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Jacques Serais, édité par Gauthier Delomez avec AFP , modifié à
Emmanuel Macron a déclaré mardi, dans un entretien au "Parisien", être décidé à "emmerder" les non-vaccinés "jusqu'au bout" en "limitant pour eux, autant que possible, l'accès aux activités de la vie sociale". Une déclaration qui fait réagir la scène politique française, de Jean-Luc Mélenchon à Eric Zemmour.

Une déclaration loin de passer inaperçue. Emmanuel Macron a affirmé mardi, dans un entretien au Parisien, être décidé à "emmerder" les non-vaccinés "jusqu'au bout" en "limitant pour eux, autant que possible, l'accès aux activités de la vie sociale". "Les non-vaccinés, j'ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu'au bout. C'est ça, la stratégie", déclare le chef de l'Etat, alors que le texte sur le pass vaccinal donne lieu à un débat houleux à l'Assemblée nationale.

A une question d'une lectrice du Parisien soulignant que les non-vaccinés "occupent à 85% les réanimations", ce qui entraîne un report des opérations, Emmanuel Macron répond que cette remarque "est le meilleur argument" pour la stratégie du gouvernement et que, "en démocratie, le pire ennemi c'est le mensonge et la bêtise". "La quasi-totalité des gens, plus de 90 %, ont adhéré" à la vaccination et "c'est une toute petite minorité qui est réfractaire", ajoute-t-il.

"Je ne vais pas mettre les non-vaccinés en prison", promet Macron

"Celle-là, comment on la réduit ? On la réduit, pardon de le dire, comme ça, en l'emmerdant encore davantage. Moi, je ne suis pas pour emmerder les Français. Je peste toute la journée contre l'administration quand elle les bloque. Eh bien là, les non-vaccinés, j'ai très envie de les emmerder", poursuit-il.

"Je ne vais pas les mettre en prison, je ne vais pas les vacciner de force. Et donc, il faut leur dire : à partir du 15 janvier, vous ne pourrez plus aller au restau, vous ne pourrez plus prendre un canon, vous ne pourrez plus aller boire un café, vous ne pourrez plus aller au théâtre, vous ne pourrez plus aller au ciné...", explique le chef de l'Etat. Il s'exprimait alors que les députés avaient repris le débat sur le pass vaccinal dans une ambiance électrique après le vote surprise refusant la poursuite des débats dans la nuit de lundi à mardi.

"Consternant" pour Mélenchon, "indigne" pour Marine Le Pen

Le candidat LFI à la présidentielle et député Jean-Luc Mélenchon a été l'un des premiers responsables à réagir à l'entretien au Parisien. "Le Président maîtrise-t-il ce qu'il dit ? L'OMS dit "convaincre plutôt que contraindre". Et lui ? "Emmerder davantage". Consternant", dénonce-t-il dans un tweet. Pour Marine Le Pen, la candidate du RN, "un Président ne devrait pas dire ça. Le garant de l'unité de la nation s'obstine à la diviser et assume vouloir faire des non-vaccinés des citoyens de seconde zone. Emmanuel Macron est indigne de sa fonction".

"Président, j'arrêterai d'emmerder les Français. Le Président sortant, lui, parle ouvertement d'emmerder une catégorie de Français", a aussi immédiatement twitté le candidat de la droite de la droite Eric Zemmour. Chez LR, Bruno Retailleau a estimé qu'aucune "urgence sanitaire ne justifie de tels mots. Emmanuel Macron dit avoir appris à aimer les Français, il aime surtout les mépriser. On peut encourager à la vaccination sans insulter personne ni pousser à la radicalisation", a-t-il affirmé.

"Il fait de la vaccination un referendum pour ou contre Macron. C'est une faute politique", a tancé le candidat écologiste Yannick Jadot. "Réunir la France", a commenté avec ironie sur Twitter sa rivale socialiste Anne Hidalgo, tandis que le chef du PS Olivier Faure a dénoncé des "propos de candidat qui cherche à cliver pour consolider son socle électoral".

Le seuil du pass vaccinal repoussé à 16 ans

Les députés ont repoussé à 16 ans contre 12 auparavant le seuil exigé pour le pass vaccinal, afin d'apaiser des débats engagés dans une ambiance électrique. La modification a été adoptée à la quasi-unanimité -386 voix pour, deux contre- lors de l'examen en première lecture au Palais Bourbon du projet de loi instaurant le pass vaccinal. Le compromis sur cette question touchant à la vaccination des mineurs, qui avait fortement contribué à crisper le débat, s'est fait autour d'un amendement de la socialiste Cécile Untermaier, sous-amendé en séance par le gouvernement.