Conférence de presse de François Fillon : la presse étrangère compare le candidat à Donald Trump

Fillon conférence de presse
Des médias étrangers ont fustigé les propos de François Fillon, le comparant à Donald Trump. © CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
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M.Be
Des médias étrangers ont vu dans la rhétorique de François Fillon mercredi des éléments de langage déjà employés par Donald Trump, ou encore par les dictateurs du monde arabe.

Il dénonce un "assassinat politique", elle le voit comme un Donald Trump à la française. La presse étrangère a fait part de sa consternation au lendemain de la conférence de presse de François Fillon, lors de laquelle il a annoncé le maintien de sa candidature à la présidentielle, y compris s'il était mis en examen dans l'enquête sur les soupçons d'emplois fictifs de ses proches. François Fillon n'a pas mâché ses mots en accusant la justice de ne pas être indépendante : le candidat de la droite a estimé que sa convocation devant les juges était une manœuvre politique qui "fauche" l'élection présidentielle.

Une dérive de l’État de droit, selon la presse étrangère. François Fillon a en outre déclaré qu'il n'était pas traité comme "un justiciable comme les autres" et que "l'État de droit a été systématiquement violé" dans cette affaire. Cette rhétorique a choqué au-delà des frontières françaises, comme l'a souligné Courrier international jeudi. Les éditoriaux de la presse étrangère, et notamment européenne, relevés par Europe1.fr, voient dans le discours du candidat LR une dérive de l’État de droit, allant jusqu’à le comparer à Donald Trump, aux dictateurs arabes ou encore à Silvio Berlusconi.

  • François Fillon "dans le sillage des populistes" – Le Soir

Le journal belge Le Soir estime dans son éditorial jeudi que François Fillon "s'est mis dans le sillage des populistes à la Trump, Le Pen, Wilders, Kaczunski et autres Orban", le jugeant "dangereux pour la démocratie". "C'est pour régler son sort personnel que cet homme politique a insulté l'État de droit, en se plaçant au-dessus des lois et en mettant en cause l'indépendance de la justice française", poursuit le quotidien belge. Le Soir en conclut que le candidat s'est déjà "disqualifié pour la présidentielle".

  • Un "partisan de la théorie du complot" – Die Welt

En Allemagne, le Die Welt a également comparé François Fillon au nouveau président américain en estimant que la conférence de presse de mercredi constituait "le premier moment à la Trump de la campagne électorale française". Et il va même plus loin en affirmant : François "Fillon s'est présenté devant les médias comme un partisan de la théorie du complot", détaille encore le journal allemand.

  • "Le vocabulaire des complotistes" - La Tribune de Genève

La Tribune de Genève écrit pour sa part que François Fillon "utilise le vocabulaire jusqu’au-boutiste des complotistes les plus inconséquents". Le journal suisse, qui rappelle que le candidat bénéficie de la présomption d'innocence, estime qu'il a "répondu de la pire manière possible" en attaquant les médias et les juges : "Pourquoi le candidat de la droite a-t-il choisi de se défendre avec une véhémence qui le fait ressembler à un factieux ? Pourquoi ses équipes relaient-elles les appels à la manifestation d’un magazine, Valeurs Actuelles, qui flirte avec l’extrême droite ?", s’interroge ainsi le journal.

  • "Fillon imite le populiste Berlusconi" - Blitz

En Italie, le média en ligne Blitz a comparé François Fillon à Silvio Berlusconi, l’ancien chef du gouvernement italien empêtré par le passé dans plusieurs affaires : "Fillon, qui faisait le moraliste, imite désormais le populiste Berlusconi anti-juges", selon le média italien cité par RFI. De même, le journal La Repubblica fait un rapprochement entre les deux hommes, avec d’un côté François Fillon qui se dit victime d’un "complot judiciaire et médiatique" et de l’autre Silvio Berlusconi qui se présentait comme une "victime des juges communistes" et des médias.

  •  "La rhétorique des dirigeants autoritaires du monde arabe" - L’Orient-Le-Jour

Le quotidien libanais L'Orient-Le-Jour compare quant à lui François Fillon aux "dirigeants autoritaires du monde arabe" : "Le populisme complotiste du député de Paris fait penser à la rhétorique employée par les dirigeants autoritaires du monde arabe pour faire taire les mouvements de contestation", écrit le journal. "Accuser les juges et les médias, deux garants de l'État de droit, d'avoir fomenté un complot visant à ‘l'assassiner politiquement’ est un mépris des règles les plus élémentaires de la vie démocratique", poursuit le journal francophone, qui conclut ainsi : "Les mots qu'il a prononcés hier ressemblent davantage à de la lâcheté et à de la malhonnêteté. Des mots que ne renieraient probablement pas Marine Le Pen ou Donald Trump."