Les Strauss-Kahn, face cachée

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Dans leur livre, Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin apportent de nouvelles anecdotes sur le couple.

Un peu plus d’un an après l’affaire du Sofitel, Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin, journalistes au quotidien Le Monde, ont décidé de se plonger dans la galaxie des Strauss-Kahn pour tenter de comprendre comment celui qu’on présentait comme le potentiel futur président de la République a pu finir à la rubrique "faits divers".

Invitées vendredi soir d’Europe 1, les auteures de l’ouvrage Les Strauss-Kahn se sont attardées sur les dessous de ce couple hors-norme, sans oublier son entourage et ses relations avec ceux qui sont, eux, devenus président : Nicolas Sarkozy et François Hollande. Extraits.

DSK, une vie privée incontournable

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© REUTERS

Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin l’assurent : "il était impossible de raconter la réalité de son parcours sans évoquer sa vie privée, (…) parce qu’elle était l’explication de certains aspects de sa vie publique".

"C’est le reproche qu’on a fait aussi à la presse italienne au moment de l’affaire Silvio Berlusconi. Sauf qu’on a bien vu que c’est un instrument de chantage : à partir du moment où vous allez dans un endroit et que vous ne voulez pas que cela se sache, vous êtes entre les mains de maîtres-chanteurs", poursuivent-elles.

L’exemplaire affaire du bois de Boulogne

Et les auteurs de l’ouvrage d’évoquer la fameuse "note du bois de Boulogne", un compte-rendu qu’auraient fait des policiers après avoir surpris DSK dans une position compromettante dans une voiture garée en plein milieu de ce haut-lieu de la prostitution parisienne.

"C’est un instrument de chantage, ce n’est pas une note de vie privée, c’est une note politique d’une certaine manière parce qu’elle est détenue par quelqu’un (Nicolas Sarkozy, ndlr) qui est locataire de la place Beauvau et qui va être candidat à l’élection présidentielle. C’est pour cela qu’on s’est intéressé à la vie privée et peut-être à ces soirées échangistes", précisent-elles.

DSK et Sarkozy "se connaissent bien"

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Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin se sont justement attardées sur les relations qu’entretiennent les deux hommes. "Ils se connaissent depuis très longtemps, ils fréquentent les mêmes mondes : c’est Anne Sinclair qui les a présentés un jour au Fouquet’s, bien avant évidemment la soirée de 2007. Anne Sinclair l’a beaucoup invité à ses émissions, à 7/7, parce qu’elle l’apprécie, elle le pense intelligent, un peu victime parce que balladurien", détaille Raphaëlle Bacquet.

"Parce qu’ils se connaissent bien et aussi évidemment parce qu’il [Nicolas Sarkozy] était ministre de l’Intérieur, il connaît toutes les faiblesses de DSK. Nous n’avons pas du tout cru à la culture du complot : il l’a nommé au FMI parce qu’il pensait que ce serait un bon patron du FMI, il le protège, c’est-à-dire qu’il dit à ses lieutenants policiers ‘surtout, vous ne racontez rien, vous ne sortez pas l’affaire du bois de Boulogne’. Il est simplement persuadé que DSK n’ira pas à la présidentielle parce que, sachant ce qu’il sait, il n’imagine pas que DSK aura l’inconscience de se présenter", avance-t-elle.

Au courant, Hollande "s’en méfie"

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En revanche, les relations entre le futur président de la République et le directeur général du FMI sont loin d’être cordiales et pour cause : DSK pense que François Hollande ne sera jamais un candidat sérieux dans la course à l’Elysée, tandis que ce dernier voit dans le premier un "candidat hors-sol" bien éloigné des réalités du terrain.

François Hollande "sait beaucoup de choses en tout cas. Dès l’affaire de la MNEF dans les années 90, il s’est intéressé à DSK et à ceux qui l’entouraient, tous ces hommes qui avaient à la fois fait des affaires et de la politique", assurent Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin.

"Tout de suite, il s’en méfie et tout au long de ces années, il ne va cesser d’observer DSK et de se renseigner sur lui. Quand il est patron du parti, évidemment il sait bien ce que sont toutes les rumeurs qui circulent sur DSK, tout ce qui remonte des fédérations, où son comportement avec les femmes est très visible", ajoutent les deux journalistes.

Anne Sinclair, "une part de responsabilité"

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"Elle lui a apporté au départ sa gloire médiatique, sa popularité, elle lui apporte ensuite son argent, à la fois le train de vie et le financement de sa carrière, et puis tout au long de leur histoire elle va lui apporter sa caution morale et, dans ce sens-là, elle a aussi une part de responsabilité politique dans ce qui s’est passé", estiment les auteurs de Les Strauss-Kahn.

"Ce qui frappe chez elle, effectivement, c’est sa capacité à toujours trouver les responsabilités partout sauf chez son mari. Elle sait, au moins ne serait-ce parce qu’il y a eu de multiples scandales publics sur le comportement de son mari, donc au moins ceux-là elle les connaît", poursuivent-elles.

DSK, un politique mal entouré

Le couple Strauss-Kahn est aussi "entouré à la fois d’amis, de courtisans, de conseillers en communication qui se taisent tous. Il y a une série de réseaux autour de DSK qui, soit par amour, soit par ambition, soit par une forme de cynisme, préfère se taire plutôt que de le mettre en garde".

"Ce qui est vraiment frappant, c’est la façon dont l’ambition de DSK est à la fois l’ambition personnelle et celle de son couple mais aussi l’ambition fabriquée par d’autres", décryptent les deux journalistes. "Il est arrivé au seuil de la présidentielle alors que lui-même était très hésitant. Au fond, cette agence de communication (Euro RSCG, ndlr), ces courtisans autour de lui, ont organisé matériellement, intellectuellement, politiquement, cette candidature sans jamais prendre en considération les failles majeures de DSK". Une candidature qui n'ira jamais à son terme.