La gueule de bois après des élections européennes, c'est une tradition

Avant le scrutin de dimanche, qui a vu le FN enregistrer une victoire historique en devançant l'UMP et le PS, les européennes ont souvent donné lieu à des réveils douloureux, les partis payant leurs divisions internes ou se découvrant doublés sur leur gauche ou leur droite par des concurrents qu'ils avaient sous-estimés.
Avant le scrutin de dimanche, qui a vu le FN enregistrer une victoire historique en devançant l'UMP et le PS, les européennes ont souvent donné lieu à des réveils douloureux, les partis payant leurs divisions internes ou se découvrant doublés sur leur gauche ou leur droite par des concurrents qu'ils avaient sous-estimés. © SIPA
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avec AFP , modifié à
RÉTRO - Depuis 1979, certains partis boivent la tasse et se réveillent le lundi avec un gros mal de tête.

Le 26 mai 2014, le PS se réveille troisième parti de France, avec 14% des voix obtenues aux européennes. L'UMP, qui était jusqu'alors le premier parti de droite et d'opposition, ainsi que la première force des municipales, a été distancée par le FN. Mais le scrutin de dimanche n'est pas une exception. Aux européennes, à chaque scrutin, certains partis boivent la tasse et se réveillent le lundi avec la gueule de bois.

En 1979, Chirac doublé par le "parti de l'étranger"

Cette année-là, Jacques Chirac paie le prix du fameux "appel de Cochin", lors duquel il a dénoncé le "parti de l'étranger". Il désignait là l'UDF, tout juste créé par Valéry Giscard d'Estaing et dont les positions européennes ne peuvent conduire qu'à "l'inféodation de la France", selon les termes de l'ancien président. Et c'est une femme, Simone Veil, précisément choisie par VGE pour conduire la liste UDF, qui lui dame le pion en réalisant le plus beau score (27,6%) des élections européennes, bien loin devant Chirac et ses 16,31%.

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En 1984, la gauche paie la rigueur

La claque est cette fois pour la gauche, qui paie au prix fort - un recul de 12 points - le tournant de la rigueur de 1983, au bénéfice de la liste commune RPR-UDF et du FN. La liste PS, conduite par Lionel Jospin, ne recueille que 20,7% des suffrages. La défaite est cinglante pour le PCF, qui divise son score par deux (11,21% soit 10 eurodéputés) et se retrouve talonné par le Front national (10,95%) qui envoie à Strasbourg autant d'eurodéputés que le parti de Georges Marchais.

En 1989, Simone Veil déchante

Le PS emmené par Laurent Fabius enregistre encore un mauvais score (23,6%), un an après la réélection de François Mitterrand. La liste du PCF conduite par Philippe Herzog n'a pas enrayé sa chute et passe sous la barre des 10% (7,72%). A droite, c'est au tour de Simone Veil de jouer les dissidentes... et de le payer. Sa liste commune avec le centriste Jean-Louis Borloo ne lui rapporte que 8,43% des voix, tandis que l'UDF et le RPR, unis derrière Giscard, arrivent en tête (28,9%). Même les écologistes d'Antoine Waechter et le Front national sont passés devant Simone Veil.

En 1994, Rocard "abattu" par le "missile" Tapie

Michel Rocard, aux commandes du PS après la bérézina des législatives un an plus tôt, réalise le plus mauvais score des socialistes dans l'histoire des élections européennes (14,5%). "Abattu en plein vol par un missile nommé Bernard Tapie" (MRG, 12,3%), commentera-t-il, lui-même. Michel Rocard devra alors renoncer à ses ambitions présidentielles. Bien qu'en tête, la liste RPR-UDF conduite par Dominique Baudis (25,6%) doit composer avec la percée du souverainiste Philippe de Villiers (12,3%). Les écologistes paient chèrement leurs divisions: avec seulement 2,94% des voix, les Verts, emmenés par Marie-Anne Isler-Béguin, perdent leur représentation à Strasbourg.

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En 1999, Sarkozy derrière les souverainistes

Philippe Séguin, en désaccord avec Jacques Chirac, quitte la tête de la liste, reprise par Nicolas Sarkozy, qui tente de sauver les meubles. Mais avec 12,8% des voix, il arrive derrière la liste souverainiste menée par Charles Pasqua et Philippe de Villiers (13,1%). Le FN paie le prix de la scission des mégretistes avec un score divisé par deux (5,70%): il se fait même doubler par la liste Chasse, Pêche, Nature et Traditions (CPNT) de Jean Saint-Josse (6,78%), soit le même score que le PCF.

En 2004, la gauche radicale dégringole

La percée socialiste (28,9%) se fait au détriment des Verts (7,41%) et surtout du PCF qui, avec 5,25% des voix, tombe de six à deux eurodéputés, et de l'extrême gauche qui perd tous ses élus. A droite, la liste UMP ne réalise que 16,6%, seulement quatre points de plus que la liste UDF conduite par François Bayrou qui clame son indépendance. Le FN rend au CPNT - qui perd ses 6 élus - la monnaie de sa pièce.

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En 2009, le PS encaisse le boulet vert

Tout occupé à s'écharper après le congrès de Reims, le PS n'a pas vu venir le boulet vert: avec seulement 16,48% des voix, le parti à la rose se voit quasiment à égalité avec Europe Ecologie-Les Verts (16,28%) et son vibrionnant Daniel Cohn-Bendit. Avec 6,34% des voix, le FN paie une nouvelle fois ses divisions, après la suspension des eurodéputés sortants Carl Lang et Jean-Claude Martinez.

 

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