"Grand débat national" : les principales annonces d'Emmanuel Macron devant les maires

Emmanuel Macron a dialogué pendant plus de cinq heures avec les élus.
Emmanuel Macron a dialogué pendant plus de cinq heures avec les élus. © Ludovic MARIN / POOL / AFP
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Antoine Terrel avec AFP , modifié à
Le président de la République a échangé pendant plus de six heures avec les maires, lors du coup d'envoi du "grand débat national", entre défense de son bilan et ouverture sur la loi NOTre et la limitation à 80 km/h. 

L'échange a duré plusieurs heures. Mardi, Emmanuel Macron a longuement discuté avec 600 maires normands, à Grand Bourgtheroulde, pour le lancement du "grand débat national", sur lequel il compte pour résoudre la crise des "gilets jaunes". Limitation à 80 km/h, ISF, mais également référendum d'initiative citoyenne (RIC), le président de la République a évoqué plusieurs dossiers brûlants devant des élus venus lui énumérer la longue liste de "doléances" de leurs administrés. 

Les principales infos à retenir : 

  • Emmanuel Macron a défendu la suppression de l'ISF
  • Il est prêt à des aménagements sur la limitation à 80 km/h
  • Le chef de l'Etat s'est montré réservé sur la question du référendum d'initiative citoyenne

Suppression de l'ISF : Macron défend son bilan

Le chef de l'État a défendu son programme économique, notamment la hausse de la CSG et la suppression de l'ISF, cette dernière mesure étant notamment au cœur de la colère des "gilets jaunes". "Il ne faut pas raconter des craques : c'est pas parce qu'on remettra l'ISF comme il était il y a un an et demi que la situation d'un seul gilet jaune s'améliorera. Ça, c'est de la pipe", a déclaré Emmanuel Macron.

Si pour le président de la République, l'ISF n'est "pas du tout un tabou, ni un totem", il a rappelé que "le gouvernement a pris des textes et le parlement a voté ce sur quoi en tant que candidat je m'étais engagé. Donc il n'y a pas de surprise, il n'y a pas de tromperie. Et ça me semble être une bonne règle démocratique de faire ce sur quoi on s'est engagé auprès de ses concitoyens". 

Mais ouvre la porte à des aménagements sur la limitation à 80 km/h

Le président de la République a en revanche admis qu'il pouvait y avoir des aménagements au décret limitant la vitesse à 80 km/h, une mesure très décriée par les élus et alors que de 60% des radars ont été vandalisés depuis le début du mouvement des "gilets jaunes". Pas question pour l'instant de supprimer la mesure, mais Emmanuel Macron veut faire en sorte qu'elle soit "mieux acceptée" par les Français. "Il faut ensemble que l'on trouve une manière plus intelligente de le mettre en oeuvre. Il n'y a pas de dogme", a-t-il déclaré, en appelant les maires à "faire des propositions" sur ce dossier qui "fait partie du débat".

"Il y a des propositions qui ont été faites par le gouvernement, il y a une bronca. Est-ce qu'il faut tout arrêter ? Franchement non.... Est-ce qu'on peut faire quelque chose qui soit mieux accepté et plus intelligent, sans doute oui", a poursuivi le chef de l'État.

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Alors que de nombreux élus locaux réclament depuis des mois davantage d'autonomie locale, pour choisir quelles départementales doivent être limitées à 80 ou à 90 km/h, Emmanuel Macron a là aussi semblé prêt à des changements, alors que cette possibilité était jusque-là exclue par le gouvernement. "Dire : on pense qu'on a des propositions plus intelligentes, mieux acceptables pour la population et qui seraient tout aussi efficaces, parce que nous on sait quel est le tronçon qui est dangereux, quel est celui qui ne l'est pas ou autre... A mon avis, peut-être qu'on peut y arriver", a-t-il dit sous les applaudissements. 

Et se dit "prêt" à rouvrir la loi NOTRe

Datant de 2015 et portant sur la nouvelle organisation territoriale, la loi NOTre a notamment entraîné des transferts de compétences des communes vers des communautés de communes et d'agglomérations. Devant les maires, Emmanuel Macron s'est dit "prêt" à la rouvrir. "Je crois qu'on a besoin de remettre de la responsabilité au plus près du terrain, de remettre du contact, de la clarté et du sens dans nos décisions", a-t-il affirmé. 

 

RÉCIT - Que demandaient les Français dans les cahiers de doléances... en 1789 ?Ecoutez ici le récit inédit de Fabrice d’Almeida dans "Au cœur de l’histoire".

"Je suis près à la rouvrir, pas pour dire 'on va repartir pour des années de discussions en sachant quelle compétence on met à tel endroit, quelle compétence à tel autre'", a-t-il poursuivi. "Mais, on voit bien qu'il y a besoin d'une respiration sur des choses qui ont été mal faites", a-t-il reconnu. "Il faut ensemble l'évaluer. Il ne faut pas tout détricoter, mais il faut pragmatiquement améliorer les choses", a-t-il conclu, appelant les élus à travailler avec la ministre de la Cohésion des territoires et le ministre délégué aux Collectivités territoriales.

Des réserves sur le référendum d'initiative citoyenne 

C'est l'une des principales revendications des "gilets jaunes". Évoquant la question du référendum d'initiative citoyenne (RIC), Emmanuel Macron a fait part de ses réserves. Pour l'hôte de l'Elysée, "on ne doit pas créer une situation de concurrence entre les formes de démocratie" directe et représentative. 

"Il faut qu'on mette une forme de verrou, quand le peuple s'est exprimé par référendum sur un sujet" et faire en sorte que "le peuple souverain, par la voie de ses représentants, ne (puisse) pas y revenir pendant une certaine période, en tous cas dans les mêmes termes", a-t-il suggéré. Admettant qu'une "réflexion sur nos différentes formes de démocratie" avait sa place dans le "grand débat national", Emmanuel Macron a cependant ajouté que si "un référendum d'initiative citoyenne qui chaque matin peut revenir sur ce que les parlementaires ont voté, là on tue la démocratie parlementaire". 

Sur la laïcité, il croit en une "réforme ambitieuse"

Le président s'est enfin justifié d'avoir placé le thème de la laïcité parmi les sujets du débat, car c'est "une vraie préoccupation pour beaucoup de nos concitoyens". Défendant la loi de 1905, il a rappelé les objectifs de l'exécutif, mentionnant "plusieurs défis". "Pour que le financement des religions soit plus clair dans notre pays, pour qu'il n'y ait pas des gens qui utilisent une religion pour détourner des gens de la République, on a un défi de bonne organisation". 

"Je crois qu'on peut porter une vraie réforme ambitieuse pour renforcer la laïcité dans notre pays", a-t-il encore souligné, appelant à le faire de "manière extrêmement apaisée", avec la volonté de "sortir de tous les simplismes, et de tous les ostracismes".