Élisabeth Borne 2:51
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avec AFP , modifié à
Pour faire adopter sans vote la partie "recettes" du projet de budget de l'Etat pour 2023 en nouvelle lecture, la Première ministre Élisabeth Borne a de nouveau engagé jeudi la responsabilité de son gouvernement devant l'Assemblée nationale en actionnant un huitième fois l'article 49.3 de la Constitution.

La Première ministre Élisabeth Borne a de nouveau engagé jeudi la responsabilité de son gouvernement devant l'Assemblée nationale, dans le but de faire adopter sans vote la partie "recettes" du projet de budget de l'Etat pour 2023 en nouvelle lecture. Dans un enchaînement désormais bien rodé, LFI a riposté dans la foulée par l'annonce du dépôt d'une motion de censure, la huitième de leur part, pour répondre à autant de recours à l'article 49.3 de la Constitution par l'exécutif pour faire passer les textes budgétaires.

Élisabeth Borne a justifié sa décision par la nécessité d'adopter le projet de loi de finances "dans les délais impartis" et par le fait "qu'aucun des groupes d'opposition ne nous a fait connaître une évolution de sa position sur son vote final".

Un temps de débat "raccourci" par les motions de censure, regrette Borne

"Des débats se sont tenus dans l'hémicycle en première lecture et le texte a été adopté, enrichi par des propositions de la majorité comme des oppositions" et "un examen complet de cette première partie du projet de loi de finances a également eu lieu au Sénat", a fait valoir Élisabeth Borne. Mais "la France doit être dotée d'un budget au 1er janvier prochain" et "notre temps de débat a été raccourci par le dépôt systématique de motions de censure", a-t-elle poursuivi, sous les protestations des oppositions.

"En macronie, la seule chose dont on ne manque pas c'est de 49.3. Contre le passage en force d'un budget insincère et austéritaire, il y aura une 8e motion de censure!", a immédiatement répliqué la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot sur Twitter. "Le gouvernement est minoritaire" et "est obligé de passer en force", sans "aucun compromis", a aussi déploré le président LFI de la commission des Finances de l'Assemblée Eric Coquerel, appelant à ne "pas banaliser" l'usage du 49.3.

"La séance la plus courte sur un budget"

"Le compromis suppose des agents du compromis", a rétorqué Mathieu Lefèvre (Renaissance), quand son collègue Jean-René Cazeneuve, rapporteur général du budget, jugeait que "le dialogue a eu lieu, le débat a eu lieu, sur ce budget on parle d'une cinquantaine d'heures au total". La motion devrait être débattue dans l'hémicycle d'ici la fin de semaine.

Ce jeudi, "on a eu la séance la plus courte sur un budget", avec un 49.3 dégainé d'emblée, a souligné devant la presse la socialiste Christine Pires Beaune, dont le groupe prévoyait de défendre une motion de rejet préalable. "Est-ce qu'ils vont pouvoir continuer comme ça pendant cinq ans ?", a-t-elle demandé au sujet de la majorité présidentielle.

"Ils sont en train de se couper du pays. Dans mon département, une coordination de gilets jaunes vient de se réunir. Le pays est en grande souffrance, ils n'en ont pas pris la mesure", a estimé le communiste Nicolas Sansu, élu du Cher. L'alliance de gauche Nupes devrait déposer une motion de censure commune à l'occasion de la lecture définitive du budget la semaine prochaine.