Remaniement : épaulé par Nuñez à l'Intérieur, Castaner va quitter La République en marche

La passation de pouvoir entre Édouard Philippe, Christophe Castaner et Laurent Nuñez est intervenue mardi matin, à Beauvau.
La passation de pouvoir entre Édouard Philippe, Christophe Castaner et Laurent Nuñez est intervenue mardi matin, à Beauvau. © Philippe LOPEZ / AFP
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Thibaud Le Meneec , modifié à
Attendu depuis deux semaines, le remaniement gouvernemental a été annoncé mardi matin. Parmi les mouvements notables, Christophe Castaner est promu à l'Intérieur, Didier Guillaume arrive à l'Agriculture et Marc Fesneau s'occupera des Relations avec le Parlement.

Cette fois-ci, c'est officiel. Après deux semaines de flottement, le remaniement gouvernemental a été annoncé mardi matin. Ce mouvement de chaises musicales devait être connu lundi, mais les inondations meurtrières de l'Aude ont obligé l'exécutif à décaler d'une journée la nomination de nouveaux membres du gouvernement, désormais composé de 35 membres, contre 31 auparavant. Le nouvel exécutif se réunira pour la première fois mercredi à l'occasion du Conseil des ministres, prévu à 10 heures.

Les infos à retenir :

  • Le remaniement a été annoncé mardi matin, avec une "équipe renouvelée mais dont le mandat politique reste le même" selon l'Élysée
  • Christophe Castaner est nommé à l'Intérieur, épaulé par Laurent Nunez, et va quitter la tête de LREM
  • Didier Guillaume devient ministre de l'Agriculture, Franck Riester remplace Françoise Nyssen à la Culture
  • Huit nouvelles personnalités rentrent au gouvernement au total

Nuñez, profil technique, épaule Castaner place Beauvau

Selon les informations d'Europe 1, confirmées par l'annonce officielle de l'Élysée, c'est Christophe Castaner qui a été nommé ministre de l'Intérieur en remplacement d'Édouard Philippe, lequel a cumulé cette fonction avec celles de Premier ministre pendant deux semaines. Lors de la passation de pouvoir, place Beauvau, il a eu "une pensée pour Stéphane Fratacci et Nicolas Lerner", deux membres du cabinet de Gérard Collomb.

Soutien de la première heure d'Emmanuel Macron, Christophe Castaner est épaulé par Laurent Nuñez, actuel patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), les renseignements intérieurs, après avoir été préfet de police de Marseille. Alors qu'il était jusqu'à présent délégué général de La République en marche, l'ancien secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement a annoncé son départ "dans les jours à venir" de la direction du mouvement présidentiel.

Nyssen et Travert quittent le gouvernement 

Parmi les autres mouvements de taille, Franck Riester remplace Françoise Nyssen au ministère de la Culture. Le vallsiste Didier Guillaume prend de son côté la suite de Stéphane Travert à l'Agriculture. Ce dernier quitte le gouvernement et pourrait endosser des responsabilités au sein de La République en marche. Aux Relations avec le Parlement, Christophe Castaner est remplacé par Marc Fesneau, actuel président du groupe MoDem à l'Assemblée nationale. Lors de la passation de pouvoir, Christophe Castaner a souligné le "plaisir" qu'il avait à transmettre les clés du secrétariat d'État à ce proche de François Bayrou, un an et demi après les "combats communs" menés par LREM et le MoDem pendant la campagne présidentielle.

Lecornu et Denormandie auprès de Gourault, promue aux Territoires

La MoDem Jacqueline Gourault, ancienne secrétaire d’État, devient ministre en charge de la Cohésion des Territoires, en remplacement de Jacques Mézard. Elle est secondée par deux anciens secrétaires d’État, promus ministres auprès d’elle : Sébastien Lecornu et Julien Denormandie. Le secrétariat d'État de Mounir Mahjoubi quitte le giron de Matignon et est rattaché à Bercy. Une modification de périmètre intervient également pour Marlène Schiappa, désormais chargée de la lutte contre les discriminations en plus de l'Égalité entre les femmes et les hommes.

De nouveaux secrétaires d'État

Du côté des nouveaux secrétaires d'État, le gouvernement enregistre plusieurs arrivées de jeunes personnalités :

  • Emmanuelle Wargon, 46 ans, secrétaire d’État auprès du ministre d’État François de Rugy, ministre de la Transition écologique et solidaire, en remplacement technique de Sébastien Lecornu. Elle fut par le passé conseillère de Bernard Kouchner, avant d'intégrer la direction de la communication du groupe Danone.
  • Christelle Dubos, 42 ans, secrétaire d’État auprès de la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn. Diplômée du secteur social, elle était jusqu'à présent députée LREM de la Gironde, élue en juin 2017.
  • Agnès Pannier-Runacher, 44 ans, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire. Elle était jusqu'à présent numéro 2 de la Compagnie des Alpes, une entreprise de loisirs et filiale de la Caisse des dépôts et consignations.
  • Gabriel Attal, 29 ans, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation Nationale et de la Jeunesse Jean-Michel Blanquer. Il était jusqu'à présent député LREM des Hauts-de-Seine, élu en juin 2017, ainsi que porte-parole du mouvement présidentiel. 

Pour l'opposition, un "rafistolage" avec des "seconds couteaux"

Sans surprise, l'opposition de gauche et de droite a critiqué un remaniement, épilogue d'un "feuilleton pathétique" selon la porte-parole des Républicains Laurence Sailliet. "Tout ça pour ça. C'est un périmètre qui se resserre autour des très proches du Président et du Premier ministre et sert le dernier cercle de ses derniers soutiens", critique le responsable EELV David Cormand, tandis que le député LFI Alexis Corbière évoque sur LCI un "rafistolage" et un "bricolage", qui permet à des "seconds couteaux" d'entrer au gouvernement, comme le raille le communiste Ian Brossat. Marine Le Pen, elle, préfère concentrer ses attaques sur le nouveau ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner.

De la "cosmétique un peu décevante", selon Aphatie

"L'enjeu, c'était le ministère de l'Intérieur. Le reste, c'est de la cosmétique un peu décevante", a jugé, in fine, Jean-Michel Aphatie, éditorialiste sur Europe 1. "Quand, dans un remaniement comme ça, vous n'avez pas un nom un peu fort, qui vient d'ailleurs, qui vous surprend, votre remaniement va faire un peu flop."