Pourquoi Cohn-Bendit a quitté EELV

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L’ancien leader de Mai-68 claque la porte des écolos. Tout sauf une surprise. Explications.

Cette fois, le divorce est consommé entre Daniel Cohn-Bendit et Europe Ecologie – les Verts. En septembre dernier, le député européen annonçait qu’il "mettait sa participation" au mouvement écologiste "entre parenthèses provisoirement", en raison de son "incohérence totale". Vendredi, sur Canal +, il a tranché : "Oui, j'ai quitté EELV. (…) Politiquement je ne fais plus partie de l'espace EELV, je ne participe plus à aucune réunion et je ne discute pas de l'avenir et du futur d'EELV". Pourquoi l’un des pères du mouvement claque-t-il la porte après seulement deux années d’existence ? Quelques éléments d’explications.

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La candidature d’Eva Joly. Dire qu’il n’était pas un chaud partisan de la magistrate est un doux euphémisme. L’ancien  leader de Mai-68 plaidait depuis longtemps pour que son parti ne présente pas de candidat à l’élection présidentielle et négocie en contrepartie avec le Parti socialiste un groupe à l'Assemblée nationale. "Commencer une campagne en se disant qu'on pourrait finir à 1,5 % comme avec Dominique Voynet la dernière fois, ce n'est pas très stimulant. Pour la présidentielle, le rideau tombe le soir du premier tour, alors qu'à l'Assemblée un groupe, c'est cinq ans ! Moi, je préfère un groupe durable", argumentait-il en août dernier au Figaro. Le résultat final d’Eva Joly (2,31 %), après une campagne manquée,  lui donna en, partie raison. Le ver était dans le fruit.
 
 

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Un désaccord sur la gouvernance. Politique iconoclaste, voire utopiste, "Dany le rouge" a très tôt regretté le manque d’ouverture de ses camarades écologistes. Lui qui espérait un parti dépassant les clivages pour le bien de la cause écologiste ne comprend pas le fonctionnement clanique des anciens Verts. Ils "se sont donnés un règlement intérieur de fermeture. Ils sont incapables de discuter du non-renouvellement des adhésions, de la campagne présidentielle dramatique d'Eva Joly, de l'échec des législatives", regrettait-il en septembre dernier sur France Info. Des piques, Dany en a envoyées à la pelle, attaquant "l'arrivisme" de Jean-Vincent Placé, taclant la "chef de clan" Cécile Duflot, ou fustigeant un parti dont "l'image est devenue détestable". 

La rupture européenne. Le vote du conseil fédéral du parti, en septembre dernier, contre la ratification du traité budgétaire européen, un texte qu'il défendait, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de sa tolérance. "On donne le torticolis à nos électeurs. Si le conseil fédéral d’EELV dit qu'il faut voter contre le texte, il faut aussi demander de sortir du gouvernement et ne plus faire partie de la majorité présidentielle", avait-il alors déploré. Pour le député européen, la position de son parti sur ce sujet crucial est "ridicule". Il en tire les conclusions en prenant ses distances. Jusqu’à la rupture définitive.

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Et maintenant ? Sur Canal +, le député européen a annoncé qu'il allait se consacrer à "Europe et Ecologie", un laboratoire d'idées. "C'est un lieu de débats qui se veut en dehors de EELV. Ce n'est pas une organisation alternative, ce n'est pas un projet électoral, c'est simplement qu'il faut mettre des débats en France", a-t-il expliqué. Et il a un autre projet sur le feu, bien différent : un documentaire sur la Coupe du Monde au Brésil, en 2014. Ce n’est pas tout : "je veux faire un livre sur mon identité juive", confie-t-il au JDD.fr. Et de conclure, rêveur : "j’ai dix ans pour pouvoir réinventer quelque chose dans ma vie".