blanc, alourdissement de l'IFI, indexation des petites retraites… autant de mesures mises en avant par la majorité et à travers lesquelles Philippe Laurent, maire UDI de Sceaux et secrétaire général de l'Association des maires de France, voit "un petit virage à gauche" après un début de quinquennat très marqué à droite. "C'est une forme d'équilibre qui, pour le centriste que je suis, ne peut pas déplaire", relève-il. "Mais la question de la pratique du pouvoir politique reste posée", nuance aussitôt cet élu. "Ces mesures-là sont importantes, peuvent être intéressantes à un instant T, mais ne suffiront pas à créer une vraie dynamique dans le pays".