Procès Bodein : la famille de Jeanne-Marie veut des aveux

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Administrator User , modifié à
La famille de Jeanne-Marie Kegelin, proches des milieux catholiques traditionnalistes, s'est dite prête lundi à pardonner aux meurtriers de leur fille s'ils avouaient devant la cour d'assises du Bas-Rhin réunie à Strasbourg. Pierre Bodein, surnommé "Pierrot le fou", est accusé, avec des complices, d'avoir enlevée, violée et tuée en l'éventrant la petite fille de 10 ans.

"Sur cette terre, Dieu peut encore leur pardonner les faits mais à leur mort, ils devront répondre devant le tribunal de Dieu et là, c'est une justice implacable, alors réfléchissez" : cette phrase a été prononcée lundi à la cour d'assises de Strasbourg par Marie-Martine Kegelin, la mère de Jeanne-Marie, la fillette de dix ans que Pierrot le Fou est accusé d'avoir enlevée, violée et tuée en l'éventrant en 2004. Tour à tour, les membres de cette famille de huit enfants, proches des milieux catholiques traditionnalistes, ont décrit une enfant "enjouée, volontaire, un peu garçon manqué", mais aussi la fille "pieuse" qui leur a été ravie le 18 juin 2004 à Rhinau (Bas-Rhin) alors qu'elle faisait du vélo. "Une petite chrétienne qui a fait sienne toutes les valeurs de l'Evangile. Je sais que maintenant, elle nous assiste et nous aide à porter notre croix", a affirmé Louis-Dominique, le grand frère séminariste qui porte soutane et livre le premier son témoignage. "Je sais qu'aujourd'hui elle nous dit 'Aimez vos ennemis'", ajoute-t-il, citant l'Evangile. "Je sais qu'aujourd'hui Jeanne-Marie vous aime, je sais aussi qu'un jour vous avouerez", poursuit-il à l'intention du principal accusé. Personne ne comprend comment cette petite fille protégée, qui n'allait pas à l'école mais à laquelle sa mère faisait classe à la maison, a pu partir seule, peu avant le repas de midi, probablement pour chercher des balles perdues près du court de tennis. "Quand on est maman de famille nombreuse, c'est toujours un peu l'usine. On s'assure que les enfants sont sur de bons rails et le reste est secondaire", reconnaît la mère. Cette femme qui parle calmement et sanglote en évoquant sa fille "plus digne du ciel que de la terre"», élève soudain la voix contre les "gouvernants". "Je n'en veux pas à Dieu de nous l'avoir ravie mais j'en veux à ces gouvernants qui ne font rien pour lutter contre cette pornographie ambiante sur les murs de nos villes, à la télévision et sur les magazines, cette pornographie qui fait les pervers qui seront les violeurs et les assassins de demain", s'emporte-t-elle. Pierre Bodein, qui se voit reprocher au total trois enlèvements suivis de viols et de meurtres dont deux commis seul, ne se sent pas concerné bien qu'il ait été à chaque fois confondu par des éléments matériels dont son ADN et celui de ses victimes. "Si j'étais devenu fou en 2004 et j'aurais fait une chose comme ça, je l'avouerais devant vous", assure le repris de justice de 59 ans dont l'attitude dans le passé lui a valu le surnom de "Pierrot le fou".Il explique qu'il n'a pu faire une chose pareille parce qu'il "aime trop les enfants" et présente ses condoléances à la famille.