Grève : "on entend toujours davantage ceux qui n'ont pas envie que ça change", tacle Laurent Pietraszewski

Laurent Pietraszewski s'exprime dans les colonnes du JDD dimanche
Laurent Pietraszewski s'exprime dans les colonnes du JDD dimanche © DOMINIQUE FAGET / AFP
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Cédric Chasseur , modifié à
Le nouveau secrétaire d'Etat aux Retraites se livre ce dimanche dans un entretien au "Journal du Dimanche". Laurent Pietraszewski, successeur de Jean-Paul Delevoye pour conduire la nouvelle réforme des retraites, estime que le régime actuel n'est pas favorable "à ceux qui ont des salaires modestes".

Il est le nouvel interlocuteur des partenaires sociaux dans le bras de fer qui oppose le gouvernement aux syndicats sur la réforme des retraites. Laurent Pietraszewski, le successeur de Jean-Paul Delevoye au poste de secrétaire d'Etat aux Retraites, s'exprime dans un entretien au Journal du Dimanche. Comme le Président de la République Emmanuel Macron à Abidjan, il appelle les grévistes à la responsabilité en écoutant les responsables syndicaux ouverts à une trêve, afin que "les fêtes de fin d'année soient respectées". "C'est important pour tous les Français", précise-t-il.

Le gouvernement ne refuse pas "le compromis"

Selon lui, le gouvernement ne peut être tenu responsable de la durée de la crise. "Les propositions qui ont été mises sur la table à la RATP et à la SNCF doivent permettre de reprendre le travail et d’assurer le service public indispensable dans cette période", estime Laurent Pietraszewski. "Ce n'est pas le gouvernement qui a refusé le compromis", s'emporte même le secrétaire d'Etat aux retraites, qui rejette la faute aux syndicats.

Pour autant, il reste ferme sur l'un des points clefs de cette reforme : "c’est vrai, nous ne reviendrons pas sur la suppression des régimes spéciaux", affirme le membre du gouvernement, qui présentera lundi aux confédérations syndicales le programme et le calendrier de concertation, avant le début des réunions début janvier. 

"Je ne suis pas dogmatique" 

Pour Laurent Pietraszewski, il existe tout de même des points d'accord, même sur la question de l'âge pivot à 64 ans. "Ceux qui sont favorables au système de retraite universel par points s’accordent sur le fait qu’il doit être à l’équilibre. La divergence porte sur la manière d’y parvenir", plaide le secrétaire d'Etat, qui endosse sur ce sujet la responsabilité du gouvernement.

Mais la porte du petit nouveau au sein du gouvernement d'Edouard Philippe reste ouverte aux syndicats. "Si ces derniers ont une autre solution, parlons-en. Je ne suis pas dogmatique. Mais les nouveaux droits doivent être financés. Je ne suis pas là pour passer aux générations suivantes le poids de mes décisions."

"Ce n'est pas le projet du Medef"

Laurent Pietraszewski s'attaquent aussi aux détracteurs de la réforme, qui accusent le gouvernement de vouloir faire une réforme davantage favorable aux plus riches. "Ce n’est pas le projet du Medef", répond tranquillement le secrétaire d'Etat. "Le système actuel est très favorable à ceux qui ont déjà du pouvoir d’achat quand ils sont en activité, pas tellement à ceux qui ont des salaires modestes."

Cela ne semble pas convaincre les Français, qui soutiennent toujours majoritairement le mouvement social. Mais pour le secrétaire d'Etat, "dans notre pays, on entend toujours davantage ceux qui n’ont pas envie que ça change". "C’est vrai, les 120 000 Français qui doivent aujourd’hui aller jusqu’à 67 ans pour avoir une retraite complète ne m’ont pas écrit pour me dire : 'Cher Laurent, nous, on trouve ça chouette que vous rameniez l’âge de la décote à 64 ans, et cet âge d’équilibre, on le trouve très équitable'", souffle-t-il ironiquement. Avant de conclure cet entretien dans le JDD : "On ne réussira pas en opposant les uns aux autres. C’est une belle réforme, un projet de solidarité qui devrait nous réunir."