Néonicotinoïdes sur la betterave : "un retour en arrière inacceptable" pour EELV

Karima Delli, député européenne, était invitée sur Europe 1 vendredi.
Karima Delli, député européenne, était invitée sur Europe 1 vendredi. © Capture d'écran Europe 1
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Tiffany Fillon , modifié à
Le gouvernement a donné son accord jeudi à l'utilisation de néonicotinoïdes, insecticides dangereux pour la biodiversité, dans la culture de betteraves sucrières. Vendredi sur Europe 1, Karima Delli, députée européenne EELV, a dénoncé un "retour en arrière inacceptable" car ces produits étaient interdits en France depuis septembre 2018.
INTERVIEW

Le ministère de l'Agriculture a annoncé jeudi vouloir autoriser les agriculteurs à utiliser dès 2021, "dans des conditions strictement encadrées" et jusqu'en 2023 maximum, des semences de betteraves enrobées de néonicotinoïdes. Au lendemain de cette annonce, Karima Delli, députée européenne Europe Écologie Les Verts (EELV), s'est insurgée sur Europe 1 contre ce qu'elle décrit comme "un retour en arrière inacceptable". 

Aujourd'hui "scandalisée par cette décision", Karima Delli avait pourtant espoir quand la France avait interdit l'usage phytosanitaire des néonicotinoïdes en septembre 2018. "La France était l'un des grands leaders" et un pays "précurseur pour la protection des pollinisateurs", affirme-t-elle. Mais selon la députée, ce rétropédalage, effectué sous la pression des planteurs de betteraves sucrières, est un échec. "On se plie à des lobbys. Cela ne préconise rien de bon dans ce fameux tournant écologique", a-t-elle ajouté. 

Les producteurs de betteraves avaient en effet réclamé l'usage de ces insecticides pour s'attaquer aux pucerons verts. Ces insectes sont vecteurs du virus de la jaunisse, une maladie qui a provoqué un effondrement des rendements cette année.

Se tourner vers "des produits alternatifs"

Pour régler ce problème, Karima Delli plaide davantage pour l'utilisation "d'autres produits homologués", "des produits alternatifs" plébiscités par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses). Cette nouvelle orientation entre, selon la députée européenne, dans un processus global. "Dans l'agriculture, la véritable transition se fait avec eux [les agriculteurs] vers un autre chemin", affirme-t-elle, en demandant des "mesures d'accompagnement des agriculteurs" préoccupés par leur avenir. 

Karima Delli s'inquiète également de l'extension de cette autorisation à d'autres cultures. Car les producteurs de maïs veulent à leur tour bénéficier d'une dérogation pour utiliser des pesticides à base de néonicotinoïdes. "Ils ont ouvert la boîte de Pandore", dit-elle à propos du gouvernement qui, d'après elle, "ne prend pas au sérieux cette transition" écologique. 

Pourtant, le syndicat des producteurs de maïs AGPM, branche spécialisée de la FNSEA, a expliqué vendredi que "la maïsiculture est également en situation d'impasse totale pour lutter contre les mouches". "Une recrudescence de ces ravageurs aurait des conséquences dramatiques pour les producteurs et les éleveurs qui comptent sur le maïs fourrage pour nourrir leurs animaux", poursuit l'AGPM. Le débat est donc loin d'être clos.