Entre Hamon et Mélenchon, la rupture est actée

Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon ne devraient pas poursuivre leurs négociations. AFP
Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon ne devraient pas poursuivre leurs négociations. © AFP
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Thibaud Le Meneec , modifié à
Les deux principaux candidats de gauche se sont considérablement éloignés ces derniers jours. Tout projet d’alliance paraît désormais inatteignable.

Peut-on réellement parler d’un divorce alors que les fiançailles n'ont jamais vraiment eu lieu ? Après un week-end à acter leurs divergences stratégiques, un accord entre Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon semble en tout cas improbable, à deux mois de l’élection présidentielle.

"Le corbillard" du Parti socialiste. Le leader de la France insoumise a commencé par refuser, vendredi, de "s’accrocher à un corbillard" que serait devenu le Parti socialiste, confirmant qu’il serait candidat quoi qu’il arrive. Réponse de Benoît Hamon, samedi, depuis un Portugal érigé par le socialiste en exemple d’une gauche plurielle couronnée de succès : "Je ne courrai après Jean-Luc Mélenchon. (...) Je constate que ses déclarations sont assez brutales." Et le vainqueur de la primaire de déclarer qu’il était le "mieux placé pour faire gagner la gauche" en avril. Dimanche, le candidat socialiste a enfoncé le clou en filant la métaphore automobile sur le plateau du Grand Jury : "C'est vrai que si on fait du covoiturage et qu'on décide que l'on conduit, la couleur des sièges, et que les autres descendent au premier feu, ça marche rarement le covoiturage dans ces conditions-là." Clairement, les divergences concernent davantage la forme du rapprochement que le fond des programmes.

Mais le rapprochement entre les deux candidats, actuellement crédités de 16% pour Benoît Hamon et de 13% pour Jean-Luc Mélenchon, selon le dernier sondage Opinionway-Orpi, était moins bien engagé que celui entre le socialiste et Yannick Jadot. L’équipe de Jean-Luc Mélenchon déplorait notamment le fait que Benoît Hamon ait indiqué qu’il allait l’appeler après sa victoire à la primaire, chose qu’il n’a pas fait ensuite. "Un loupé de la part de Benoît Hamon", estime dans Libération le secrétaire national EELV, David Cormand. Entre les deux, la communication n'a jamais été véritablement établie.

Le blocage des investitures aux législatives. Côté hamoniste, on bute sur les exigences de Jean-Luc Mélenchon à propos des législatives : celui-ci demandait que Manuel Valls et Myriam El Khomri ne soient pas investis par le PS pour le scrutin de juin. Les socialistes ont refusé, dénonçant un désir de "couper des têtes". "L’équipe de Hamon cherchait un prétexte. On leur a fait une lettre, ils n’ont pas répondu. C’est eux qui prennent la responsabilité de la rupture", explique le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, Alexis Corbière, dans Le Parisien de lundi. Vendredi, dans une lettre, Jean-Luc Mélenchon a demandé à Benoît Hamon de s'affranchir du quinquennat de François Hollande et de ne pas nouer d'accord avec Emmanuel Macron.

Un échange téléphonique entre les deux candidats a bien eu lieu vendredi, sans que le contenu de leur discussion n’ait été révélé. Depuis, chaque camp a campé sur ses positions, Jean-Luc Mélenchon finissant par lâcher aux internautes qui assistaient à la présentation du chiffrage de son programme, dimanche : "Je ne suis pas un amoureux éconduit. Je ne suis pas en train de faire le Congrès du PS. Mon problème, ce n’est pas la synthèse foireuse à 2 heures du matin, avec des points et des virgules." À exactement deux mois du premier tour, l’idée d’une candidature commune est fortement compromise après trois semaines d’un rapprochement avorté. Chacun se renvoie désormais la responsabilité de l'échec, tout en voulant séduire les électeurs de l'autre.