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Ophélie Artaud / Crédit photo : GONZALO FUENTES / POOL / AFP
En visite en Nouvelle-Calédonie, Emmanuel Macron a laissé sous-entendre qu'il verrait bien Édouard Philippe prendre sa place en 2027. Une petite phrase qui a gêné le maire du Havre, et qui pourrait lui-même lui porter préjudice. Car comme l'explique le politologue Dorian Dreuil, "adouber trop vite, trop tôt et trop fort" peut-être "une manière d'écarter ou de ralentir".

Lors de son déplacement en Nouvelle-Calédonie en début de semaine, Emmanuel Macron s'est laissé aller à une petite confidence sur celui qu'il verrait bien être son successeur en 2027. Alors qu'il prenait un bain de foule, un homme lui lance : "2027, peut-être que monsieur Édouard Philippe vous remplacera". Ce à quoi le président répond : "Je souhaite en tout cas qu'il y ait vraiment une suite dans ce qu'on a mis en place et que celles et ceux qui m'ont accompagné depuis maintenant six ans puissent prendre le relais". Une petite phrase qui laisserait sous-entendre que le chef de l'État envisagerait de voir son ancien Premier ministre, actuellement maire du Havre et à la tête du groupe Horizons, prendre sa place à l'Élysée.

L'enjeu pour Édouard Philippe : "se démarquer" d'Emmanuel Macron

Si les prochaines présidentielles sont encore loin, cette déclaration gêne d'ores et déjà Édouard Philippe, qui cherche à se distinguer d'Emmanuel Macron. Cette déclaration pourrait donc être une sorte de "baiser de la mort", comme l'explique Dorian Dreuil, politologue, expert associé à la Fondation Jean Jaurès, invité d'Europe 1 ce dimanche. "On sait, dans l'histoire des présidents sortants, que parfois adouber trop vite, trop tôt et trop fort, est une manière d'écarter ou de ralentir", explique-t-il.

"Car il y a un enjeu dans la préparation de la candidature d'Édouard Philippe. Effectivement, il a un espace politique, le bloc central, qui est le socle électoral d'Emmanuel Macron et au sein duquel Édouard Philippe peut naviguer, proposer et engager une candidature. Mais en revanche, il y a un enjeu pour Édouard Philippe, ça va être de se démarquer d'une manière assez forte du président de la République actuel et de la majorité actuelle", détaille le politologue.

Se démarquer, pour ne pas donner l'impression d'une continuité directe avec Emmanuel Macron, "car au bout de dix ans de pouvoir, on peut imaginer qu'il va y avoir dans la société le sentiment du besoin d'alternance politique qui est faible en démocratie. Donc apparaître comme le dauphin adoubé du président sortant pourrait donner le sentiment d'un prolongement et d'une fuite naturelle qui nuirait à sa candidature".

Des indices sur une possible candidature dans le prochain livre d'Édouard Philippe ?

Selon Dorian Dreuil, l'autre enjeu pour Édouard Philippe va être "de créer une rupture, un peu comme l'avait fait Nicolas Sarkozy à son époque : la rupture dans la continuité. Il n'est pas aidé de ce point de vue là par les propos du président de la République qui le ramène à sa première fonction : avoir été son premier Premier ministre."

D'autant que pour le moment, le maire du Havre reste très discret sur son possible projet de candidature pour 2027. Mais Edouard Philippe publiera à la rentrée un nouvel ouvrage, intitulé Des lieux qui disent (Ed. JC Lattès)Un livre qui pourrait permettre d'en savoir un peu plus sur les ambitions du leader d'Horizons, selon Dorian Dreuil : "Pour comprendre Édouard Philippe, rien ne vaut mieux que de lire ses livres. Il y en a un qui arrive en septembre et sûrement que celles et ceux qui sauront lire entre les lignes et à travers les contrepèteries pourront décrypter un peu mieux sa stratégie", conclut le politologue au micro d'Europe 1.