En Guyane, Macron appelle à ouvrir "une nouvelle page" avec tous les territoires ultramarins

Des thèmes tels que l'Immigration, insécurité, la santé, l'éducation et l'emploi ont été abordés lors de cette visite.
Des thèmes tels que l'Immigration, insécurité, la santé, l'éducation et l'emploi ont été abordés lors de cette visite. © ALAIN JOCARD / AFP
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avec AFP , modifié à
Avant de s'envoler pour Paris après 48 heures en Guyane, le président de la République a exposé l'objectif des Assises des Outre-mer, une de ses promesses de campagne.

Emmanuel Macron achève samedi sa visite de 48 heures en Guyane dans un climat toujours tendu, six mois après le large mouvement social du printemps, en exposant le chantier des Assises des Outre-mer, une de ses promesses de campagne.

En finir avec "les promesses non tenues". Le président Emmanuel Macron a plaidé samedi en Guyane pour qu'une "nouvelle page" s'ouvre entre l'État et chacun de ses territoires d'outremer, en se disant prêt à des "aménagements constitutionnels" si nécessaire. Dans "ce morceau de la République plongé au cœur de l'Amazonie", le chef de l'État a, au terme d'une visite de 48 heures, affirmé qu'il voulait en finir avec "une relation asymétrique" faite de "promesses non tenues", "d'engagements budgétaires dont plus personne ne comprend même la logique" et de "milliards accumulés sans qu'on n'explique jamais les délais".

"Je souhaite qu'une chose soit retenue de notre déplacement", à savoir la volonté "qu'une nouvelle page s'ouvre dans la relation entre l'État français et l'ensemble des territoires ultramarins", a-t-il martelé lors d'un discours de lancement des assises des Outre-mer à la préfecture de Cayenne, au côté de la ministre des Outre-mer, Annick Girardin.

Immigration, insécurité, service public et emploi. Vendredi soir, le chef de l'État avait renoncé à se rendre dans un commissariat de Cayenne devant lequel l'attendaient 150 manifestants du collectif Pou Lagwiyann dékolé (Pour que la Guyane décolle), dans une ambiance tendue mais sans heurts. Il avait choisi à la place de se rendre dans deux quartiers très défavorisés, le Rond-point des 100 boîtes aux lettres à Matoury et le quartier de la Crique à Cayenne, surnommé parfois "Chicago", où l'accueil a été bon. Il a alors insisté sur quelques mesures annoncées un peu plus tôt pour faire face aux difficultés que connaît ce vaste territoire français d'Amérique du sud de 83.000 km2 : immigration clandestine massive, insécurité croissante, défaillances dans les services de santé et le système scolaire, taux de chômage très élevé (23%).

Le président a en outre évoqué l'accélération du renforcement des effectifs de sécurité, avec l'arrivée de 90 gendarmes "dès 2018" et la création d'un nouveau commissariat à Cayenne, une "Arlésienne depuis 15 ans". Pour dissuader l'immigration, le gouvernement va aussi réduire à deux mois le versement de l'allocation versée aux demandeurs d'asile et imposer quinze ans de résidence sur le territoire pour avoir accès au RSA, désormais géré par l'État et "démonétisé".

Les engagements réaffirmés. Le chef de l'État, qui avait prévenu dès son arrivée qu'il n'était "pas le Père Noël", a aussi réaffirmé que l'État respecterait son engagement d'investir plus d'un milliard d'euros sur ce territoire grand comme le Portugal, qui cumule difficultés et retards. "L'intégralité des deux premiers volets" des accords conclus le 21 avril, sous François Hollande, pour mettre fin au vaste mouvement social du printemps "seront appliqués", a-t-il dit.

Le centre-ville de Cayenne est resté quadrillé par les forces de l'ordre dans la nuit de vendredi. Il n'y a pas eu de heurts, contrairement aux affrontements survenus la nuit précédente, alors que le collectif Pou Lagwiyann dékolé demandait une rencontre avec Emmanuel Macron. "La République ne cède pas aux gens qui sont en cagoule", a dit le président. Dans la soirée, un de ses conseillers a finalement reçu quatre membres du mouvement des Grands Frères, à leur demande, a informé l'Élysée.