Oral de rattrapage réussi pour Ségolène Royal

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Administrator User , modifié à
Devant cent Français, Ségolène Royal a assuré qu'elle était "très sereine et très solide", malgré les turbulences que connaît sa campagne. Elle a d'ailleurs confirmé qu'elle dévoilerait jeudi un nouvel organigramme de campagne pour "donner de la visibilité à tout ceux qui travaillent avec moi". La candidate socialiste à la présidentielle était l'invitée lundi soir de "J'ai une question à vous poser", sur TF1. 8.900.000 téléspectateurs ont regardé l'émission, ce qui constitue le meilleur score depuis quinze ans pour une émission politique.

Ségolène Royal était attendue au tournant. Elle a passé sans dommages son grand oral télévisé. La candidate socialiste, au plus bas dans les sondages et au milieu des critiques, fait front. "Je pense être prête. Je pense non seulement être prête mais je pense être la seule à pouvoir incarner et réaliser le profond changement dont la France a besoin et en particulier de nouer un pacte avec les jeunes", a déclaré hier soir la candidate socialiste à la présidentielle lors de l'émission "J'ai une question à vous poser" sur TF1. Pendant plus de deux heures, elle s'est présentée tour à tour, comme la future présidente du "travail pour tous", celle "de la France qui entreprend" ou celle qui se battra "avec acharnement contre le chômage des jeunes qui déstabilise un pays comme le nôtre". Sans jamais citer nommément Nicolas Sarkozy, elle a opposé devant les cent "panélistes" son projet de "société apaisée" à celui incarné à ses yeux par le candidat de l'UMP d'une France "qui dresse les uns contre les autres". Une semaine après la présentation de son "pacte présidentiel", la présidente de Poitou-Charentes a détaillé certaines de ses cent propositions. Ségolène Royal a notamment précisé que l'augmentation des "petites retraites" qu'elle prône, concernerait les retraites inférieures au Smic net, soit 984 euros mensuels. Elle en a profité pour rappeler qu'elle voulait organiser une conférence salariale dès son élection. Concernant le Smic, elle est toutefois restée prudente sur le rythme auquel elle comptait parvenir à un salaire minimum de 1.500 euros, l'une des mesures phares du projet présidentiel du Parti socialiste qu'elle a repris dans son "pacte". A Villepinte, elle avait mentionné une augmentation "le plus tôt possible". Lundi soir, voulant promettre ce qu'elle peut tenir, Ségolène Royal a évoqué désormais une hausse étalée sur les cinq années de législature.Adepte du contact direct avec les citoyens, la candidate socialiste était visiblement à l'aise derrière son pupitre translucide, qu'elle a quitté au début de l'émission pour aller réconforter un homme en fauteuil roulant ému aux larmes alors qu'il plaidait pour une meilleure intégration des handicapés dans la société française. La première femme à avoir une chance réelle d'accéder à l'Elysée a de nouveau joué la carte de la féminité et de la maternité - poussée sur ce terrain par deux participantes de l'émission qui déplorait "l'inélégance" de certains dirigeants socialistes ou le manque de femmes dans l'équipe de la candidate. "N'importe quel homme qui aurait mon itinéraire professionnel" ne verrait pas constamment sa crédibilité remise en cause, a estimé la candidate. Malgré ces doutes, "j'assume mon identité de femme", a-t-elle souligné.Comme à Villepinte, Ségolène Royal s'est alarmée de la montée des violences et des colères dans les quartiers difficiles, un an après les émeutes de l'automne 2005. "Notre problème essentiel, il est là", a-t-elle ainsi déclaré. Les banlieues, "j'y vais beaucoup mais sans médias pour pouvoir très prochainement vous dire avec précision comment je vais empoigner ce problème là en tant que mère", a souligné la candidate socialiste. Son intervention sur TF1 survient à un moment-clé de sa campagne présidentielle alors que les "éléphants" socialistes avaient espéré un rebond après le discours de Villepinte. Sa cote de popularité dévisse dans le dernier baromètre Ipsos pour Le Point rendu public lundi, après une série de sondages en berne. Pour la première fois depuis son investiture par les militants socialistes, elle passe sous la barre symbolique des 25%, recueillant 23% d'intentions de vote, ce qui la rapproche des scores obtenus à la même période par Lionel Jospin, candidat malheureux du PS en 2002. "Je suis une femme qui parle clair. J'ai entendu les commentaires, j'ai vu qu'il y avait un certain nombre d'ajustements à faire donc je les fais", a expliqué Ségolène Royal, confirmant son intention de dévoiler un nouvel organigramme de campagne jeudi. "Je suis très sereine et très solide", a-t-elle affirmé.