Gabriel Attal : "La politique d'asile de la France arrive à bout de souffle"

Gabriel Attal était l'invité d'Hondelatte informe lundi.
Gabriel Attal était l'invité d'Hondelatte informe lundi. © EUROPE 1
  • Copié
T.M. , modifié à
À l'occasion de la journée internationale des migrants, le député LREM Gabriel Attal a défendu lundi sur Europe 1 le projet de loi du gouvernement sur l'immigration, prévu pour mars 2018.
INTERVIEW

Pour la majorité, c'est une véritable épreuve politique, peut-être même la première du quinquennat. Alors que le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a fait de la lutte contre l'immigration irrégulière une priorité, défendant lundi la hausse des expulsions et des contrôles, une partie de La République en marche! ne se retrouve pas dans ce discours empli de fermeté. D'autres, comme le député des Hauts-de-Seine Gabriel Attal, préfèrent insister sur la nécessité du changement, alors que "la politique d'asile de la France arrive à bout de souffle".

"Rien n'a été fait les cinq dernières années". "Aujourd'hui, on a une procédure d'asile qui marche mal, qui dure longtemps, avec des gens qui attendent 14 ou 18 mois dans des centres d'hébergement où on ne sait pas s'ils sont demandeurs d'asile ou pas. Et tout le monde est traité de la même manière, et surtout mal traité", constate lundi Gabriel Attal dans Hondelatte informe, à l'occasion de la journée internationale des migrants. Si cette politique d'asile "arrive à bout de souffle", c'est "parce qu'aucune décision n'a été prise et rien n'a été fait les cinq dernières années où la gauche était au gouvernement", estime celui qui avait pourtant rejoint le Parti socialiste en 2006.

Entendu sur europe1 :
Il faut prendre des mesures d'éloignement, mais cela ne veut pas dire qu'il faut mettre tout le monde dehors

"Accélérer le traitement des dossiers". "Il faut accélérer le traitement des dossiers", souligne l'élu. "Il faut prendre des mesures d'éloignement, mais cela ne veut pas dire qu'il faut mettre tout le monde dehors. Les personnes qui sont déboutées du droit d'asile peuvent demander un titre de séjour et leur situation est examinée au regard d'autres critères", continue le député, plaidant par ailleurs pour un accueil plus "digne" des réfugiés, "une question d'honneur pour la France".

Les associations inquiètes et critiques. Selon le projet de loi sur l'immigration qu'Emmanuel Macron espère faire adopter au premier semestre 2018 et dont l'AFP a obtenu copie, le délai d'attente pour une demande de droit d'asile passerait de 14 mois à 6 mois. Pour lutter contre l'immigration illégale, le gouvernement prévoit en outre d'allonger de 45 à 90 jours la durée maximale de rétention des étrangers en attente d'expulsion. Un collectif d'associations comptant notamment la Cimade, Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre a saisi lundi le Défenseur des droits, Jacques Toubon, pour que les dernières directives du gouvernement "portant gravement atteinte aux droits fondamentaux" des étrangers soient suspendues. En 2016, sur les 85.000 demandes d'asile déposées auprès de l'Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra), environ un quart ont abouti, selon les statistiques du ministère de l'Intérieur.