Macron 4:59
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Thibault Nadal , modifié à
En marge du défilé du 14-Juillet, Emmanuel Macron a donné une interview télévisée sur TF1 et France 2. Le chef de l'État en a profité pour balayer les nombreux sujets qui émaillent son début de quinquennat, notamment la guerre en Ukraine, l'énergie, le travail et l'assurance-chômage, ou encore les Uber files.

Emmanuel Macron a renoué avec une vieille tradition en ce jeudi : l'interview du 14-Juillet, jour de fête nationale. Le président de la république a livré son premier entretien télévisé depuis sa réélection le 24 avril dernier. Sur TF1 et France 2, le chef de l'État a délivré plusieurs messages et montré un exécutif fort dans une période pourtant compliquée.

"Cette guerre va durer", au sujet de l'Ukraine

"Nous avons la première armée d'Europe. Nous avons une armée forte, dotée de la dissuasion nucléaire. Nous n'avons pas peur de la guerre. La France a les moyens d'aider l'Ukraine, ses alliés, et de se protéger. Fort de ce nouveau contexte, on doit absolument investir et continuer à voir une armée encore plus forte. Il faut intensifier l'effort et continuer jusqu'en 2030. Il faut être fort sur le plan cyber. Il faut investir sur la résilience. Le budget des armées ne va pas diminuer, au contraire. On doit produire plus vite et plus fort".

Au sujet de la durée de la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron affirme "ne pas avoir toutes les réponses. Nous devons nous préparer tous à ce qu'elle dure. L'été et l'automne vont être très durs. Nous ne voulons pas d'une guerre mondiale. Nous voulons stopper la guerre sans faire la guerre".

"Nous devons nous préparer à un scénario où nous nous passerons totalement du gaz russe"

"Les prix de l'énergie sont montés avant la guerre. Le vrai changement de ces derniers jours, c'est la décision russe de couper le gaz. Nous sommes dans une guerre hybride. La Russie utilise l'énergie comme une arme de guerre. Nous devons nous préparer à un scénario où nous devons nous passer totalement du gaz russe", annonce Emmanuel Macron, en ajoutant que l'État allait préparer dès cet été un "plan de sobriété énergétique".

"Il va falloir diversifier nos partenaires et nous voulons remplir nos stocks. Je vais demander aux Français de consommer moins. On doit essayer de réduire pour passer le pic de l'hiver. On doit le faire pour éviter des coupures complètes. On va d'abord à passer la responsabilisation. On consomme moins que l'année dernière selon les premiers chiffres".

"L'État va donc préparer cet été un plan de sobriété énergétique"

"Cette crise énergétique doit permettre d'accélérer la transition écologique. L'écologie est une urgence. On a un modèle énergétique qui ne dépend pas des énergies fossiles. Il faut développer aux renouvelables. On va passer, dès cet été, une loi pour aller beaucoup plus vite pour produire du solaire, éolien off-shore et développer des éléments pour nous permettre de nous éloigner du fossile. L'État va donc préparer cet été un plan de sobriété énergétique. Mais face à cette crise, le nucléaire est une solution durable. Ça l’est en France et à l’étranger aussi".

"La meilleure réponse au pouvoir d'achat, c'est le travail"

"On va devoir progressivement cibler les choses. Ce n'est pas possible que l'État prenne tout en charge. On va aller vers des mécanismes qui vont plus cibler les gens qui en ont le plus besoin, ce qui ne veut pas dire que les classes moyennes ne seront pas aidées (...). Elles vont être resserrées vers ceux qui en ont le plus besoin", avance le président.

"Ce sont des périodes qui seront difficiles. On va aider les Français de cette classe moyenne. La meilleure réponse au pouvoir d'achat, c'est le travail. Je veux dès cet été que nous puissions avancer sur la réforme du travail, notamment de l'assurance chômage. Il faut aller plus loin sur ce sujet. Il n'y a pas un endroit en France où des gens ne vous disent pas qu'ils cherchent des salariés", explique Macron, réaffirmant au passage que "trouver du travail en traversant la rue, c'est encore plus vrai aujourd'hui". "Il n'y a pas de modèle social, s'il n'y a pas de social pour le financer. Nous sommes un des modèles sociaux les plus généreux au monde."

Sur la hausse des salaires : "Les négociations salariales, c’est leur affaire. L’État a été là pendant le Covid-19, j’en appelle à la responsabilité des entreprises", explique le président.

Uber files : "Je n'ai pas un tempérament à être sous influence"

Accusé par un consortium de médias d'avoir favorisé l'implantation d'Uber en France, Emmanuel Macron rétorque qu'il n'a pas "un tempérament à être sous influence. Jamais, je ne regretterai. S'il fallait le refaire demain, je le ferai. Quand on a ouvert le marché à de nouvelles activités, on a enlevé des sur-profits. On avait des besoins de transport (...) On a ouvert des milliers d'emplois. Ensuite, on a régulé les plateformes. Je serai toujours pour qu’on ouvre des nouvelles possibilités dans notre économie et pas qu’on laisse des chasses gardées. J’entends les cris d’orfraie qui, en ce moment sur le sujet des VTC, se fichent totalement de savoir si pour les jeunes qui sont dans des quartiers difficiles et qui ne trouvent pas assez de réponses à leur CV, on crée suffisamment d’emplois ou pas. C’est ça le combat".

"Nous devons travailler plus et plus longtemps"

"Nous devons travailler plus et plus longtemps. Nous avons un des modèles social des plus généreux. La discussion doit commencer à la rentrée. Au sortir de l'été, il y aura une discussion stratégique avec toutes les forces de la Nation. Dès l'été 2023, on doit avoir une entrée en vigueur de la réforme des retraites".

Macron appelle à "des compromis responsables" à l'Assemblée nationale 

"Je crois en l'esprit des responsabilités des forces à l'Assemblée. La majorité fait un travail remarquable. Je pense que les LR auront du mal à expliquer devant leurs électeurs ce qu’ils ont fait l’autre soir. Je crois d’ailleurs dans la sagesse de ces mêmes parlementaires pour les textes qui viennent et dans la sagesse des sénateurs. Le gouvernement saura rétablir un texte qui nous permettra d’aller au bout. Donc oui, je pense qu’il y aura une responsabilité collective qui prévaudra".

Pour rappel, la majorité s'est prise un camouflet ces derniers jours, notamment sur le projet de loi sanitaire, dont une partie a été retoquée. Le Président a également fait référence au référendum. 

"Le pic de la 7e vague est en train d’être passé"

Sur le coronavirus, Emmanuel Macron s'est montré bref. Il estime que "le pic de la 7e vague est en train d’être passé" et annonce que le gouvernement "prépare une campagne de rappel pour les plus fragiles". 

Pour conclure, Emmanuel Macron, souvent comparé à Jupiter, préfère se comparer à "Vulcain", le Dieu romain du feu et fils de Jupiter.