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avec AFP / Crédits photo : Ludovic MARIN / AFP , modifié à
Le président Emmanuel Macron veut "concentrer" deux milliards d'euros de baisses d'impôts sur "les classes moyennes" d'ici à 2027, a-t-il affirmé lundi soir sur TF1, "quand la trajectoire budgétaire le permettra dans ce quinquennat". Le chef de l'État a également déclaré avoir "ouvert la porte pour former des pilotes" de chasse ukrainiens "dès maintenant", au lendemain d'une rencontre avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky à Paris.
L'ESSENTIEL

Le président Emmanuel Macron veut "concentrer" deux milliards d'euros de baisses d'impôts sur "les classes moyennes" d'ici à 2027, a-t-il affirmé lundi soir sur TF1, "quand la trajectoire budgétaire le permettra dans ce quinquennat". "Dans notre trajectoire budgétaire" jusqu'en 2027, "il y a deux milliards de baisses d'impôts pour les ménages. Ces deux milliards, j'ai demandé au gouvernement de me faire des propositions pour qu'ils se concentrent sur ces classes moyennes", a-t-il indiqué. Le chef de l'Etat n'a pas précisé les mesures envisagées.

Les principales informations :

- Macron veut "concentrer" deux milliards d'euros de baisses d'impôts sur "les classes moyennes" d'ici à 2027

- Macron affirme avoir "ouvert la porte pour former des pilotes" de chasse ukrainiens

- Macron espère que l'inflation alimentaire sera "absorbée d'ici à l'automne"

- "Le pays avance" malgré la contestation sur les retraites, estime Macron

Des baisses d'impôts "quand la trajectoire budgétaire le permettra"

"J'ai demandé au gouvernement d'y travailler, mais je ne veux pas ici fermer des portes parce qu'il peut y avoir des choses intelligentes à faire sur une partie des charges que vous payez, des cotisations que vous payez quand vous êtes salarié. Donc c'est ce qui va permettre à des gens qui travaillent, qui sont classes moyennes, d'avoir en quelque sorte un reste à vivre plus important pour eux", a-t-il souligné. Quand les baisses d'impôts pourraient-elles intervenir ? "Quand la trajectoire budgétaire le permettra dans ce quinquennat, dans cette mandature", a répondu Emmanuel Macron sans plus de détails.

Le chef de l'Etat avait déjà insisté sur les "classes moyennes" dans une entretien au journal L'Opinion dimanche, citant "ceux qui sont trop riches pour être aidés et pas assez riches pour bien vivre", avec des "revenus entre 1.500 et 2.500 euros". Ce mantra est aussi martelé depuis plusieurs semaines par le ministre du Budget Gabriel Attal. Très impopulaire après l'adoption au forceps de la réforme des retraites, Emmanuel Macron s'est engagé dans une séquence économique, axée sur la réindustrialisation, avec l'annonce de plusieurs investissements, notamment dans les Hauts-de-France.

Macron ouvre "la porte pour former des pilotes" de chasse ukrainiens

En début d'interview, Emmanuel Macron a annoncé avoir "ouvert la porte pour former des pilotes" de chasse ukrainiens "dès maintenant", au lendemain d'une rencontre avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky à Paris. "Et ce avec plusieurs autres pays européens qui y sont prêts. Je crois que des discussions sont en cours avec les Américains", a déclaré le président français, estimant en revanche qu'évoquer une éventuelle livraison future d'avions de chasse à l'Ukraine "serait un débat théorique". "On a besoin aujourd'hui de commencer à former, c'est l'accord qu'ont pris plusieurs pays européens", a-t-il ajouté, sans autre précision sur ce processus de formation. "Il n'y a pas de tabou", a-t-il assuré.

Paris avait jusqu'ici repoussé la question d'une possible future livraison d'avions de combat, en expliquant notamment qu'il faudrait de longs mois pour former des pilotes. Le début de cette formation pourrait donc, à terme, ouvrir aussi la voie à la livraison d'appareils. Sur les armes, le chef de l'Etat n'a pas voulu détailler les nouvelles promesses évoquées la veille lors de la visite de son homologue. "Nous avons décidé de livrer de nouvelles munitions", s'est-il borné à dire.

Des précisions sur la stratégie de la France sur la guerre en Ukraine

Il a aussi évoqué, sans plus de précision, la formation de troupes ukrainiennes "qui seront en charge de mener la contre-offensive et de résister", notamment pour "réparer les véhicules, les canons". "C'est aussi ça ce dont l'Ukraine a besoin", a-t-il plaidé, alors que la France est parfois accusée d'en faire moins que d'autres grands pays européens comme le Royaume-Uni et l'Allemagne en matière de livraisons d'armes à Kiev. Selon Emmanuel Macron, "la stratégie de la France est simple : aider l'Ukraine à résister, à organiser, au moment où elle le choisira, une contre-offensive pour pouvoir ramener tout le monde à la table des négociations et dans des conditions qu'elle aura choisies, bâtir une paix durable pour elle."

Dimanche soir, dans une déclaration commune publiée à l'issue du dîner entre Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky, les deux pays ont annoncé que la France formerait et équiperait "plusieurs bataillons" ukrainiens avec des "dizaines de véhicules blindés et de chars légers, dont des AMX-10RC". Paris s'était engagé en tout début d'année à céder à l'Ukraine des AMX-10RC, des chars légers et rapides. Leur nombre n'a jamais été dévoilé mais les annonces formulées dimanche sont nouvelles, a assuré l'Elysée.

