(Image d'illustration.) 1:45
  • Copié
, modifié à
Le débat sur l’immigration voulu par Emmanuel Macron s’ouvre lundi, à l’Assemblée nationale. Hervé Le Bras, démographe spécialiste des migrations, analyse au micro d’Europe 1 la philosophie et les propositions de la majorité.
INTERVIEW

Discret sur le sujet lorsqu'il était candidat à la présidentielle avant son élection en mai 2017, Emmanuel Macron fait désormais de l’intégration "une priorité absolue". En marge de l’assemblée générale des Nations Unies à New York le 25 septembre dernier, le chef de l’Etat avait haussé le ton : "Ce serait une erreur de dire que la question migratoire est une question taboue ou qu’on ne pourrait la poser que quand il y a des crises. Il ne faut pas faire croire aux gens qu’on serait aujourd’hui débordés par ce phénomène. La France ne peut pas accueillir tout le monde si elle veut accueillir bien."

Invité dimanche d'Europe 1, Hervé Le Bras, démographe spécialiste des migrations, affirme qu’il s’agit surtout d’"une posture politique" de la part du chef de l'État. Et selon lui, ce ne sera pas forcément payant. "Les dernières enquêtes comme celles d’Ipsos montrent que l’immigration n’est plus la question qui préoccupe le plus les Français, vaincue par l’environnement et le pouvoir d’achat", rappelle-t-il.

"Les motivations ne sont pas toujours liées à la persécution politique, pour laquelle le droit d’asile a pourtant été conçu"

Le 16 septembre dernier, le chef de l’Etat a appelé majorité et gouvernement à la fermeté sur le détournement du droit d'asile. "Sur ce point, le président de la République a raison, il y a un véritable problème", cède le spécialiste. "Il y a quatre ou cinq ans, on comptait un peu plus de 60.000 demandes par an, l’année dernière on est monté à 110.000 nouvelles demandes. Beaucoup viennent de pays où les problèmes ne sont pas énormes comme la Géorgie, le Kosovo… Les motivations ne sont pas toujours liées à la persécution politique, pour laquelle le droit d’asile a pourtant été conçu."

Le démographe souligne néanmoins "une erreur importante" d'Emmanuel Macron : "Il assimile la question des migrations à la question de l’asile", estime-t-il. "Même si on a eu un nombre très important de demandes d’asile l’année dernière, les migrations régulières – celles qui donnent lieu à des cartes de séjour –, étaient elles aussi montées à 260.000. Le vrai phénomène migratoire, lié à l’économie, ce sont ces demandes régulières."