Drogue, violences policières, affaire Sarah Halimi... Le résumé des déclarations de Macron

Emmanuel Macron a accordé un entretien au "Figaro" publié dimanche.
Emmanuel Macron a accordé un entretien au "Figaro" publié dimanche. © AFP
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avec AFP , modifié à
Le président de la République, Emmanuel Macron, a énuméré une série d'annonces sécuritaires dans un entretien accordé au "Figaro", et publié dimanche soir sur le site du quotidien. Le chef de l'Etat a également pris position sur des sujets sensibles comme les violences policières ou les relations franco-algériennes.
L'ESSENTIEL

Lancement d'un "débat national sur la consommation de drogue", modification de la loi concernant la responsabilité pénale en cas de prise de stupéfiants, changement de l'uniforme des policiers... Dans une interview accordée au Figaro, et publiée dimanche soir sur le site du quotidien, Emmanuel Macron a énuméré une série de réformes qu'il souhaite mettre en place. Le président de la République a également pris position sur des sujets sensibles, comme les violences policières ou la réconciliation des mémoires entre Français et Algériens. 

Appel à "un grand débat national sur la consommation de drogue"

Emmanuel Macron appelle dans Le Figaro à "lancer un grand débat national sur la consommation de drogue". "La France est devenue un pays de consommation et donc, il faut briser ce tabou, lancer un grand débat national sur la consommation de drogue et ses effets délétères", estime le chef de l'Etat. En plus des risques pour leur santé, Emmanuel Macron considère que "ceux qui prennent de la drogue (...) alimentent aussi le plus grand des trafics".

Dès lors, il veut "ne laisser aucun répit aux trafiquants de drogue" afin de "faire reculer la délinquance". "La drogue innerve certains réseaux séparatistes mais aussi la délinquance du quotidien, y compris dans les petites villes épargnées jusqu’ici. Ne laisser aucun répit aux trafiquants de drogue, c’est faire reculer la délinquance partout", souligne le président.

Il affirme que le gouvernement passe donc "à la vitesse supérieure" avec l'objectif de "harceler les trafiquants et les dealers". "Sur les 4.000 points de deal répertoriés récemment, plus de 1.000 opérations coup-de-poing ont été réalisées ces dernières semaines. Et chaque jour, nous fermons un point de deal. Allez voir dans les quartiers comment cela change la vie", ajoute-t-il.

Changer la loi pour que la prise de stupéfiants ne supprime pas la responsabilité pénale

Mercredi, la Cour de cassation a confirmé l'irresponsabilité pénale du meurtrier - fort consommateur de cannabis depuis l'adolescence - de Sarah Halimi, une sexagénaire juive tuée en 2017 à Paris. Dans l'entretien, Emmanuel Macron dit souhaiter un changement de la loi pour que la prise de stupéfiants ne supprime pas cette responsabilité pénale. "Décider de prendre des stupéfiants et devenir alors 'comme fou' ne devrait pas à mes yeux supprimer votre responsabilité pénale. Sur ce sujet, je souhaite que le garde des Sceaux présente au plus vite un changement de la loi", explique-t-il.

"Il ne m'appartient pas de commenter une décision de justice, mais je voudrais dire à la famille, aux proches de la victime et à tous nos concitoyens de confession juive qui attendaient ce procès, mon chaleureux soutien et la détermination de la République à les protéger", ajoute Emmanuel Macron.

"Pas de racisme systémique de la police"

Le chef de l'Etat est revenu sur les "violences policières", expression qu'il avait utilisée en décembre pour la contredire aussitôt. Cette fois, il s'est voulu extrêmement clair. "Il n'y a pas de violence systémique de la police, c'est faux ; il n'y a pas de racisme systémique de la police, c'est faux, pas plus qu'il n'y en a dans la gendarmerie ou au sein de l'État", considère-t-il, tout en répétant que le contrôle au faciès est une réalité.

Emmanuel Macron exprime aussi son soutien aux policiers attaqués, en particulier ceux de Viry-Châtillon brûlés par un groupe d'assaillant en 2016. "Les actes commis sont ignobles et d'une rare cruauté", déclare-t-il. "Jamais je n'accepterai que l'on s’attaque à ceux dont le métier est de nous protéger".

Les uniformes des policiers vont être modifiés, 10.000 policiers et gendarmes en plus d'ici 2022

Emmanuel Macron promet dans l'entretien de tenir son objectif de 10.000 policiers et gendarmes supplémentaires d'ici la fin du quinquennat. Ainsi, "chaque circonscription de police aura plus de policiers à la fin du quinquennat qu'au début, sans exception", affirme-t-il. "Chaque Français verra plus de bleu sur le terrain en 2022 qu'en 2017. Ça rassure les gens, ça dissuade les délinquants", indique le chef de l'Etat. Il annonce par ailleurs la modernisation de l'uniforme des policiers et le remplacement de la casquette par un calot.

Autre annonce : la création à Montpellier d'une "école de guerre avec de la formation continue" pour les policiers. Dans cette académie de police, les policiers effectueront des formations de trois à six mois tout au long de leur parcours.

Emmanuel Macron confirme aussi, comme prévu par la loi "sécurité globale", la création d’une réserve de 30.000 hommes dans la police. Enfin, le président annonce le renouvellement de 50% du parc automobile de la police. 

La volonté de réconciliation entre Français et Algériens soulignée malgré des "résistances"

Le président de la République estime que la volonté de réconciliation des mémoires entre Français et Algériens est "très largement partagée, notamment par le président (algérien Abdelmadjid) Tebboune" malgré "quelques résistances" en Algérie. Il qualifie ainsi d"inacceptable" la déclaration du ministre algérien du Travail, Hachemi Djaaboub, qui a affirmé que la France était "l'ennemi traditionnel et éternel" des Algériens. Les relations traditionnellement difficiles entre la France et l'Algérie connaissent un nouveau coup de froid après le report sine die d'un déplacement du Premier ministre français Jean Castex à Alger, prévu dimanche dernier.

"Ne vous y trompez pas, derrière le sujet franco-algérien il y a d'abord un sujet franco-français", affirme Emmanuel Macron. "Au fond, nous n'avons pas réconcilié les mémoires fracturées ni construit un discours national homogène (...) La mémoire fracturée, c'est celle des pieds-noirs, celle des harkis, celle des appelés du contingent, celle des militaires français, celle des Algériens venus ensuite en France, celle des enfants de cette migration, celle des binationaux…"

"Je ne suis ni dans la repentance ni dans le déni. Je crois dans une politique de la reconnaissance qui rend notre nation plus forte", conclut-il.