Macron espère que l'inflation alimentaire sera "absorbée d'ici à l'automne"

Emmanuel Macron a dit lundi espérer que l'inflation sur les produits alimentaires soit "absorbée (...) d'ici à l'automne", en visant à ce qu'il n'y ait "pas de marges exceptionnelles" faites par la grande distribution ou les industriels dans ce contexte. "L'objectif c'est qu'on absorbe cette inflation d'ici à l'automne pour, j'espère, revenir dans des terres plus connues et plus normales", a déclaré le chef de l'Etat sur TF1. Alors que l'inflation dans les rayons des supermarchés a encore été mesurée à près de 15% sur un an en avril, Emmanuel Macron a affirmé vouloir "remettre un peu tout le monde autour de la table pour essayer de baisser certains prix pour accompagner nos compatriotes".

La semaine passée, le gouvernement avait encore demandé aux industriels de l'agro-alimentaire de participer à l'effort collectif pour limiter la hausse des prix, en appelant "à leur sens de la responsabilité". "On a des grands groupes (de l'agro-alimentaire, ndlr), sur certains produits, ils ont vite répercuté la hausse, ils ont moins vite répercuté la baisse", a déploré M. Macron, qui voudrait voir ces industriels "rouvrir les négociations" commerciales avec la grande distribution. "On veut qu'il n'y ait pas de marges exceptionnelles qui soient faites dans ces années difficiles pour nos compatriotes", a-t-il insisté, plaidant pour "d'abord mettre la pression sur des grands groupes de distribution quand on s'aperçoit qu'ils jouent un peu sur les marges".

Le trimestre anti-inflation pourra être prolongé "si c'est nécessaire"

Le chef de l'Etat a également confirmé que le 'trimestre anti-inflation' "pourra être" prolongé "si c'est nécessaire" au-delà du 15 juin, affirmant que ce "bouclier" avait "montré son efficacité". Durant cette opération, qui court depuis le 15 mars, les supermarchés s'engagent à vendre une sélection de produits au "prix le plus bas possible", formule leur laissant une grande liberté de manœuvre.

Le gouvernement affirmait la semaine dernière qu'"en moyenne depuis sept semaines, les prix des produits du trimestre anti-inflation ont baissé de 13% dans le panier", revendiquant s'appuyer sur des chiffres de la Répression des fraudes (DGCCRF). Mais lundi, l'influente association de consommateurs UFC-Que Choisir a assuré que "malheureusement, cette déclaration est fausse", évoquant une hausse moyenne de 1,5% chez Intermarché, de 1,4% chez Casino, de 1% chez Système U, stabilité chez Carrefour et baisse ténue chez Auchan, de 0,3%.

"Le pays avance" malgré la contestation sur les retraites

"Le pays avance" malgré la contestation de la réforme des retraites, a assuré Emmanuel Macron lundi soir sur TF1 en "récusant" toute forme de "mépris" à l'égard des Français. "Il y a eu une opposition dans la rue mais qui s'est faite dans le calme et il y a eu des violences (...) et des gens qui ne veulent pas de solutions. Mais ce n'est pas ça la France, ça ne dit pas tout du pays et le pays avance et le pays continue à créer", a souligné le chef de l'Etat. Emmanuel Macron a répété plusieurs fois le mot "avancer" durant l'entretien. Et à propos de la réforme les retraites, il a reproché à des élus de s'être "débinés", visant certains députés LR sans les nommer.

Comme la réforme des retraites "est impopulaire, tout le monde s'est débiné, tout le monde s'est débiné. Y compris des gens qui, au Parlement, avaient fait campagne aux élections présidentielles, bravaches derrière les 65 ans", a-t-il déploré. "Ils avaient tous fait campagne pour ça. Ils ont dit le contraire quand ils étaient au Parlement, personne n'a voulu prendre ses responsabilités", a-t-il critiqué.

Macron récuse le terme "méprisant"

Interrogé sur l'adjectif "méprisant" qu'une majorité de Français lui accolerait selon une récente enquête d'opinion Elabe, Emmanuel Macron a "récusé" ce terme. "Je n'aime pas cet adjectif qu'on met à toutes les sauces", a-t-il répondu. "C'est un adjectif qu'ont eu les extrêmes à mon endroit, qui a été repris. Moi, je n'ai jamais vu quelqu'un qui me dise 'vous êtes méprisant'. Parfois, on me dit 'Vous êtes trop dur, vous êtes trop décidé, trop énergique'. Parfois, d'autres vous expliquent qu'on ne va pas assez loin", a-t-il assuré.

"Je le récuse parce qu'on ne va pas au contact comme je vais depuis que je suis engagé dans la vie politique, quand on a du mépris pour les gens. Et je vais vous dire, quand on a du mépris on s'en fiche. Le vrai mépris, c'est de mentir aux gens. Le vrai mépris, c'est ça". "Vous pensez que c'est bon pour ma pomme de faire ce qu'on fait sur les retraites, de porter des textes difficiles, de subir et d'accepter l'impopularité qui va avec (...) Je suis toujours allé au contact en discutant longuement et donc je suis parfois dur au mal oui. Méprisant, je le récuse", a-t-il martelé.