Sarkozy, trois défis sur un plateau

Nicolas Sarkozy est attendu jeudi soir à la télé pour expliquer aux Français le plan de sauvetage de la zone euro arraché dans la nuit à Bruxelles et les préparer aux efforts à venir, avec l'ambition de s'afficher pour 2012 comme leur meilleur rempart contre la crise.
Nicolas Sarkozy est attendu jeudi soir à la télé pour expliquer aux Français le plan de sauvetage de la zone euro arraché dans la nuit à Bruxelles et les préparer aux efforts à venir, avec l'ambition de s'afficher pour 2012 comme leur meilleur rempart contre la crise.
  • Copié
Hélène Favier , modifié à
Remobiliser, expliquer et occuper le terrain : Sarkozy s’offre un prime time sur TF1 et France 2.

Six mois pour se refaire. Nicolas Sarkozy, qui enregistre, dans les sondages, les plus bas scores jamais consignés par un président sortant à quelques mois d’une présidentielle, tentera jeudi soir de remobiliser ses troupes lors d’une émission consacrée à la crise, diffusée sur TF1 et France 2.

Conjointement animée par Jean-Pierre Pernaut, le présentateur du JT de la mi-journée sur TF1 et Yves Calvy, animateur de Mots croisés sur France Télévisions, cette intervention constituera certainement le premier pas du chef de l’Etat dans la campagne. Sur quoi mise-t-il ? Europe1.fr a listé ses trois principaux objectifs.

> Re-mobiliser son électorat

Seulement 31% des Français se disent désormais satisfaits par l'action du président, indique un récent un sondage Ifop pour Le Journal du Dimanche. "31%, c’est le score de Nicolas Sarkozy au premier tour de la présidentielle de 2007. C’est son socle électoral, pas plus. Le chef de l’Etat est, en effet, désormais impopulaire dans toutes les catégories de population, y compris chez les personnes âgées qui avaient massivement voté pour lui", indique à Europe1.fr Frédéric Dabi, directeur du pole opinion de l’Ifop. Ce résultat est d’autant plus préoccupant que Nicolas Sarkozy n’a pas réussi à rebondir à l’étranger : "la chute du régime de Kadhafi ne lui a pas profité, comme cela avait pu être le cas en 1988 pour François Mitterrand et la crise du Koweït", note le sondeur avant d’ajouter : "ce n’est pas ce qu’attendent les Français. Ils demandent des réponses sur sujets de politique intérieure : l’emploi, le pouvoir d’achat, la dette."

"Une émission ne peut, à elle seule, renverser une situation. Mais elle peut être utile pour remobiliser l’électorat de droite, en particulier les personnes âgées", estime encore Frédéric Dabi. Dans ce contexte, le  choix de Jean-Pierre Pernaut - ultra populaire chez les personnes âgées - n’est évidemment pas étranger à la cible que Nicolas Sarkozy souhaite toucher.

> Etre pédagogique sur la crise

La dernière émission toute entière consacrée au président de la République, Paroles de Français, date de février dernier, sur TF1. Le président avait alors été interrogé par un "panel" de Français sélectionné par la chaîne privée. Depuis lors : presque rien. Nicolas Sarkozy a très peu parlé aux médias.

"Or ce silence a été mal perçu dans cette période de forte inquiétude, face à une crise que les Français comprennent très mal. Ils veulent un président qui rassure, qui explique les tenants et les aboutissants de cette crise  anxiogène", explique Frédéric Dabi. Nicolas Sarkozy devra donc, jeudi soir, faire de la pédagogie sur cette crise, devenue son obsession.

> Occuper le terrain après la primaire

"Tant qu'il y a la primaire PS, on est inaudibles". Durant des mois, les députés de la majorité ont pesté contre les succès des socialistes et de leur primaire, devant leurs records d’audience à la télé et de participation dans les urnes. L’épisode primaire est tourné, il est désormais "nécessaire pour l’électorat de droite, agacé par cette primaire, que la majorité reprenne la parole", analyse Stéphane Rozès, joint par Europe1.fr. C’est d’autant plus nécessaire que "pendant toute cette très forte période, Nicolas Sarkozy a été constamment mis au banc des accusés", renchérit Frédéric Dabi, qui estime, lui-aussi, que le chef de l’Etat doit occuper "le terrain", alors que le candidat socialiste François Hollande se construit une stature présidentielle.