Gérald Darmanin était l'invité d'Europe 1 jeudi. 10:38
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Laura Laplaud , modifié à
À trois jours du second tour de l'élection présidentielle et après le débat entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen mercredi soir, Gérald Darmanin, soutien du président sortant, était l'invité d'Europe 1 jeudi. Le ministre de l'Intérieur est revenu sur l'un des sujets de ce face-à-face : le port du voile.

C'est l'une des propositions de la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen : interdire le port du voile si elle est élue présidente de la République. "Vous allez créer la guerre civile si vous faîtes ça", a prévenu le président sortant Emmanuel Macron mercredi soir lors du débat de l'entre-deux tours. "La question religieuse a toujours fait naître des tensions extrêmement fortes", a soutenu Gérald Darmanin, invité d'Europe 1 jeudi matin.

"Le voile est un uniforme"

Lors du débat de l'entre-deux tours mercredi soir, Marine Le Pen, candidate à la présidentielle a confirmé sa volonté d'interdire le port du voile dans l'espace public. "Le voile est un uniforme imposé par les islamistes, je pense que la majorité des jeunes femmes qui le mettent ne peuvent pas faire autrement, même si elles n'osent pas le dire puisque celles qui ne le mettent pas témoignent de leur isolement", a soutenu la candidate RN.

"Il n'y a pas de pays au monde où on interdit les signes religieux", précise Gérald Darmanin. "La laïcité à la française est un équilibre extrêmement difficile que nous devons chérir. C'est à la fois la neutralité du service public, la liberté religieuse de croire ou de ne pas croire, et c'est la possibilité d'exprimer ses opinions, même religieuses", insiste-t-il.

60% de la population est favorable à l'interdiction du voile dans l'espace public, selon un dernier sondage de l'institut CSA pour CNews. "Je ne suis pas d'accord avec 60% de nos compatriotes qui pensent cela et c'est mon travail de responsable politique de ne pas être dans l'émotion", répond Gérald Darmanin.

Une opinion que ne partage probablement pas non plus Emmanuel Macron pour qui l'interdiction du port du voile serait "la fin de l'universalisme". Un propos que soutient le ministre de l'Intérieur : "Il y a des femmes qui portent un foulard et qui sont profondément françaises, et il y a des femmes qui ne portent pas de foulard et qui ne sont pas françaises."

Le port du voile sanctionné par une amende ?

"Madame Le Pen a fait des parallèles entre l'islamisme et le terrorisme sur la même question, mais ceux qui ont commis des attentats en France depuis 20 ans, ce ne sont pas des femmes voilées", a rappelé Gérald Darmanin.

Dans sa proposition de loi, la députée du Pas-de-Calais prévoit une exception pour Mayotte, "une population largement musulmane et largement française", comme l'explique l'ancien maire de Tourcoing. "Pourquoi une exception ? Madame Le Pen considère que ce qui vaudrait pour la métropole ne vaudrait pas pour Mayotte, car ce qui serait un signe religieux inacceptable en France serait acceptable dans une autre partie de la France, il y a une incohérence totale !", s'est-il exclamé.

Marine Le Pen avait aussi annoncé début avril que le port du voile serait sanctionné par une amende.