Affaire Benalla : pour Boris Vallaud, "on ne peut pas continuer à être dans une esquive collective"

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Anaïs Huet , modifié à
Après les auditions du ministre de l'Intérieur et du préfet de police lundi, Boris Vallaud, membre de la Commission d'enquête de l'Assemblée nationale, s'agace de ce jeu de "ping-pong" qui apporte plus de questions que de réponses.
INTERVIEW

Qui a fauté dans l'affaire Benalla ? Lundi, devant la Commission d'enquête de l'Assemblée nationale, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb s'est dédouané d'une quelconque responsabilité dans la gestion de l'affaire Benalla et s'est défaussé sur le préfet de police Michel Delpuech, qui s'est défendu, et sur le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron. 

Gérard Collomb "défendait son portefeuille". "Hier, on a eu préfet de police qui défendait son honneur, et un ministre qui défendait son portefeuille. Ça n'est pas satisfaisant", a déploré Boris Vallaud, porte-parole du groupe socialiste et député Nouvelle Gauche des Landes, invité de la Matinale d'Europe 1 mardi.

Des réponses qui soulèvent des questions. "Je ne sais pas", "je ne crois pas", "pas à ma connaissance"… Ces réponses régulièrement formulées par Gérard Collomb lors de son audition ont eu le don d'agacer Boris Vallaud. "Il avait l'air informé de peu de choses. Il était dans une forme d'esquive, et cherchait surtout à déporter les responsabilités sur la préfecture de police d'une part, et sur le cabinet du président de la République d'autre part", a fustigé l'élu, pour qui les faits sont "extraordinairement graves".

En revanche, il s'est réjoui de la clarté des réponses du préfet de police, ainsi que de celles d'Alain Gibelin, directeur de l'ordre public et de la circulation (DOPC), un des départements de la préfecture parisienne. Ce dernier a fait à Boris Vallaud "l'effet d'un grand professionnel". Pour l'élu de gauche, ses propos ont "semé le trouble" et "suscité d'autres questions". Alain Gibelin a notamment indiqué aux députés qu'Alexandre Benalla était présent à des réunions entre ses services et l'Élysée entre le 4 et le 18 mai. Or, durant cette période, à en croire l'Élysée, l'adjoint au chef de cabinet d'Emmanuel Macron était suspendu après avoir commis des violences lors de la manifestation du 1er-Mai.

"Il y a des ombres à lever vite". "On ne peut pas continuer à être dans une esquive collective", a-t-il estimé. C'est pourquoi Boris Vallaud appelle, avec d'autres députés, à ce que le chef de l'État soit également entendu par les membres de la Commission. "Il y a des ombres à lever vite. (…) On a besoin d'une parole d'autorité, que quelqu'un dise la vérité. Il faut arrêter d'être dans une forme de ping-pong, une dérobade généralisée", a-t-il plaidé. Selon Boris Vallaud, habitué des arcanes du pouvoir pour avoir notamment été secrétaire général adjoint de la présidence de la République, de 2014 à 2016, sous François Hollande, il est "inconcevable" que les faits commis le 1er mai n'aient pas été transmis au plus haut niveau de l'État.

L'audition très attendue du Patrick Strzoda. La Commission d'enquête de l'Assemblée auditionnera mardi le directeur de cabinet de l'Élysée, Patrick Strzoda. "J'ai eu l'occasion de le croiser. Le souvenir que j'ai de lui, c'est un préfet d'une grande droiture, d'une grande rigueur", assure Boris Vallaud. Avant de présager : "Les réponses qu'il apportera seront déterminantes".