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Le président de l’Assemblée nationale a averti lundi, sur Europe 1, contre les écueils d'un placement en détention administrative des fichés S radicalisés, ainsi que le réclame une partie de la droite.
INTERVIEW

Le débat sur le sort à réserver aux individus fichés S est ravivé depuis vendredi par le drame de Trèbes. Geoffroy Didier, eurodéputé LR, demande une loi d'exception pour que les individus les plus dangereux soient enfermés. À l'occasion d'une conférence de presse lundi, Laurent Wauquiez, le patron des Républicains, devrait lui faire écho et réclamer le placement en détention administrative d'une partie des fichés S. Une proposition qui crispe le camp adverse. "Si l'on veut polémiquer, être dans la surenchère, on n'avancera pas", a ainsi réagi François de Rugy, le président de l'Assemblée nationale, invité lundi de la matinale d'Europe 1.

Impossible à mettre en place. "Dire : il faut enfermer tout le monde, c'est impossible et ça ne marcherait pas", estime le responsable politique. "Si on dit il y a 20.000 fichés S et qu'on va les mettre en centre de rétention – on ne dit pas 'prison' mais ça s'apparente à des prisons, sinon ça n'est pas sérieux -, alors, sur les 20.000, combien ?", interroge François de Rugy. "Là, plus personne n'est capable de le dire. On dit qu'il y a 10.000 fichés S radicalisés. On va tous les enfermer ? Et au bout d'un moment, on les aura gardés six mois, un an, deux ans, trois ans peut-être, ils auront une bonne conduite dans leur établissement de rétention et on dira qu'on les libère. Ça n’est pas ça la bonne façon de procéder", assure-t-il.

"Les Etats-Unis ont eu Guantanamo et ont vu que ça ne marchait pas. Ça n'empêche pas les attentats, et on se retrouve avec des personnes dont on en sait pas quoi faire", veut-il rappeler.

Renforcer le renseignement. "La question de la surveillance et du renseignement doit toujours être améliorée", estime à l'inverse François de Rugy. "Quand il y a des débats […] à l'Assemblée nationale, il y a un certain nombre de voix qui s'élèvent pour dire : 'non c'est de la surveillance généralisée, non ça va trop loin, non c'est une atteinte aux libertés'. Je crois qu'en la matière, il faut se donner les moyens et ce sera beaucoup plus efficace", plaide-t-il.