Biens volés aux juifs : Édouard Philippe veut "faire mieux" dans la restitution

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Europe1.fr avec AFP
Le Premier ministre veut que l'État travaille davantage à restituer les biens culturels spoliés aux juifs pendant l'Occupation. Plus de 2.000 biens sont concernés.

Le Premier ministre Édouard Philippe a indiqué dimanche, à l'occasion de la commémoration de la rafle du Vél d'Hiv de juillet 1942, vouloir "faire mieux" pour la restitution des biens culturels aux juifs spoliés pendant l'Occupation.

Restituer ou indemniser. "Il est un domaine dans lequel nous devons faire mieux, celui de la restitution des biens culturels", a déclaré le chef du gouvernement, depuis le Square des martyrs juifs à Paris. Un rapport remis en avril à la ministre de la Culture Françoise Nyssen a critiqué l'actuelle politique de restitution et préconisé qu'elle soit confiée à un service dédié. "J'ai décidé de doter la CIVS (Commission pour l'indemnisation des victimes de spoliations) d'une nouvelle compétence, celle de pouvoir recommander la restitution de ces œuvres, ou à défaut d'indemniser les personnes concernées", a déclaré Édouard Philippe. 

Il a "également décidé de charger le ministère de la Culture d'instruire directement ces dossiers, et de prendre une part beaucoup plus active dans le travail de restitution, plutôt que de laisser ce soin aux établissements publics culturels".

Plus de 2.000 objets concernés. Un décret sera pris en ce sens dans les prochains jours. Le rapport soulignait que 2.108 objets sont concernés, dont 2.008 biens culturels sans propriétaire identifié. Il y en avait 2.143 il y a 17 ans, au moment de la mission Mattéoli sur la spoliation des juifs pendant l'Occupation.

La part de responsabilité de la France. Le Premier ministre s'est par ailleurs placé dans le sillage de Jacques Chirac, qui avait été le premier président en 1995 à reconnaître la responsabilité de la France dans la déportation des Juifs. Cette "vérité" a "mis fin à des années de circonvolutions, de nuances, de ménagements" : "durant ces jours sombres, la France a trahi", a lancé Édouard Philippe. "Cette vérité, tous les présidents de la République, tous les Premiers ministres, l'ont réaffirmée depuis, dans une très belle, et très ferme, unanimité républicaine (…) Le président Emmanuel Macron l'a fait ici même l'année dernière. Cette continuité, je m'y inscris pleinement, totalement et sans réserve", a-t-il ajouté sous les applaudissements.

Supprimer les contenus haineux sur Internet. Rappelant son plan de lutte contre le racisme et l'antisémitisme lancé en mars, Édouard Philippe a aussi répété sa "volonté absolue de modifier le droit français comme le droit européen pour supprimer les contenus haineux sur Internet, pour en démasquer et en punir les auteurs". Les conclusions d'une mission confiée à l'enseignant franco-algérien Karim Amellal, à la députée LREM Laetitia Avia et au vice-président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) Gil Taïeb sont attendues en vue de modifications de la loi.