Adrien Quatennens 3:25
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Mathilde Durand , modifié à
La France Insoumise votera contre le référendum annoncé par Emmanuel Macron pour inscrire la lutte contre le réchauffement climatique dans l'article premier de la Constitution. Sur Europe 1, Adrien Quatennens dénonce mercredi une volonté "d'amnistie" du président de la République. 
INTERVIEW

Emmanuel Macron a annoncé la tenue d'un référendum pour inscrire la lutte contre le réchauffement climatique dans l'article premier de la Constitution, une des 149 propositions émises par les membres de la Convention citoyenne pour le climat (CCC). Si Jean Castex saluait sur Europe 1 cette décision, la qualifiant de "quintessence de la démocratie", l'opposition dénonce un coup politique ou de communication. Jean-Luc Mélenchon, leader du parti La France Insoumise a déjà annoncé qu'il voterait contre. Adrien Quatennens, député LFI de la 1ère circonscription du Nord, coordinateur du parti, en explique les raisons au micro de Sonia Mabrouk, mercredi.

"Un affichage politique", "une amnistie"

"Nous répondrons non, parce que ce n'est pas un référendum que propose Emmanuel Macron, c'est une amnistie. En réalité, il y a déjà une charte de l'environnement intégrée à la Constitution. Emmanuel Macron ne la respecte pas, comme il ne respecte pas les engagements pris par la France lors des Accords de Paris", assure-t-il. "Emmanuel Macron mène une politique anti-écologiste depuis le début de ce quinquennat", ajoute le député, citant la réintroduction des néonicotinoïdes ou encore le retard pris sur l'interdiction du glyphosate

Le coordinateur de la France Insoumise dénonce "un affichage politique". "Si la Constitution, par ailleurs, doit être changée, il faut que ce soit dans le cadre d'une Assemblée constituante où le peuple redéfinit la règle du jeu, pas un tripatouillage de communication."

Parmi les propositions émises par la Convention citoyenne pour le climat (CCC), le coordinateur de la France Insoumise relève qu'elles correspondent à "90%" au programme de Jean-Luc Mélenchon. "Je comprends qu'Emmanuel Macron, qui a tiré au sort des citoyens, qui les a fait travailler et dont il ressort un programme qui à 90% est celui de Jean-Luc Mélenchon, n'ait pas très envie de l'appliquer...", ironise-t-il, pointant le risque de détricotage des propositions de la CCC dans le projet de loi à venir, craint par plusieurs militants écologistes. 

Planifier l'économie selon une ambition écologique

"Il faut organiser la planification de la bifurcation écologique. Il faut mettre toute l'économie du pays au service d'un objectif : la neutralité carbone. Et nous pensons, à la France Insoumise, se passer, à terme, du nucléaire", explique Adrien Quatennens, soulignant qu'une telle transition ne peut "s'opérer en un claquement de doigt". "Nous pouvons le faire d'ici à 2050, si on déploie massivement ce qu'il faut dans les énergies renouvelables."

"Il va falloir réduire le transport aérien, cela ne veut pas dire tout arrêter d'un coup", évoque le député LFI. "Mais tout le monde comprend qu'on va devoir faire face à de grands périls liés aux changements climatiques. La crise sanitaire que nous vivons, et le niveau de mobilisation qu'elle exige, c'est une sorte de répétition générale des crises climatiques  qui nous attendent."

Une planification écologique de l'économie qui serait source d'une relance durable. La transition énergétique, agricole, le plan "eau", une nouvelle "économie de la mer" seraient sources de création de millions d'emplois, de nouveaux métiers et de nouvelles formations, selon Adrien Quatennens. "C'est autre chose que le saupoudrage du plan de relance sans contreparties sociales, sans contreparties écologiques", lance-t-il. "Il faut mettre toute l'économie du pays au service de cette ambition climatique".