Hulot, l’homme qui dit "non"

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L’écologiste a refusé la proposition de François Hollande de rentrer au gouvernement. Comme il avait décliné les offres de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy.

A force, Nicolas Hulot risque de gagner la réputation d’un homme qui refuse l’obstacle. Le leader écologiste a indiqué jeudi sur Twitter qu’il déclinaitla proposition de François Hollande de prendre en charge un super-ministère de l’Ecologie.

Le président de la République pourra se consoler en se disant qu’il n’est pas le premier à essuyer un refus de l’ancien animateur télé. Figure de l’écologie politique depuis plus d’une décennie, Nicolas Hulot a en effet du mal à franchir le pas quand il s’agit d’occuper ou de briguer un poste exposé. Rappel des faits.

Il dit "non" à Chirac. Nicolas Hulot et Jacques Chirac s’apprécient. En 1996, le président de la République de l’époque avait promu l’animateur vedette de TF1 chevalier de la Légion d’honneur. C’est donc tout naturellement qu’il lui propose, en 2002, après sa réélection, d’entrer au gouvernement, à l’Environnement. Mais Nicolas Hulot n’en a alors pas fini avec ses aventures télévisuelles. Il se met pourtant au service du chef de l’Etat, dans l’ombre. Il est ainsi l’un des rédacteurs du discours prononcé par Jacques Chirac lors du Sommet de la Terre de Johannesburg en septembre 2002, celui du fameux : "notre maison brûle et nous regardons ailleurs". Mais l’ancien président de la République ne prendra vraiment jamais le problème à bras-le-corps

Il dit "non" à Sarkozy. En 2007, Nicolas Hulot est l’une des figures de la campagne présidentielle. Longtemps, il hésite à se déclarer candidat, pour finalement renoncer. Non sans avoir fait signer aux principaux prétendants à l’Elysée son Pacte pour l’écologie, qui comprend notamment la création d’un poste de vice-premier ministre à l’Ecologie.  Elu, Nicolas Sarkozy crée bel et bien un "super-ministère" de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement durables. Qu’il propose, naturellement à Nicolas Hulot. Qui décline, laissant la place à Alain Juppé, brièvement, puis à Jean-Louis Borloo.

L’animateur télé se contente alors d’être via sa Fondation Nicolas Hulot partie prenante du Grenelle de l’environnement organisé entre septembre et décembre 2007. Fondation qui finira par claquer la porte, mécontent de l’abandon de la taxe carbone. Encore un coup d’épée dans l’eau, donc.

Il dit "non" à Hollande. Nicolas Hulot n’abandonne pas l’écologie politique pour autant. Il décide même, après force hésitations il est vrai, de se lancer dans la primaire écologiste en vue de l’élection présidentielle de 2012. Mais confronté à l’hostilité de l’appareil des Verts, qui ne le trouve pas assez à gauche, et novice dans ce type d’exercice, il s’incline assez sèchement, en juin 2011, par 41,34% contre 58,16% face à Eva Joly. Il gardera de l’expérience une rancœur tenace à l’endroit du parti écologiste.

Nicolas Hulot se rapproche alors de François Hollande. Le 6 décembre 2012, il est ainsi nommé "envoyé spécial pour la protection de la planète" du président. C’est début janvier 2016, peu après la COP 21, la conférence de l’ONU organisé en décembre 2015 à Paris, qu’il reprend sa liberté.  Mais le président de la République tient à garder à ses côtés cette personnalité emblématique de l’écologie, particulièrement populaire. Il lui offre donc un super-ministère de l’Ecologie, comme celui qu’avait occupé Jean-Louis Borloo en 2007. Mais là encore, après deux jours de réflexion, Nicolas Hulot décide de refuser.

Dans le grand bain en 2017 ? Le refus de Nicolas Hulot d’entrer au gouvernement accrédite un peu plus la thèse d’une candidature pour la présidentielle de 2017. Le principal intéressé ne ferme en tous cas pas la porte. Seule certitude, ce ne sera pas par le biais d’une primaire. Et pas seulement, jure-t-il, parce que le souvenir de 2011 est encore cuisant. Mais aussi "parce que l’enjeu que je porte est supra-politique. Pour moi il n’y aura pas un protocole de gauche et un protocole de droite", a-t-il affirmé sur France Inter le 28 janvier dernier, avant de tempérer : "Mais je ne suis pas encore dans ce processus-là". En tout état de cause, si d’aventure Nicolas Hulot se présentait en 2017, il ne pourra pas arguer d’une expérience ministérielle. Les occasions, pourtant,  n’ont pas manqué.