Dominique Reynié est directeur général de la Fondation pour l'innovation politique. 3:40
  • Copié
Antoine Terrel , modifié à
Invité lundi d'Europe 1, Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l'innovation politique, est revenu sur l'abstention massive lors des élections régionales. "Lors de la soirée électorale, on avait le sentiment d'un théâtre d'ombres", constate le politologue avec amertume. 
INTERVIEW

Les appels au vote de toute la classe politique n'ont rien changé. Le deuxième tour des élections régionales a de nouveau été marqué par un taux d'abstention record, autour de 66%. Mais comment expliquer que deux électeurs sur trois aient boudé les urnes ? "La majorité de nos concitoyens identifient que voter n'a pas l'utilité promise", analyse Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l'innovation politique, invité lundi d'Europe 1.

Un événement "enjambé"

Lors de la soirée électorale, "on avait le sentiment d'un théâtre d'ombres", dit le politologue, notant l'abstention "extraordinaire", qui concerne par ailleurs quasiment toute les catégories de population. "Toutes les classes d'âge sont majoritairement abstentionnistes, sauf les plus de 70 ans, toute les catégories sociales sont majoritairement abstentionnistes, sauf les retraités, toutes les catégories de diplômes sont majoritairement abstentionnistes", détaille-t-il. 

Or, cet "événement considérable" que représente cette abstention record "a de nouveau été enjambé, contourné" par le personnel politique, regrette Dominique Reynié. "Ça continue et ça recommence. On enclenche la marche vers la présidentielle, on se comporte comme si on avait triomphé dans un scrutin où personne n'a triomphé", poursuit-il. 

Quelles conséquences pour 2022 ?

"Si on ne prend pas la mesure de ce qu'il se passe, il y aura nécessairement une conséquence en 2022", dit encore Dominique Reynié. Car si le taux d'abstention ne sera sûrement pas aussi élevé, l'attitude des abstentionnistes du scrutin de dimanche aura un impact crucial sur le résultat. "Au deuxième tour de 2017, il y avait 12,5 millions d'abstentionnistes. Dimanche, il y en avait 30. A la présidentielle, nous n'en aurons pas 30. Entre 15 et 20 millions d'électeurs qui se sont abstenus dimanche iront voter", explique-t-il. "C'est une masse considérable qui est de nature à tout changer selon son orientation politique."

Or, ces derniers "sont plutôt membres des catégories populaires. C'est une France qui est plus en difficulté, qui viendra sans doute dire son mécontentement". Et de conclure : "Cela va peser sur le scrutin de manière déterminante".