Lavrilleux, un "flingueur" de l'ombre en pleine lumière

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PORTRAIT - Le directeur de cabinet de Jean-François Copé a été élu eurodéputé du Nord ouest. Mais il est désormais au centre de l'affaire Bygmalion.

Jusqu'au jeudi 22 novembre 2012, en milieu d'après-midi, il était un parfait inconnu. Ce jour-là, Jérôme Lavrilleux sort du bois pour dénoncer les prétendues irrégularités du camp Fillon dans le psychodrame de la présidence de l'UMP. Une nouvelle page s'ouvre alors pour celui qui gravite dans l'ombre de Jean-François Copé depuis des années. La suite, c'était une candidature dans le Nord-Ouest pour les élections européennes de dimanche. Sa première bataille électorale, qu'il a remportée. Mais une autre l'attend, sur le front judiciaire. Lundi, c'est un homme en pleurs qui est venu donner sa vérité sur l'affaire Bygmalion.

Chirac, Bertrand, puis Copé. Né en 1970 à Saint-Quentin, dans l'Aisne, d'un père garagiste, il s'enflamme pour Jacques Chirac dès ses 20 ans. Sa vie, ce sera donc la politique. Titulaire d'un simple BTS de commerce international, il fait ses classes auprès de Xavier Bertrand, avec qui il se brouille rapidement. Jean-François Copé "récupère" alors Jérôme Lavrilleux, qu'il installe à ses côtés en tant que directeur de cabinet à la mairie de Meaux. Les deux hommes ne se quitteront plus.

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Sa bataille face à Le Pen. Preuve de la solidité de cette alliance, quand les fillonistes, à l'approche des élections européennes,  font de la nomination de Jérôme Lavrilleux dans le Nord-Ouest un casus belli, allant jusqu'à menacer de quitter l'UMP, le patron tranche dans le vif : c'est bien son directeur de cabinet qui ira défier Marine Le Pen. Depuis, l'homme de l'ombre ratisse sa circonscription, qui représente "10 millions d'habitants dont 6,5 millions d'électeurs", dit-il avec fierté.

Il multiplie les meetings, s'excuse par avance de son "amateurisme" en termes de prise de parole en public. Mais dans le Nord, "Jérôme" est chez lui. Son défi est de taille : endiguer la montée en puissance de Marine Le Pen. Pour le moment, les sondages le donnent en tête, juste devant "la star internationale", comme il l'appelle ironiquement. Son message, il le martèle sur tous les marchés du coin : la sortie de l'euro, prônée par la dirigeante frontiste, c'est "la perte immédiate du pouvoir d'achat des Français de 20 à 30%".

Et demain, les affaires... Après les élections européennes, une nouvelle page va (encore) s'écrire. Et très vite puisque dès lundi, trois parlementaires UMP seront entendus par la justice dans le cadre de l'affaire Bygmalion. Selon Libération, le parti aurait versé près de 20 millions d’euros en 2012 à la société détenue par des proches de Copé pour des conventions fictives. En quoi cela le concerne ? Pendant toute la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, c'est lui qui a organisé les meetings et assuré la logistique. C'est donc lui qui a signé les autorisations de paiement.

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Si Jérôme Lavrilleux assure avoir les preuves de l'existence de "80 évènements" en 2012, justifiant l'escalade des factures adressées à l'UMP, la pression est malgré tout très forte sur Jean-François Copé. Les ténors de son parti lui réclament des comptes et des explications. Le patron de l'UMP assure, lui, "n'être absolument pas au fait" des finances de l'UMP. Ce qui place donc son bras droit, qui était directeur adjoint de la campagne présidentielle, en première ligne dans cette affaire…

Et lundi, devant la caméra de BFMTV, il est passé aux aveux : "je n'ai pas eu le courage à un moment de dire 'stop, on en fait trop, on va dans le mur'. il y a eu un dérapage. La facturation sur ces événements, c'était une manière de ventiler comptablement des choses qui auraient dues être inscrites sur les comptes de campagne" de Nicolas Sarkozy, a-t-il reconnu. Mais "Jean-François Copé n'a pas été mis au courant de cette dérive du volume de dépenses." Fidèle, jusqu'au bout.

 

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