Olivier Faure 1280 4:20
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Romain David , modifié à
Au micro du Grand Rendez-vous, sur Europe 1, le premier secrétaire du PS s'est opposé à l'interdiction des signes religieux pour les accompagnants scolaires.
INTERVIEW

Le débat sur la place du voile islamique au sein de l’espace publique continue d'agiter la classe politique. Une proposition de loi a été déposée par une sénatrice LR, avec pour objectif d'assurer la neutralité religieuse des personnes concourant au service public de l'éducation, comme les parents accompagnant les sorties scolaires, par exemple. Alors que le texte sera examiné mardi 29 octobre, Olivier Faure, invité dimanche du Grand Rendez-vous sur Europe 1, a estimé qu’il s’agissait d’une mesure stérile et stigmatisante.

"Est-ce que vous pensez vraiment qu’une femme qui tient la main d’un enfant pour traverser un passage piéton est une éducatrice ? Est-ce que vous pensez qu’une femme qui accompagne des enfants à la piscine est une éducatrice ?", a questionné le premier secrétaire du PS. "Partout, dans tous les pays, on a cherché à éradiquer tout signe religieux, tout signe de foi, et ils sont revenus plus fort encore", avertit cet élu.

"Sur les accompagnatrices scolaires, je ne vois aucune raison de changer les règles"

La question de la place du voile dans l’espace public s'est largement cristallisée ces dernières semaines sur le milieu scolaire, après le tollé soulevé par une vidéo diffusée début octobre par Julien Odoul, élu du Rassemblement national, sur Twitter. Dans cette vidéo, on le voit exhorter vivement une accompagnatrice scolaire, assistant avec la classe de son fils à une assemblée du Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté, à retirer son voile. 

"Sur les accompagnatrices scolaires, je ne vois aucune raison de changer les règles", déclare Olivier Faure. "Les seuls usagers du service public qui ont obligation de ne pas porter de signe distinctif, ce sont les élèves. Pourquoi ? Parce que c’est un moment dans leur vie où l'on considère qu’ils ont à apprendre ce qui nous est commun, et où ils ont la possibilité de s'émanciper, notamment de leur milieu d'origine", veut-il rappeler.

Pour lui, il n'est pas gênant qu'un parent encadrant une sortie arbore un signe religieux, du moment que sont comportement vis-à-vis des élèves reste neutre et ne glisse pas vers le prosélytisme. "Cette femme venait accompagner ces enfants pour leur montrer comment fonctionne la démocratie, j’y vois au contraire un signe d’intégration, pas de sécession", relève Olivier Faure.

La place de l'islam en France

Dans un sondage Ifop pour Le Journal du Dimanche, 73% des Français se prononcent pour l'interdiction de tout signe religieux ostensible pour les parents accompagnant des sorties scolaires. Une mesure approuvée par 69% des sympathisants du PS. Toujours selon la même enquête, 61% des Français estiment que l’islam est incompatible avec les valeurs de la société française. Et 45% des électeurs socialistes le pensent également. "Il m’arrive d’être minoritaire. Moi, je ne pense pas ça", balaye Olivier Faure. "Mais je pense que c’est aussi lié au fait que l’on ne parle d’islam que pour en dénoncer les travers. Ils existent. Il y a dans l’islam des communautaristes, des gens radicalisés, ceux-là posent problème et doivent être combattus, mais ceux-là seulement", martèle-t-il.

"La réalité, c’est que le débat sur la laïcité porte principalement sur la place de l’islam en France", pointe encore celui qui est également député de Seine-et-Marne. "Aujourd’hui, vous avez quelques individus qui commettent l’irréparable, et au nom de ces individus, on devrait remettre en cause toute une religion et des Français de confession musulmane. Ça n’est pas normal", s’agace-t-il.