Européennes : Raphaël Glucksmann veut «réveiller l'Europe» pour son premier meeting

Raphaël Glucksmann
Devant plus de 2.500 personnes rassemblées dans une salle surchauffée à Tournefeuille (Haute-Garonne), au cœur de l'Occitanie, terre de gauche, l'eurodéputé a lancé sa campagne. © VALENTINE CHAPUIS / AFP
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avec AFP / Crédit photo : VALENTINE CHAPUIS / AFP
Après Les Républicains et leur tête de liste, François-Xavier Bellamy, c'était au tour de Raphaël Glucksmann, tête de liste pour le PS et Place publique, de se lancer officiellement ce dimanche dans la bataille des européennes avec un grand meeting près de Toulouse. L'essayiste de 44 ans a assuré pouvoir "faire émerger une autre Europe, plus juste, plus digne".

Raphaël Glucksmann, tête de liste pour le PS et Place publique, s'est lancé dimanche dans la bataille des européennes avec un grand meeting près de Toulouse, pour "réveiller l'Europe", dénonçant "l'indolence" et le "concentré d'égocentrisme et d'indifférence" face à la situation en Ukraine. Devant plus de 2.500 personnes rassemblées dans une salle surchauffée à Tournefeuille (Haute-Garonne), au cœur de l'Occitanie, terre de gauche, l'eurodéputé s'est interrogé : "sommes nous en train d'assister au délitement des démocraties européennes ou au contraire à leur réveil?".

"Une autre Europe, plus juste, plus digne"

Entré sur scène sur le titre du rappeur Eminem "Lose yourself", l'essayiste de 44 ans a assuré pouvoir "faire émerger une autre Europe, plus juste, plus digne", taclant à plusieurs reprises la macronie, "des dirigeants sans colonne vertébrale", des "somnambules". "Nous ne sommes pas fait du même bois friable que celui du président et de ses affidés, nous ne changeons pas de discours en fonction des auditoires", a-t-il notamment critiqué. "Nous, l'extrême droite nous ne la flattons pas, nous la combattons", a encore martelé Raphaël Glucksmann, qui entend bien s'immiscer dans le match entre Renaissance et le RN.

En campagne à bas bruit depuis plusieurs mois, le fondateur du petit parti Place publique, qui avait convaincu un peu plus de 6% des électeurs aux européennes de 2019, est actuellement crédité de 9 à 13% : il est pour l'instant en tête de la gauche, en troisième position derrière la tête de liste du Rassemblement national, Jordan Bardella, et celle de la majorité Valérie Hayer. "Je sens quelque chose qui a le goût de l'espérance, l'odeur et la saveur des débuts, quelque chose qui ressemble à un printemps", a-t-il affirmé devant la foule, scandant "on va gagner" et "taxer les riches", une des mesures qu'il défend au niveau européen.

Se présentant "comme le candidat d'une social-démocratie européenne débarrassée de toute forme de mollesse et de compromission", Raphaël Glucksmann s'est fait amer face à la situation en Ukraine: "Je n'en peux de cette indolence" des élites françaises et européennes, "de ce concentré de paresse et de légèreté, d'égocentrisme et d'indifférence".

À 33 sièges de faire basculer la majorité

Il a aussi critiqué LFI et les communistes qui lui reprochent d'être "un va-t'en guerre". "Il faut leur répondre que la seule voie vers la paix, c'est précisément la fermeté et que chaque capitulation, chaque recul rapproche la guerre de chez nous". Dans cette élection, l'essayiste veut tenter de récupérer les électeurs déçus d'Emmanuel Macron et de Jean-Luc Mélenchon (LFI) et passer devant Valérie Hayer (Renaissance). Un bon score "rebattrait les cartes pour la présidentielle" et la prochaine union que le PS appelle de ses vœux après l'échec de la Nupes (Nouvelle union populaire écologique et sociale) née en mai 2022 après un accord entre les partis de gauche, résume un socialiste.

L'enjeu est aussi de taille au Parlement européen, où le Parti socialiste européen est à 33 sièges de faire basculer la majorité, actuellement détenue par le PPE (droite), rappelle régulièrement Olivier Faure. Devenir le premier groupe leur permettrait d'avoir un poids prépondérant dans le choix du prochain président de la Commission, un poste occupé aujourd'hui par Ursula von der Leyen (PPE), candidate à un second mandat.

"Attaqué de toutes parts"

Olivier Faure a assuré un peu plus tôt à la tribune n'avoir "jamais regretté le choix de 2019" de le désigner tête de liste. "Tu as tenu tête chaque fois que l'essentiel était en cause", citant le droit des Ouïghours (minorité musulmane que Pékin est accusé de persécuter), l'ingérence russe, le soutien à la résistance ukrainienne ou le droit des travailleurs des plate-formes numériques. "Tu vas être attaqué de toutes parts, rien ne te sera épargné, on ira fouiller ton passé, ton présent, on te reprochera jusqu'à ton nom, mais on sera là!", a ajouté le patron des socialistes.

 

Critiqué en 2019 par une partie du PS, qui voyait d'un mauvais œil une tête de liste non socialiste, Raphaël Glucksmann fait désormais la quasi-unanimité du parti à la rose. Y compris chez les anciens réfractaires qui apprécient ses prises de positions en rupture avec Jean-Luc Mélenchon, notamment sur la Chine, la question ukrainienne ou la défense européenne. "Ce n'est pas ceux qui veulent opposer, créer de la fracture, mais ceux qui veulent concilier, qui gagneront", a assuré Carole Delga, la présidente d'Occitanie, connue pour ses positions anti-LFI.