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Jean-Luc Boujoin, édité par Rémi Duchemin
L’ancien maire de Grenoble, Alain Carignon, a fait son retour lundi au conseil municipal, 24 ans après l’avoir quitté suite à une condamnation en 1996 pour corruption. Avec à la clé un comité d’accueil hostile et des passes d’armes avec l’actuel maire, l’écologiste Eric Piolle, préfigurant la lutte lors des municipales de mars prochain.
REPORTAGE

C’est un retour qui n’est pas vraiment passé inaperçu. Lundi à Grenoble, Alain Carignon a siégé, pour la première fois depuis 24 ans, au conseil municipal de la ville. L’ancien ministre de la Ville, qui veut reconquérir la capitale des Alpes lors des élections de mars prochain, avait profité de la récente et opportune démission de deux co-listières pour avoir le droit de siéger à nouveau et s’offrir ainsi cette retentissante tribune. Car le retour d’Alain Carignon ne s’est pas passé, comme prévu.

Le ton est donné dès l’entrée du conseil, avec un comité d’accueil pas très favorable à l’ancien maire. "C’est choquant", estime un manifestant. "Alain Carignon, qui a été quand même condamné pour corruption, n’a rien à faire au conseil municipal". Pour rappel, celui qui fut pendant 12 ans maire de Grenoble avait été définitivement condamné en juillet 1996 pour corruption, abus de biens sociaux et subornation de témoin à 5 ans de prison dont quatre ferme. Il avait finalement passé 29 mois derrière les barreaux, avant d’être libéré en mai 1998.

Passes d’armes avec Eric Piolle

Mais Alain Carignon n’est pas homme à se démonter. A 70 ans, il reste très combatif. Illustration avec cette attaque en règle, en plein conseil municipal, contre le budget du maire écologiste Eric Piolle. "Le budget, il est faux. Et pourquoi ? Parce que vous êtres budgétairement au bout du rouleau. Financièrement, vous êtes par terre", accuse-t-il.

 

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Eric Piolle qui coupe sèchement la parole à son opposant avec une bonne dose d’ironie. "M. le conseiller municipal, je vous invite en fait à lire votre question orale", lance l’édile. "Je la lis de mémoire", rétorque Alain Carignon. "Prenez un papier, parce que manifestement, la mémoire ne doit pas fonctionner totalement. Ce n’est pas la question orale qui a été posée".

Objectif rempli

Renvoyer Alain Carignon à son âge et à des temps révolus, c’est la technique de la majorité municipale et de sa première adjointe Elisa Martin. "Oui, on est sur une vision du monde et des modèles qui sont archaïques qui sont dépassés", attaque l’élue. "Après ce qu’il s’est passé, j’avoue que je n’oserais pas me représenter contre les Grenoblois."

Malgré tout, en revenant au conseil, Alain Carignon a rempli son objectif : se replacer au centre du jeu et de l’attention médiatique, afin de prendre date pour les municipales de mars prochain.