Eric Woerth 1280 2:11
  • Copié
Romain David , modifié à
Au micro d'Audrey Crespo-Mara, sur Europe 1, Éric Woerth a vivement critiqué l'interventionnisme d'Emmanuel Macron dans le déroulé du "grand débat national".
INTERVIEW

L'omniprésence du chef de l'Etat au sein du "grand débat national", officiellement lancé la semaine dernière, agace Éric Woerth. "Ce débat n'a d'intérêt que si le gouvernement n'interfère pas tout le temps", a ainsi estimé au micro d'Audrey Crespo-Mara, sur Europe 1, le président de la commission des finances de l'Assemblée nationale. "Il y a tromperie sur la marchandise. La marchandise, c’était un débat entre Français", tacle l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy, pour qui l'interventionnisme d'Emmanuel Macron ne peut que biaiser la discussion qui s'est engagée entre les citoyens.

Une pré-campagne en vue des européennes ? "Ce qui me choque le plus, c’est que le président de la République est très actif dans ce débat, et ce n'est pas ce qu'il avait dit au départ. Au départ, c'était l'idée d'un débat entre les Français dans lequel le gouvernement interviendrait peu", rappelle Éric Woerth, alors que plusieurs figures de l'opposition reprochent à Emmanuel Macron de se servir de cet exercice pour faire campagne en vue des élections européennes de mai. "On peut avoir cette suspicion", estime le député de l'Oise.

>> De 7h à 9h, c’est deux heures d’info avec Nikos Aliagas sur Europe 1. Retrouvez le replay ici

Hyper-président. Mardi, pour le lancement officiel du "grand débat" mis en place afin de calmer la grogne des "gilets jaunes", Emmanuel Macron a débattu pendant près de sept heures depuis la commune de Grand Bourgtheroulde, en direct, avec 600 maires normands réunis pour l'occasion. Trois jours plus tard, le chef de l'Etat a renouvelé l'exercice à Souillac, dans le Lot. "On a un président qui monopolise des heures de télévision et les pages des journaux. Un peu de retrait !", enjoint Éric Woerth.

Un débat "forcé". "Le président de la République est sans arrêt en train de débattre et d’asséner ses arguments dans des assemblées départementales de maires, alors qu'il les a boudées pendant un an et demi", poursuit l'élu. "Il a retrouvé l'adresse des maires, tant mieux !", tacle encore Éric Woerth qui rappelle que ce débat est "contraint, forcé" par la crise sociale qui frappe le pays depuis novembre.

"Il y a une crise politique, et en face de cette crise politique, il faut que les Français puissent exprimer ce qu'ils pensent, et pas uniquement au travers du prisme de la personnalité du président de la République", car "il est la cause de la crise politique", analyse encore le député. "L'exercice du pouvoir, tel qu'il le conçoit, en est la cause, pas autre chose !"