À Chateaurenard, le meeting de Sarkozy décomplexe les militants

Nicolas Sarkozy
© BERTRAND LANGLOIS / AFP
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M.B. et Aurélie Herbemont , modifié à
Sur les thèmes de l'immigration, de la laïcité et de l'identité, Nicolas Sarkozy fait le pari d'une campagne très à droite, qui convient parfaitement à sa base militante.

C'était son premier meeting de candidat (officiel) à la primaire. Nicolas Sarkozy était jeudi soir à Châteaurenard, dans les Bouches-du-Rhône. Et c'est dans cette région où le vote Front national est très fort que l'ancien président des Républicains a choisi de dérouler son programme sur l'identité, l'immigration ou encore la laïcité. Devant 2.000 personnes acquises à sa cause, l'ancien président a prouvé, s'il en était encore besoin, qu'il comptait bien mener une campagne très à droite.

Ovationné sur l'immigration. Et cela marche. Lorsque Nicolas Sarkozy souligne que "le peuple de France n'est pas xénophobe parce qu'il considère qu'il a un problème avec l'immigration", il est accueilli avec une ovation. Les applaudissements sont tout aussi nourris lorsque le candidat dit "refuser le burkini sur les plages de France et dans les piscines de France". "Je soutiens sans réserve les maires, de droite comme de gauche qui, pour préserver l'ordre public, l'ont interdit. Je demande une loi d'interdiction sur tout le territoire de la République. Nous ne pouvons pas laisser les maires seuls face à cette provocation." Même chose quand l'ancien chef de l'État réclame la suspension du regroupement familial ou martèle que l'identité française est menacée : sa base approuve bruyamment.

"Si on n'y prend pas garde, on sera en minorité". À la sortie du meeting, la parole militante est décomplexée. "Des gens, disons, d'une certaine confession, ont beaucoup de naissances. Si on n'y prend pas garde, on sera en minorité", s'exclame une femme. Qui reprend l'argumentaire de son champion sur le burkini. "Aujourd'hui, on porte des shorts. Bientôt, on ne pourra plus." On sent chez certains de ces militants une peur de ne plus être en France, d'où une envie d'intransigeance à laquelle répond Nicolas Sarkozy. Ce dernier veut pousser jusqu'à interdire la port du voile à l'université. Et cela plaît. "Si on tolère ce genre de choses, les étudiantes maghrébines, dans quelques temps, n'auront même plus le droit de ne pas porter le voile. La tolérance, c'est très bien, c'est ce qu'on a pratiqué jusqu'à maintenant. Mais on voit où on en est arrivés", professe une femme. Alain Juppé n'est pas favorable à cette mesure ? "Alain Juppé est trop tolérant", rétorque une autre.

"Un programme qui correspond à la guerre". Pour les militants, jouer la primaire par la droite comme le fait Nicolas Sarkozy est parfaitement normal, surtout dans le contexte d'une potentielle menace terroriste. "Il a fait un petit virage à droite-droite", reconnaît une sympathisante. "Mais avec les attentats qu'il y a sur notre sol, on ne peut pas faire autrement." Un homme acquiesce : "voilà un programme qui correspond à la guerre dans laquelle on est."