La rentrée divisée du Parti socialiste

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© JEAN PIERRE MULLER / AFP
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Les frondeurs n'ont pas l'intention d'atténuer leurs coups contre la politique du gouvernement. Mais l'aile droite du PS veut elle aussi se faire entendre.

Une fois n'est pas coutume, une rentrée sous haute tension s'annonce pour le PS. 4.000 militants sont attendus à partir de vendredi à La Rochelle pour la traditionnelle université d'été du parti. D'après le programme officiel, on parlera conférence climat, élections régionales et République. Mais en coulisses, les discussions devraient aussi tourner autour du budget 2016, qui sera discuté au Parlement cet automne. L'aile gauche du parti réclame toujours une inflexion de la politique économique du gouvernement, et notamment une réorientation des allègements de charges concédés aux entreprises vers les ménages et les collectivités locales. Pas de quoi entamer sereinement l'année.

Les "frondeurs" n'en démordent pas. Les écuries socialistes ont choisi d'aiguiser leurs armes avant de rejoindre l'université d'été. D'un côté, les fameux "frondeurs" de l'aile gauche se retrouveront jeudi et vendredi à Marennes, en Charente-Maritime. Trois mois après avoir obtenu 28% des voix des adhérents en portant leur motion au congrès du PS, ces rebelles qui ont forcé le gouvernement à utiliser l'article 49-3 pour faire passer la loi Macron comptent bien continuer à faire entendre leur voix. "C'est la rentrée de la dernière chance", s'est alarmé l'un de leurs chefs de file, le député Christian Paul, dans un entretien à Libération lundi. "Pour le Premier ministre, être constant sur une mauvaise pente vaut mieux que changer de braquet", a-t-il taclé, accusant Manuel Valls de s'être "enfermé dans un deal sans lendemain avec le Medef".

Les "réformateurs" contre-attaquent. En face, la riposte viendra du "Pôle des réformateurs", un club qui anime l'aile droite du PS et tient lui aussi à mettre en scène sa rentrée. Jeudi, jour du rassemblement des frondeurs, il se réunira à Léognan, près de Bordeaux, histoire de faire entendre un autre discours. "Une partie de la gauche que l'on entend beaucoup se réfugie dans la radicalité et le sectarisme", dénonce l'un des meneurs des "réformateurs", le député de Paris Christophe Caresche, contacté par Europe 1. "Nous ne devons pas laisser le champ libre à ceux qui sont largement minoritaires au sein du PS. Il n'y a aucune raison que l'aile gauche prenne en otage le débat". Environ 200 participants sont attendus à Léognan pour écouter un invité de marque, le ministre de l'Economie Emmanuel Macron, figure de proue de l'aile droite et bête noire des frondeurs.

 

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Valls reste ferme. De quoi chauffer la salle avant l'université d'été, où sont attendus la quasi-totalité des ministres ainsi que Manuel Valls. Le Premier ministre, lui, a déjà donné le ton. Dans une tribune publiée par Les Echos mardi, il assure que "l'ampleur du soutien aux entreprises ne sera pas remise en cause". "Changer de ligne de conduite, c'est la certitude de tout perdre", insiste le locataire de Matignon, qui demande tout de même au patronat de "tenir ses engagements".

Un message sans ambiguïté à destination de l'aile gauche du PS. Et qui fait encore monter la température avant le congrès. "Réformateurs" contre "frondeurs", l'affiche met en péril l'unité du parti, à quatre mois d'un scrutin régional qui s'annonce délicat pour la gauche. "La division a toujours fait partie de l'exercice de La Rochelle", sourit le frondeur Laurent Baumel, député d'Indre-et-Loire. A un et demi de l'élection présidentielle, et alors que François Hollande est donné éliminé dès le premier tour dans les sondages, ce petit jeu devient tout de même dangereux.