Gabriel Attal dans le Rhône et Jordan Bardella dans le Médoc se sont exprimés sur la colère qui gagne le monde agricole. 1:34
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avec AFP / Crédit photo : AFP , modifié à
Évoquant l'agriculture comme une "chance" et une "fierté" pour la France, le Premier ministre Gabriel Attal, en déplacement dans le Rhône, a promis de "faciliter la vie" des agriculteurs. Dans le même temps, Jordan Bardella a dénoncé "l'Europe de Macron" qui veut, selon lui, "la mort de notre agriculture" lors d'une visite dans le Médoc.

Le Premier ministre, Gabriel Attal, et le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, ont affiché chacun de leur côté samedi leur soutien aux agriculteurs, dont certains bloquent toujours une autoroute dans le sud-ouest. L'agriculture est "un sujet absolument majeur (...) que je prends très au sérieux", a affirmé d'emblée le nouveau chef du gouvernement, lors d'un échange avec des Français organisé à Saint-Laurent-d'Agny dans le Rhône.

Évoquant l'agriculture comme une "chance" et une "fierté" pour la France, il a notamment promis de "faciliter la vie" des agriculteurs en réduisant les "paperasseries". Quasiment au même moment, le président du RN, Jordan Bardella, tête de liste aux élections européennes du 9 juin, était sur les terres viticoles du Médoc. Il a dénoncé "l'Europe de Macron" qui veut, selon lui, "la mort de notre agriculture" mise en concurrence "avec des produits agricoles qui viennent du bout du monde, qui ne respectent aucune des normes toujours plus dures et toujours plus lourdes qu'on impose aux agriculteurs français".

En France, comme ailleurs en Europe, les manifestations d'agriculteurs se multiplient depuis quelques semaines. Hausse des charges, retards de paiements des subventions agricoles, interdiction de pesticides autorisés ailleurs, sentiment d'être écrasés, au nom de la transition écologique, par des normes... les motifs de colère sont multiples, mais les actions de protestation restent localisées. En Occitanie, des agriculteurs bloquent depuis jeudi soir l'autoroute A64 à hauteur de Carbonne (Haute-Garonne), près de Toulouse. Une délégation d'agriculteurs est reçue cet après-midi par le préfet de région.

"Souffler sur les braises"

Le gouvernement s'inquiète de voir le mouvement de colère prendre de l'ampleur un mois avant l'ouverture du Salon de l'agriculture (du 24 février au 3 mars à Paris) et à l'approche des élections européennes. Pendant que Gabriel Attal était dans le Rhône et le ministre de l'Économie dans la Marne, le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, était mandaté dans le Cher où il a visité un élevage laitier. Il s'est ensuite rendu à une "réunion de travail avec les organisations professionnelles agricoles" à la sous-préfecture de Vierzon. 

Il a estimé, auprès de l'AFP, que le RN cherchait "à souffler sur les braises de la colère et le désespoir des agriculteurs". "Mais ce n'est que de l'opportunisme électoral pour les élections européennes", selon lui. Gabriel Attal doit s'entretenir lundi soir avec les dirigeants des syndicats alliés FNSEA et Jeunes agriculteurs. Les préfets ont reçu pour instruction, à la demande de l'Élysée, "d'aller dès ce week-end à la rencontre des agriculteurs" et de leurs syndicats, "au plus près du terrain".

Les préfectures contactées par l'AFP ont souligné que les rendez-vous étaient pris, ou que des rencontres avaient déjà eu lieu, par exemple dans l'Eure samedi entre le préfet Simon Babre et des éleveurs de volailles lors d'un salon à Évreux. La préfète de Meurthe-et-Moselle, Françoise Souliman, a aussi rencontré les organisations syndicales agricoles samedi matin, expliquant à l'AFP que cet échange allait "permettre de nourrir la remontée d'informations" vers Paris.

Le président de Jeunes agriculteurs demande "qu'on allège les contraintes" 

Sur Europe 1 samedi, le président de Jeunes agriculteurs Arnaud Gaillot a demandé "qu'on allège les contraintes" sur l'agriculture, notamment sur le plan environnemental. Le gouvernement doit présenter le 24 janvier un projet de loi pour favoriser la relève en agriculture, qui prévoit notamment de créer un guichet unique pour accueillir les candidats à l'installation. La profession imaginait une loi plus ambitieuse.

"Ce qu'il faut, c'est qu'on lève tous les freins qui empêchent (les jeunes) aujourd'hui de s'installer et qu'on facilite la transmission", a affirmé Gabriel Attal. L'ancien éleveur et ex-député Renaissance Jean-Baptiste Moreau s'est montré inquiet auprès de l'AFP: "Il y a un truc qui bout depuis longtemps à la base" et qui pourrait selon lui "se finir en violences".